Droit d’auteur :
Un exemple de violation du droit moral
Le litige a duré 15 ans

L’auteur avait immédiatement dénoncé publiquement la publication du faux Cassé, le « Cassé Typo », le 10 novembre 1990. La légende sous la photo dit: «Jacques Renaud à l’époque du Cassé». En réalité, la photo date de 1986 et Le Cassé a été publié en novembre 1964. Cette illustration reproduit l’article au complet.
En fait, le litige a duré plus de 15 ans. Et l’article qui suit est loin de tout couvrir. A-t-on voulu détruire la carrière de l’auteur ? Possible.
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La toile de fond de l’article qui suit : un litige sur la violation du droit moral qui a duré plus de 15 ans, de 1989 à 2005, dont on a très peu parlé, et qui a été déterminant dans le destin de l’auteur. L’oeuvre dont il est question ici est Le Cassé de Jacques Renaud.
Le procès a également généré une jurisprudence qui semble affaiblir la Loi sur le droit d’auteur.
D’autres documents existant pourraient s’ajouter éventuellement à cet article. Cet article n’est pas d’abord centré sur le procès lui-même et sur la dimension juridique, même si le procès, en 2005, s’est conclu en faveur de l’auteur, mais pas sur la base de la loi canadienne sur le droit d’auteur : sur la base du comportement de l’éditeur à l’endroit de l’auteur. Mon procureur avait basé toute sa plaidoirie sur la loi sur le droit d’auteur. Le juge n’en a jamais tenu compte.
Le Cassé : c’est un fait qu’il y en a un vrai, un faussé, et un faux. Qui se succèdent dans le temps. Ce n’est ni une fantaisie, ni une invention. L’article porte essentiellement là-dessus. Il est essentiellement destiné au lecteur qui souhaite s’y retrouver.
L’article éclaire aussi les raisons pour lesquelles Le Cassé de Jacques Renaud s’est retrouvé sur ce blog, dans sa véritable version originale, telle que publiée pour la première fois en 1964.
L’auteur a pris la décision, il y a quelques années, de ne plus faire affaire avec des éditeurs. Pour un temps indéfini. Et d’offrir l’oeuvre originale au public, tout en ne cédant rien de sa propriété complète sur le copyright, ni rien de son droit moral sur l’oeuvre.
L’article qui suit aide à comprendre pourquoi l’auteur a pris cette décision, même si l’article est loin d’épuiser toute l’histoire : on y apportera vraisemblablement des corrections et des compléments éventuellement.
Je note que le tampon électronique de la rédaction de cet article sur WordPress, article marqué privé, est le 8 mars 2011, 12h45. Environ 21 ans après le début de toute l’affaire en 1989. On pourrait même remonter à 1976. Une mèche. Je n’ai jamais cliqué sur le bouton public. On est maintenant en février 2013, soit environ 24 ans après le début de toute l’affaire en 1989… Je vais probablement bientôt cliquer sur le bouton public. On dit ça : on est maintenant en décembre 2013, Noël approche, à toutes fins pratiques on est en 2014, et on a toujours pas cliqué sur le bouton public. On hésite toujours à rendre public un trauma dont on a été l’objet. On hésite toujours. C’est le moins qu’on puisse dire. Il n’y a rien de glorieux dans le fait d’admettre qu’on s’est «fait avoir». Certains comprendront. (Si vous lisez cet article, c’est qu’on a finalement cliqué sur le bouton public.. Finalement, on l’a fait le 20 décembre 2013, et on a changé la date, évidemment, au 20 décembre 2013; le tampon de diffusion privé ou private, marquait la date de diffusion privé, celle du 8 mars 2011.)

Poverty – Tableau de l’artiste américain Bear (Kwame Monroe), décédé en 1984. Don de Carroll Janis et Conrad Janis au Brooklyn Museum. © Brooklyn Museum.
Précisons, notamment pour ceux qui sont familiers avec le milieu littéraire et l’édition québécoise, que lorsque je parle, ici, de «l’éditeur», je ne parle pas de Laurent Girouard, de Pierre Maheu, ou de Gérald Godin. Ils n’ont rien à voir dans tout ça, sauf, peut-être, indirectement, Gérald Godin. Je parle de deux autres personnes, notamment l’une d’entre elles, que je n’ai pas envie de nommer, mais qu’on peut identifier avec un peu de recherche, si le coeur vous en dit.
Précisons aussi que peu après le début du litige, en 1989-1990, un litige qui dura 15 ans, je réalisai que l’éditeur de la maison L’Hexagone-Parti Pris (“fusionnées”), dont faisait partie la collection Typo, préparait depuis longtemps la vente de cette maison (c’est-à-dire, essentiellement, les droits et les copyrights des auteurs de cette maison) à Ville-Marie Littérature (qui fait partie d’un groupe dont Pierre Lespérance était propriétaire) et que le litige, au moment où il survenait, suspendait, en quelque sorte, la vente de L’Hexagone-Parti Pris — et ce, jusqu’à la résolution du litige. Alain Horic, Gérald Godin, France Théorêt et Gaston Miron devaient être les quatre bénéficiaires de la vente de L’Hexagone-Parti Pris et des droits des auteurs, les quatre noms étant ceux figurant dans l’acte de vente.
Je comprends qu’aujourd’hui, L’Hexagone-Parti Pris appartient à Ville-Marie Littérature.
Si, après avoir lu cet article, on comprend encore mal pourquoi l’auteur a fait le choix qu’il a fait, — éviter les éditeurs — ce que la blogosphère, Dieu merci, lui permet de faire — alors… Alors, faut relire attentivement l’article en tentant de marcher, comme on dit, dans les mocassins d’un autre : tout le monde a suffisamment d’imagination pour le faire, tenter l’aventure, et atteindre un certain point d’empathie.
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Mentionnons, d’emblée, que Le Cassé est une oeuvre considérée comme un classique de la littérature québécoise au même titre, par exemple, que Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy, ou que L’Hiver de Force de Réjean Ducharme (Jr dit qu’il y est pour rien, mais faut pas charrier, y a quand même écrit l’texte!) :
« La postérité ne pourra oublier ce livre vengeur qui, avec Bonheur d’Occasion [de Gabrielle Roy] et L’Hiver de Force [de Réjean Ducharme], forme une trilogie “dépareillée”. » (Lise Gauvin, professeur émérite, Littératures de langue française, Université de Montréal; Le Devoir, 18 mars 1978.)
Ahant d’poursuivre, ouèci une copeule d’aut’ “on-a-dit-de” :
« Un des premiers textes de la modernité littéraire québécoise… » (Réginald Martel, La Presse, 1983.) « Un mélange curieux de Dickens et de Céline… » (Clément Lockwell, historien; Le Soleil, 26 décembre 1964.) « Il n’existe aucun document sociologique sur la condition du paria canadien-français qui arrive à la cheville du roman de M. Jacques Renaud. Le Cassé est plus qu’un cri: c’est un rugissement. » (Jean Éthier-Blais, Le Devoir, 1964.) « Ce livre est le chant ultime de la dépossession. » (Jean Éthier-Blais, Une nouvelle littérature; Études Françaises, 1965.) « Le Cassé demeure la plus grande réussite romanesque écrite en joual. » (Pierre-Louis Vaillancourt, Simon Fraser University, années 1980s.)
La liste pourrait s’allonger.
On peut voir que Le Cassé n’est pas un «classique» uniquement en vertu du fait qu’il a brutalement innové par l’utilisation du «joual» — même s’il l’est aussi à ce titre et qu’il devance de plusieurs années des auteurs comme, par exemple, Michel Tremblay. Le Cassé est un classique, essentiellement, par l’expression marquante et incontournable d’un pan noir de la psyché montréalaise, québécoise, canadienne-française – ou, tout simplement, humaine.
Voilà pour les fragments d’arguments d’autorité. Si je les ai cités, c’est pour mettre en lumière, entre autres, a) la bigoterie culturelle : combien l’éditeur, en dépit de ses prétentions, se balançait royalement de l’histoire littéraire du Québec, ce qu’on appelle en anglais «heritage» ; b) et combien, au Québec en général, on semble également s’en balancer, en dépit de prétentions contraires.
Bref, au fil de ces années de litige, j’ai appris et j’ai réalisé beaucoup de choses … Et de ce point de vue-là, si j’ai une parole à adresser au “mauvais sort” (pas aux protagonistes), c’est : merci (comprenne qui pourra).
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Mais revenons au but de cet article.
Ce qui suit permet d’identifier facilement trois choses très différentes qui, depuis plus de 35 ans, mais de manière encore plus poussée depuis plus de 21 ans, se sont présentées au public comme la même chose mais qui sont, en réalité, radicalement pas la même chose.
Il s’agit de la différence entre :
l’oeuvre originale Le Cassé (#1, 1964) et Le Cassé faussé (#2, 1976-1977), mais par-dessus tout de la différence radicale entre Le Cassé original (#1, 1964) et le faux Cassé (#3, 1990).
Dans cet article, on a numéroté les trois livres ainsi: #1, #2, #3, pour faciliter l’identification et la lecture de l’article: les trois publications portent non seulement le même titre, mais aussi le même nom d’auteur, et ont été diffusées simultanément sans cligner et, à toutes fins pratiques, toujours chez le même éditeur (ces trois publications circulent encore de diverses manières); et quand, tardivement, un autre éditeur a pris la relève de l’ancien après avoir acquis la maison, la même charade s’est poursuivie. Sans cligner, toujours. Et en dépit de mon opposition.
La seule manière de s’y retrouver était évidemment, ici, de numéroter les trois oeuvres. Ça fait drôle (si on peut dire), mais nécessité oblige …

#1 – Le Cassé: ce livre contient l’oeuvre originale. Ce texte original a été le seul en circulation entre novembre 1964 et 1976. Le livre est carré.
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#1 : L’oeuvre originale Le Cassé (1964). Le livre dont la couverture brune est reproduite dans cet article contient l’oeuvre originale. Ce texte a été la seule «version» en circulation entre 1964 et 1976. Ce texte a été le seul autorisé par l’auteur dès le départ, le seul authentique. C’est ce texte (#1) qui est diffusé sur ce blog.
Cette couverture brune reproduite sur ce blog est identique à celle du premier tirage de 1964. Ce pourrait être une ré-impression, ce qui ne change rien, évidemment, au fait que c’est l’oeuvre originale, la vraie, celle de 1964. En tout cas, la couverture est identique à celle de la première impression. Si vous en trouvez un exemplaire chez un bouquiniste, c’est la version originale. On en trouve encore parfois. Rare. Le livre est carré. On peut le trouver peut-être encore en bibliothèque.
#2 : Le Cassé faussé (1976-1977). C’est la couverture blanche, reproduite dans cet article, avec l’indication “#2” en début de légende. Cette publication réalisée sans jamais consulter l’auteur date de 1976-1977. Ce Cassé faussé (#2) a été maintes fois réimprimé entre 1977 et la fin des années 1980s environ. On y revient plus bas. On s’en sert encore dans les institutions d’enseignement si j’en juge par les nos isbn qui accompagnent les rapports…
#3 : Le faux Cassé (1990). Publié dans la collection Typo des éditions de l’Hexagone en 1990 (couverture bleutée avec “Typo” indiqué dessus). À cette époque, L’Hexagone et Parti Pris opéraient sous une même direction. Faussement intitulé «Le Cassé»: ce n’est pas Le Cassé (#1), ce n’est pas l’édition originale. Le faux Cassé (#3, Typo), était une oeuvre en progrès, un projet de ré-écriture intégrale du Cassé original (#1) sur lequel l’auteur travaillait depuis quelques années, qui était loin d’être terminé (il ne l’est toujours pas, le processus a été avorté de force en 1989-1990, sciemment, par l’éditeur qui l’a publié sans tenir aucun compte de l’opposition écrite et réitérée de l’auteur); l’oeuvre devait porter éventuellement un autre titre, toutes choses que l’éditeur savait très bien. On y trouve, par exemple, un personnage central, Moc, qui n’existe tout simplement pas dans Le Cassé (#1), le vrai. C’est un exemple. On y trouve 62% plus de mots que dans le vrai Cassé (#1)! Ça donne une idée quantifiée de la différence entre les deux oeuvres. Voir quelques illustrations plus bas: tout ce qui apparait souligné en rouge dans ce faux Cassé (#3) n’existe pas dans la version originale (#1). Les illustrations jpg du faux Cassé, plus bas, ne montrent que la pointe de l’iceberg. On y revient plus loin. On s’en sert encore aussi, comme du Cassé faussé (#2), dans les institutions d’enseignement si j’en juge, encore une fois, par les nos isbn qui accompagnent les rapports de reprographie …

#3 – « Le Cassé » Typo, le faux Cassé publié sans autorisation en 1990. Une invraisemblable aberration dans l’histoire de l’édition. Diffusée jusqu’en 2005 environ: 62% plus de mots que Le Cassé … Ce n’est pas Le Cassé …
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À propos des illustrations jpg reproduisant quelques pages de cette invraisemblable édition Typo, la #3 (le faux Cassé): ce qui est souligné en rouge (en rouge, c’est ce qui n’existe pas dans la version originale), c’est comme ça du début à la page 168 de l’édition Typo, et de manière submergeante, de la page 23 à la page 168.
Encore une fois, il s’agissait d’une oeuvre en progrès qui devait porter éventuellement un autre titre – ce que l’éditeur savait.
L’auteur en avait présenté une copie manuscrite à l’éditeur parce que ce dernier avait manifesté de la curiosité à ce sujet, et l’éditeur s’en était fait une copie à l’insu de l’auteur, ce qu’il a admis publiquement. Cette publication d’une oeuvre en progrès (une réécriture du Cassé, un travail à long terme toujours en chantier — en fait, avorté par la publication et par 15 ans de litige) n’avait évidemment jamais été autorisée et l’auteur, encore une fois, en avait formellement dénoncé la publication en novembre 1990: Le Faux Cassé, Jacques Renaud, Le Devoir, 10 novembre 1990, l’article complet, document pdf.
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On peut aussi (et surtout!) reconnaître le texte de l’ensemble original (#1) en vérifiant ce qui suit: Le Cassé, le vrai, l’oeuvre originale (#1) publiée en novembre 1964, comprend – et a toujours compris – les sept textes suivants, pas un de plus, pas un de moins, et c’est un ensemble organique:
1 – Une manière d’introduction; 2 – Le Cassé (qui donne son titre au livre, c’est une novella comprenant 12 chapitres); 3 – And on Earth, Peace; 4 – Dialogues des serveuses (où on retrouve quatre courts dialogues en succession: Dialogues des serveuses; Dialogue des gerçures; Dialogue de la serveuse et du client souffrant d’un mal de tête; Dialogue de l’intellectuel nationaliste et de la serveuse); 5 – Le clou; 6 – Un coup mort tu t’en sacres; 7 – La rencontre.
Plus ou moins ça, ce n’est pas le texte original, ce n’est pas Le Cassé tel que publié en novembre 1964 (#1), ce n’est pas le texte fidèle au manuscrit original confié après coup, dans les années soixantes, par les soins de Réginald Hamel, aux archives de l’Université de Montréal, au Québec, où il peut vraisemblablement être consulté.

Le «Cassé Typo» (#3), le faux Cassé ; tout ce qui est souligné en rouge ne fait pas partie de l’oeuvre originale. C’est ainsi, page après page…
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On poursuit la description des trois oeuvres plus bas, mais on va essayer de donner quelques éléments de contexte avant de poursuivre.
Ce qu’ont pu être les motivations de l’éditeur en publiant le faux Cassé (#3), c’est-à-dire en publiant une oeuvre en progrès, et ce, des années avant terme, c’est-à-dire en la faisant avorter de force, n’est qu’effleuré dans l’article que vous lisez, ce n’est pas son objet central, — l’objet de cet article est essentiellement d’informer le lecteur qui serait intéressé par l’oeuvre –, mais il est difficile de ne pas tenter de s’y arrêter un moment. L’éditeur, chose certaine, avait agi en toute connaissance de cause – et de conséquences.
Rappelons que les éditions de l’Hexagone, fondées par le poète québécois Gaston Miron autour de 1953, étaient dirigées, à l’époque concernée ici en ce qui a trait au faux Cassé (Typo, #3), par un grand ami, un ami fidèle et de longue date, de Gaston Miron. L’Hexagone, qui avait “avalé” Parti Pris dans des circonstances qui n’ont jamais été éclaircies (lors d’un procès en 2005, le représentant de L’Hexagone-Parti Pris avait été incapable de produire une preuve de propriété en bonne et due forme) était toujours sous l’influence dominante de ce dernier (le fondateur de l ‘Hexagone, Gaston Miron).
Gaston Miron, décédé en décembre 1996, était un poète et un militant souverainiste prestigieux, mais surtout, ici, un militant acharné de l’unilinguisme français au Québec et une sorte de “power broker” très influent dans le milieu littéraire (et très prestigieux dans les milieux nationalistes). Jacques Renaud avait, en 1988, plusieurs mois avant que l’éditeur ne procède à la publication du faux Cassé (#3), dénoncé publiquement, fortement, de manière répétée, le recours au pouvoir dérogatoire canadien et québécois dans les lois linguistiques du Québec. Aux yeux de Gaston Miron et de son entourage, et aux yeux de la mouvance souverainiste en général (en passant, Jacques Renaud n’a jamais été “fédéraliste”, pour parler court), une telle prise de position de la part d’un individu (l’auteur, Jacques Renaud) considéré depuis toujours comme souverainiste, était, littéralement, anathème.
Il est frappant de constater que le litige sur le faux Cassé (#3) commence en 1989, peu de temps après la dénonciation publique par l’auteur du pouvoir dérogatoire appliqué aux lois linguistiques, et que le manuscrit de l’oeuvre en progrès, non-autorisé, sera publié dès 1990 dans la collection Typo des éditions de l’Hexagone, au mépris de l’opposition de l’auteur. Ça ressemble beaucoup à de la répression.
Jr avait aussi participé activement, en 1988, à des assemblées publiques du Parti Égalité, essentiellement un parti anglo-montréalais – se mettant à dos les nationalistes québécois, pratiquement tous franco-unilinguistes (qu’ils soient souverainistes ou fédéralistes).
Il s’était aussi mis à dos, en tant qu’auteur, et plus que vraisemblablement, une bonne partie de cette puissante cabale canadienne et québécoise, surtout «fédéraliste» mais pas exclusivement, et de loin, qui a contribué à introduire, officiellement depuis 1960 au Canada (en 1975 au Québec), le pouvoir dérogatoire dans des documents fondamentaux partout au Canada, notamment dans la Constitution canadienne en 1982 . Québec, sous le régime nationaliste et fédéraliste de Robert Bourassa, avait introduit le pouvoir dérogatoire, l’article 52, dans la Charte des droits québécoise au moment de sa création en 1975, sept ans avant que Pierre trudeau ne le fasse à son tour en 1982 lors du rapatriement de la Constitution canadienne.
Ça fait beaucoup de monde puissant à se mettre à dos d’un seul coup. Ce que l’auteur ne réalisait pas vraiment à l’époque, c’est qu’il s’attaquait à beaucoup, beaucoup de monde, entre autres à des pouvoirs et à des éminences grises qui travaillent très fort depuis, au moins, l’après-guerre, au “rapatriement” au Canada de la Loi d’Habilitation nazie de mars 1933, considérée par les historiens (Bullock, Shirer, etc.) comme la pierre angulaire du régime hitlérien. L’influence de cette “cabale” est toujours clairement perceptible en 2011.
Pour ceux et celles qui pensent – sur ce sujet du pouvoir dérogatoire – que nous “exagérons”, que nous “errons”, que nous y donnons trop d’importance dans le contexte, voici un extrait d’un article diffusé sur ce blog et que je vous invite à aller lire :
« Le pouvoir dérogatoire canadien est constitutionnalisé depuis 1982 mais, en fait, ce principe totalitaire du pouvoir dérogatoire a été systématiquement introduit au Canada, dans la plupart des codes de droits, depuis une cinquantaine d’années. Ce qui signifie que l’intention et la planification existaient bien avant l’introduction ou l’adoption de ce pouvoir dans les codes de «droits», c’est-à-dire bien avant 1960.
« D’abord dans la Déclaration canadienne des droits, Canadian Bill of Rights (1960; lire l’article 2) ; puis dans le Ontario Human Rights Code (1962; read article 47) – Code des droits de la personne de l’Ontario (1962; lire l’article 47) ; dans le Alberta Bill of Rights (bill introduit en 1972, lire l’article 2 ; ici, dans le Alberta Human Rights Act , c’est l’article 1(1), tel qu’en vigueur en 2010 et tel que diffusé par le gouvernement albertain en 2013 ) ; dans la Charte des droits et libertés de la personne, Québec (1975; lire l’article 52) , Charter of Human Rights and Freedoms, Québec (1975; read article 52) ; dans The Saskatchewan Human Rights Code (1979; lire l’article 44) ; dans la Charte des droits et libertés du Canada (1982; lire l’article 33 en allant à la page 48) (English text : Canadian Constitution Act, 1867-1982 (1982; go to page 47, read article 33) ) ; dans le Manitoba Human Rights Code, English et français (1987; lire l’article 58) ; dans le Yukon Human Rights Act, Loi sur les droits de la personne (1987 ; lire l’article 39) ; etc. ..
« À retenir: quinze ans seulement s’écoulent entre la fin du régime nazi en 1945 et la première apparition du pouvoir dérogatoire à l’hitlérienne, en 1960, dans la Déclaration canadienne des droits (Canadian Bill of Rights) …
« Il va de soi « que c’est bien avant 1960 que le projet d’introduire le pouvoir dérogatoire au Canada a été conçu, ce qui nous rapproche encore plus de 1945 – en fait, et très vraisemblablement, les racines du “projet” dateraient d’avant 1945 : il y avait des mouvements facistes au Canada dans les années 1930s, avant le début de la deuxième guerre mondiale.
« Par ailleurs, on peut aussi penser à une sorte de «transmission de pouvoir» vers la fin de la guerre, tout autant qu’à une sorte de «maintien de pouvoir» dans les coulisses, suivi d’une «consolidation de pouvoir», ou d’une «volonté de consolidation de pouvoir» puisque le pouvoir dérogatoire est maintenant constitutionnalisé (1982), donc plus solidement implanté que jamais, presque inamovible – à moins d’un amendement constitutionnel effectué par les pouvoirs politiques eux-mêmes … »
Autant dire que de s’attaquer à ça, ça pardonne pas. C’est ce que Jacques Renaud, écrivain, a fait, entre autres, en 1988 – mais sans en mesurer toutes les conséquences.
Je sais que certains diront que le sujet du pouvoir dérogatoire n’a rien à voir avec ce que vous lisez, et surtout pas avec la littérature, que c’est «de la politique», etc. Je l’ai souvent entendu. Faut-il rappeler, à ceux et celles qui disent ces choses, qu’ils font de la politique chaque fois qu’ils prennent un café en payant la taxe et en acceptant aveuglément de la payer, qu’une littérature vivante ne peut exister sans la liberté d’expression, et que le pouvoir dérogatoire de l’État au Canada peut écraser n’importe quand cette liberté d’expression simplement en le mentionnant dans une loi. Au fond, que semblent nous dire les littéraires, les auteurs, les «créateurs», les critiques, qui disent que ce sujet ne les concerne pas? Ce qu’ils semblent nous dire, étonnamment, c’est que si la liberté d’expression était étouffée, ça ne changerait rien pour eux – en fait, c’est comme s’ils étaient en train de nous dire que déjà ils ne créent pas, n’écrivent pas, ne chantent pas librement. Étonnant. Se pourrait-il que, très profondément, et d’une manière qui pourrait en étonner plus d’un, un tel aveu implicite soit vrai pour un grand nombre de «créateurs», y compris parmi les plus prestigieux?
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Depuis 1964, le nom de Jacques Renaud avait toujours été associé au souverainisme québécois.
[ Note : Ce serait trop long, ici, mais il y aurait beaucoup à dire sur l’évolution de la pensée de Jr sur toute cette question, à partir de l’époque (années 1962, 1963) où il publiait des articles avec Pierre Bourgault dans L’Indépendance, en passant par le rejet de Pierre Bourgault par René Lévesque et la transformation du mouvement indépendantiste en “souverainisme associatif”, ce qui aboutit à cette sorte de chose informe qu’est aujourd’hui le Parti Québécois et à la trahison cynique et tranquille de l’idée d’un véritable Québec Libre. C’est à la faveur de maints événements du genre, qui font réfléchir, que l’imposition de l’unilinguisme français exclusif au Québec est apparu de plus en plus sous un jour différent aux yeux de Jr. ]
Le souverainisme québécois s’est confondu très tôt, au Québec, avec la volonté d’imposer partout l’unilinguisme français, ce qui, aux yeux de l’auteur, dans les années 1980s, n’aurait pas dû être. L’auteur parlait de «lingualisme», un néologisme (le «lingualisme» existe tout autant, et très fortement, au Canada anglais, cette fois pour l’anglais). Les tenants du mouvement unilinguiste, une mouvance très puissante dans le milieu littéraire, masse-médiatique, et culturel, au Québec, aurait graduellement tenté “d’effacer” le traître dont le nom, maintenant, ne faisait plus, à leurs yeux, “honneur à la cause”? Exagéré? Considérez un instant que l’éditeur, en un sens, sabotait aussi sa propre production, et que pour ce faire, il faut avoir des motivations a-commerciales puissantes ou contraignantes…
Aussi, l’idée que seules les élites québécoises doivent connaître, ou bien connaître, la langue anglaise, est un courant puissant qui existe depuis longtemps. En voici une expression à la fois publique et pourtant peu connue de la masse des gens:
« On va répétant que le Canadien français doit apprendre l’anglais. Dans une certaine mesure, évidemment. Mais à une condition essentielle: c’est qu’un enseignement national très virulent prémunisse d’avance le Canadien français contre la tentation de trahir. Seules, les élites intellectuelles peuvent être vraiment bilingues.
« Les échanges entre les deux races de ce pays doivent se faire par la tête et non par les pieds; autrement dit, par les politiciens. Seuls, ceux qui ont une culture large et forte peuvent être de véritables bilingues. En deuxième zone, tous ceux qui sont dans le commerce doivent connaître l’anglais; mais un anglais qui n’aille pas plus loin que le bilinguisme requis par le métier. Une certaine limitation s’impose de ce côté. … Le Canadien français de la campagne n’a aucun besoin de connaître l’anglais.» – Source : Bilinguisme intégral, Arthur Laurendeau, L’Action Nationale, I, 7 Mai 1933, p. 294, 295 (article en entier, pdf)
Le “mouvement” souverainiste-associatif a besoin de prestige culturel, surtout à l’étranger. Le Canada fédéraliste a aussi ses “prestiges culturels ambulants”, comme Antonine Maillet. Au Québec, on pourrait nommer, entre autres, Gaston Miron — devenu “monument” depuis son décès, ou par exemple Michel tremblay, etc. Le mouvement a également besoin “d’effacer”, si possible, les “prestiges” — que ces prestiges jouent ce rôle consciemment ou pas — qui ont “fauté par la pensée” et qui, aux yeux du “mouvement”, “desservent” dorénavant la “cause”. Le “bras du mouvement” est plus long que le commun des mortels le soupçonne. Par exemple, il semble qu’on n’enseigne plus Le Cassé à la faculté des langues romanes de la Freie Universität de Berlin (Ouest) — alors qu’il y était enseigné depuis avant 1984, l’année où Jacques Renaud avait été le premier écrivain québécois à être invité par la faculté pour y adresser la parole devant une salle pleine qui l’avait chaleureusement accueilli. Depuis, d’autres “porte-paroles culturels corrects” sont passés par là pour expliquer qu’il vaudrait peut-être mieux que ..
La publication du faux Cassé (#3), l’oeuvre en progrès non-autorisée par l’auteur, sabotait certainement la carrière d’un auteur et d’un classique, et pouvait très certainement avoir pour but, aussi, d’atteindre psychologiquement l’auteur : ces trucs sont connus et documentés — et si vous pensez que ces pratiques n’existent pas, vous avez encore beaucoup d’eau derrière les oreilles.
Il est important de rappeler que Jacques Renaud avait été un militant indépendantiste dès le début des années soixantes. Il connaissait bien Pierre Bourgault et, avant la vingtaine, avait publié des articles dans le journal de Bourgault, L’Indépendance. Jr était perçu comme un militant indépendantiste dans le public surtout à partir de 1964 avec la publication du Cassé (#1) aux éditions Parti Pris. Ici aussi, le choc, en 1988, 1989, provoqué par les prises de position publiques anti-pouvoir dérogatoire et aussi anti-unilinguistes de Jacques Renaud, a été grand pour plusieurs. Ce que le public ignorait, c’est que Jacques Renaud avait graduellement considéré, au cours des années, au début dans des conversations privées, le mouvement «souverainiste» québécois à la René Lévesque (et la fameuse «souveraineté-association». ou encore «l’étapisme» de Claude Morin, célèbre taupe de la Grc demeurée un grand ami de René Lévesque, même “après” que Lévesque “l’ait appris”) comme du réformisme fédéraliste attiédi, et plus tard, comme un détournement conscient du mouvement indépendantiste québécois.
Voici un extrait d’un article publié sur ce blog en avril 2010 par Loup et dont l’essentiel est ce que Jr a, au fond, toujours pensé à propos de la poussée unilinguiste de 1988 et, surtout, du pouvoir dérogatoire appliqué aux lois linguistiques au Québec :
[début de l’extrait]
« Rappelons que c’est le recours au pouvoir de la clause dérogatoire, un pouvoir qui un jour pourrait ironiquement faire taire de force ses tenants mêmes, que réclamaient en 1988, avec une inquiétante insistance, quantité d’écrivains québécois prestigieux, d’artistes, de chanteurs, de syndicalistes, de professeurs, de politologues, afin de réduire l’utilisation de la langue anglaise dans l’affichage commercial au Québec. Le pouvoir dérogatoire fut utilisé. Par le gouvernement Bourassa qui, justement, en 1975, avait fait adopter par l’Assemblée nationale du Québec la Charte des droits et libertés de la personne du Québec qui comprenait le pouvoir dérogatoire, l’article 52 … Ce n’est pas un hasard.
« Il s’agissait évidemment d’une utilisation «mineure» du pouvoir dérogatoire [pour imposer le français] – la langue anglaise n’est en «danger» nulle part. Mais la sensation éprouvée à observer le phénomène était celle d’une masse de gens tombant dans un piège sophistiqué, celui tendu aux nationalistes et aux souverainistes québécois par un gouvernement québécois fédéraliste et nationaliste qui profitait de l’occasion pour familiariser la population, et ses élites, avec le vieux pouvoir hitlérien rapatrié en en donnant la passion et le goût, et en faisant croire à sa nécessité vitale; l’appât fut irrésistible … Chose certaine, la population, toutes strates et tendances confondues, semblait ignorer complètement la nature réelle, totalitaire, invraisemblablement démesurée, du pouvoir invoqué. Beaucoup l’ignorent encore et continuent à savourer l’appât et à «apprécier ses vertus», sans vraiment savoir ce qu’elles sont en réalité (on croit encore que la «clause nonobstant» existe «pour protéger la langue française»), et sans sentir, des décennies plus tard, le croc de l’hameçon planté dans les gencives et son embout de métal crisser entre les molaires …
« [Par ailleurs], piégée d’un bord, d’un autre, la société franco-québécoise, comme toutes les sociétés conquises (et comme la plupart des communautés francophones à travers le Canada), est une société linguistiquement arnaquée depuis longtemps et qu’on a tout fait pour assimiler et faire disparaître linguistiquement. La promotion du français est entièrement légitime. Les jugements de la Cour suprême du Canada sur ces questions sont invraisemblables. La langue anglaise ne court aucun danger, surtout en Amérique du Nord. Mais tout se passe comme si la Cour Suprême du Canada peinturait toujours les Québécois dans un coin pour les forcer à utiliser un pouvoir odieux … qu’une certaine élite québécoise (des camps fédéraliste et souverainiste) s’empresse d’entériner; on notera aussi que ça fait des décennies que l’expression «Québec libre» est exclue de l’espace public, politique, masse-médiatique, voire privé, et ce phénomène, comme certains autres, n’est certainement pas sans liens avec ce qui précède.
« Quel est l’agenda? Qui mène vraiment le bal, et où le bal ainsi mené nous mène-t-il?
« Quoi qu’il en soit, les Québécois, pas plus que les Canadiens, ne sont à l’abri de la pénétration proto-totalitaire – même si les deux populations ont tendance à le croire ou à se le faire croire. »
[fin de l’extrait]
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On a donc publié et persisté à diffuser ce livre, le faux Cassé (#3), pendant quinze ans (1990-2005) contre la volonté de l’auteur (violation du droit moral), avec le titre «Le Cassé» et le nom de l’auteur «Jacques Renaud». Ce n’était pas Le Cassé (#1), ce n’était pas la version de l’édition originale (#1). C’était, on l’a dit, une oeuvre en progrès qui devait éventuellement s’intituler «L’Enfant dans le miroir», ou encore «Le Cassé II, ou L’Enfant dans le miroir», ce que l’éditeur savait pertinemment.
En publiant cette oeuvre en progrès (#3) sous un faux titre («Le Cassé»), l’éditeur sabotait l’oeuvre originale, Le Cassé (#1), en recourant au chaos et en créant une confusion inhibante, déstabilisante, indépatouillable, psychologiquement déprimante, dévastatrice, stérilisante. Encore une fois, l’éditeur le savait très bien. Un long litige. Aux conséquences psychologiques et pratiques considérables.
Il a fallu «remonter une côte psychologique». Et c’est par une sorte de miracle de la psyché, étalé sur plusieurs années et qui persiste, que l’auteur s’en est tiré.
Au-delà du présent article, il existe des mystères de la vie que vous ne trouverez ni à l’école, ni à l’université, ni dans les livres, ni chez les grenouilles de bordels ou de bénitiers – laïques, athées, idéologiques, religieuses, ou pas. Ces mystères, vous ne les trouverez même pas. C’est eux qui se révéleront d’eux-mêmes à vous si seulement vous les laissez poindre en vous. Comment les reconnaître? Ils sont irrésistiblement sweet et tranquilles et sourient chaudement, tout le temps.
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Reprenons plus en détails.
#1 – l’oeuvre originale Le Cassé, la vraie

#1 – Le Cassé dans l’une des nombreuses ré-impressions de l’oeuvre originale. La couverture est identique à celle de la première impression, mais je pense que ce n’est pas la première édition ni la première impression – néanmoins, c’est la version originale. Si vous en trouvez un exemplaire chez un bouquiniste, vous êtes tombé pile. Le livre est de forme carrée.
Pendant près de quinze ans, donc, entre 1990 et 2005, trois oeuvres différentes, #1, #2, et #3, ont circulé en même temps sur le marché du livre avec, sur la couverture, le même nom d’auteur, «Jacques Renaud», et le même titre, «Le Cassé», tout ça, pour la majeure partie du temps, chez le même éditeur.
Au cours de ces années (entre 1990 et 2005), deux d’entre ces trois oeuvres, #2 (le faussé), et #3 (le faux), étaient donc activement et commercialement diffusées par l’éditeur.
Une autre, la version originale #1 (le vrai), circulait plutôt dans le circuit bouquiniste, essentiellement: c’était la première édition, l’édition originale de 1964, qui avait été remplacée par le #2 (le faussé) en 1976, puis par le faux (#3), beaucoup plus tard, en 1990.
On pouvait aussi trouver chacune des trois oeuvres différentes, portant le même titre et le même nom d’auteur, dans des bibliothèques publiques – et c’est encore le cas certainement pour au moins deux d’entre elles, #2 et #3, sinon pour les trois.
Cependant, une seule de ces trois oeuvres était Le Cassé de Jacques Renaud, une seule était l’oeuvre originale, la vraie (#1) : c’était celle qu’on ne pouvait dorénavant trouver, à toutes fins pratiques ou utiles, comme on l’a vu — essentiellement à partir de 1976 — que sur le marché des bouquinistes, le marché des livres usagés (ou possiblement en bibliothèque).
Je sais, ça doit vous sembler compliqué, mais je n’y suis pour rien.
En d’autres termes, à partir de 1976, l’oeuvre originale (#1) a été en voie de disparition — et c’est ce qui importe de noter — parce que remplacée par un « Cassé faussé » (#2, 1976), puis surtout, en 1990, par la fausse version Typo (#3).
Le livre contenant le texte de l’oeuvre originale est facile à identifier rapidement, physiquement parlant, par un détail simple, on l’a vu plus haut: le livre est carré. Si c’est pas carré, c’est pas l’bon. Si c’est carré, c’est l’bon. Simple comme «bonjour». On peut évidemment identifier l’oeuvre originale d’une autre manière, ça va de soi, et j’ai indiqué comment plus haut : en… ouvrant le livre et en suivant les indications fournies dans cet article. Rreprenons-les. Le Cassé, le vrai, l’oeuvre originale publiée en novembre 1964 (#1), comprend toujours les sept textes suivants, pas un de plus, c’est un ensemble organique:
1 – Une manière d’introduction; 2 – Le Cassé (qui donne son titre au livre, c’est une novella comprenant 12 chapitres); 3 – And on Earth, Peace; 4 – Dialogues des serveuses (où on retrouve quatre courts dialogues en succession: Dialogues des serveuses; Dialogue des gerçures; Dialogue de la serveuse et du client souffrant d’un mal de tête; Dialogue de l’intellectuel nationaliste et de la serveuse); 5 – Le clou; 6 – Un coup mort tu t’en sacres; 7 – La rencontre.

Le Cassé, une ré-impression de l’édition originale de 1964. C’est l’oeuvre originale. Le livre est carré.
On peut aussi trouver, essentiellement sur le marché des bouquinistes, la même oeuvre originale, le vrai Cassé (#1), sous la forme carrée suivante (à gauche), cette fois avec le bandeau bleu. On la trouve sous cette forme, plus souvent, aujourd’hui, que sous la forme brune et carrée originale; le bouquin carré à bandeau, dont la couleur a varié, provient de l’une des très nombreuses impressions régulièrement diffusées entre 1964 et 1976. La forme est toujours carrée.
La réimpression de l’oeuvre originale dont la couverture est reproduite ici, celle ornée d’un bandeau bleu, date d’au moins 1968, mais elle peut aussi être postérieure à cette date, l’oeuvre ayant été ré-imprimée plusieurs années consécutivement sans que la date indiquée ne soit pour autant changée (ce qui, en passant, permet de fausser les rapports de ventes, et donc les montants de droits d’auteur ou de royautés dus à l’auteur … ).

#3 – Un autre exemple. Tout ce qui est souligné en rouge ne fait pas partie de l’oeuvre originale (#1). Les petits carrés représentent des mots présents dans l’édition originale mais absents de l’édition illustrée ici … C’est comme ça tout au long de l’édition non-autorisée (#3) de 1990.
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Mutatis mutandis, l’oeuvre originale (#1) (contenue dans l’édition à couverture “brune”, ou avec la bande bleue ou d’une autre couleur, mais toujours carrée), a été ré-imprimée sous l’égide des éditions Parti Pris un nombre incalculable de fois entre 1964 et 1976-1977.
Puis le «Cassé faussé» (#2) est apparu en 1976, toujours aux éditions Parti Pris, et a été réimprimé (un nombre également incalculable de fois …), et diffusé même après la publication, en 1990, du faux Cassé (#3) dans la collection Typo des Éditions de l’Hexagone.
Les deux, le Cassé faussé (#2, 1976) et le faux Cassé (#3, 1990), ont ainsi été diffusés parallèlement par le même éditeur durant des années – sans oublier le fait que le Cassé original, le vrai (#1), était lui aussi toujours en circulation, essentiellement chez les bouquinistes et en bibliothèque. Giblotte. Chaos.
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On peut dire que l’édition originale (#1) et le Cassé faussé (#2) ont été réimprimés « un nombre incalculable » de fois parce qu’on ne peut pas, justement, calculer exactement combien de fois … “Incalculable” est ici littéralement vrai (“approximativement évaluable” également, notez). Il est extrêmement difficile de retracer les ré-impressions elles-mêmes, et les tirages successifs de ces ré-impressions successives, que ce soit pour l’édition de 1964 (#1) ou pour celle de 1976 (#2, le Cassé faussé). Pour d’assez longues périodes, c’est carrément impossible — je pourrais éventuellement publier un document sur les états de compte, c’est à se tordre. Si on peut dire. Vers la fin des années 1970s, ou au début des années 1980s, l’Union des écrivains québécois (Uneq) avait d’ailleurs conduit une enquête serrée sur les pratiques des éditions Parti Pris et, à l’issue de cette enquête, avait blâmé la maison d’édition.
Ce qui est certain, c’est que l’oeuvre originale, Le Cassé (#1), s’est vendue abondamment au moment de sa parution en 1964 — c’était une sorte de phénomène — et au cours des années qui ont suivi. Puis à un rythme atténué année après année, mais toujours, chaque année. Jusqu’en 2005, le livre (d’abord sous la forme #1, puis #2, puis #3) a toujours été disponible au catalogue de l’éditeur et en librairie et il était en demande constante. Il est encore aujourd’hui à l’étude dans des institutions d’enseignement (il semble que l’on ait parfois enseigné le vrai (#1) et le faux (#3) sans, apparemment, dans certains cas, détecter l’énorme différence entre les deux textes).
Il a bien fallu qu’il s’en imprime pendant ces quarante années, mais les états de compte de l’éditeur sont soit manquants, soit pas fiables. Redisons-le, les tirages et le nombre d’exemplaires vendus sont, littéralement, «incalculables», quoique l’ordre de grandeur du nombre en question puisse être évalué de différentes manières, ce nombre variant selon la manière dont on calcule. L’auteur s’est déjà employé à le faire par curiosité dans les années 1980s, et un tel document existe, il sera peut-être diffusé. Aucune poursuite judiciaire n’a jamais été engagée là-dessus.
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Entre 1990 et 2005, les tirages sont plus transparents, et cette plus grande transparence apparait après que la maison L’Hexagone-Parti Pris soit passée en d’autres mains, c’est-à-dire après que la maison d’édition ait été vendue au groupe Sogides vers 1990 (au profit, selon l’acte de vente, de Gaston Miron, Alain Horic, Gérald Godin et France Théoret).
Donc, si vous trouvez, chez un bouquiniste, ou n’importe où ailleurs, un exemplaire de forme carrée semblable à ceux décrits plus haut, c’est l’oeuvre originale de 1964 (#1), la vraie – à moins qu’un crétin ne s’avise de pirater le faux et l’imprime sous forme carrée. Mais vous pouvez vérifier en ouvrant le livre, je vous ai donné la clé … Encore une fois :), c’est un ensemble organique qui comprend, ni plus, ni moins:
1 – Une manière d’introduction; 2 – Le Cassé (qui donne son titre au livre, c’est une novella comprenant 12 chapitres); 3 – And on Earth, Peace; 4 – Dialogues des serveuses (où on retrouve quatre courts dialogues en succession: Dialogues des serveuses; Dialogue des gerçures; Dialogue de la serveuse et du client souffrant d’un mal de tête; Dialogue de l’intellectuel nationaliste et de la serveuse); 5 – Le clou; 6 – Un coup mort tu t’en sacres; 7 – La rencontre.
Aussi, encore une fois, tout livre sur la couverture duquel on lit « Le Cassé », et « Jacques Renaud », et qui n’est pas carré, n’est pas Le Cassé: c’est soit le #2 ou le #3.
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Le #2 – Le Cassé faussé

Le Cassé de 1976-1977. Maintes fois réimprimé. Ce n’est pas la version originale, c’est un assemblage hétéroclite qui visait essentiellement à faire passer la propriété sur l’oeuvre, de la Coopérative d’éditions Parti Pris (coopérative jamais dissoute), aux éditions Parti Pris Inc.
Le « Cassé faussé » (#2) date de 1976 — ou de 1977, tout dépendant du fait de compter à partir de la date de la signature du contrat contraint de 1976 (qui n’est plus valide depuis longtemps, je vous fait grâce des documents le prouvant), ou à partir de la date d’impression déclarée : 1977.
Il faut savoir que novembre 1976, c’est l’année et le mois de l’élection du Parti Québécois qui, pour la première fois, forme le gouvernement à Québec. Le directeur des éditions Parti Pris depuis quelques années, Gérald Godin, qui avait succédé à Pierre Maheu (le directeur-fondateur de la revue et du mouvement Parti Pris), est élu député à Québec. Gérald Godin va devenir ministre. Il abandonne, formellement du moins, la direction des éditions (des documents indiquent cependant qu’il continuera à intervenir dans les affaires intérieures de la maison). Bref, la direction des éditions Parti Pris change de mains en 1976.
Et, incidemment, on le signale ici à titre de coïncidence, sans plus, Le Cassé (#1) change de forme, et l’ensemble organique de l’oeuvre est faussé par la publication du #2.
Le texte intégral et original de 1964 (#1) forme un ensemble organique, insécable, décrit plus haut à quelques reprises dans cet article. Il est profondément marqué par une période temporelle, un même climat, un même « drame » intérieur, une même misère morale et matérielle, une même recherche sur le plan du langage, une même aliénation sociale, un même « bain » archétypal, l’oeuvre forme un tout dans lequel le nom même de l’auteur s’est fondu. Le nom que l’auteur utilise à l’époque s’est soudé à l’oeuvre.
Le « Cassé faussé » (#2) de 1976-1977, si vous le trouvez, contient des nouvelles et des textes qui ne faisaient pas partie de l’oeuvre originale et qui en faussent ou en biaisent l’ensemble, l’équilibre organique, le sens. L’édition de 1976-1977 est une édition pleine de greffons qu’on présente faussement : « Nouvelle édition revue et augmentée de 4 nouvelles inédites, suivi du Journal du Cassé. » Nouvelle édition “revue”? Pas par l’auteur. “Augmentée”? Pas par l’auteur. “4 nouvelles inédites”? C’est faux, elles n’étaient pas inédites. “Journal du Cassé“? Il s’agit d’extraits pertinents de critiques et d’articles de journaux et de revues littéraires ou spécialisées, mais l’expression “Journal du Cassé” suggère qu’il pourrait s’agir d’un texte de fiction qui serait, par exemple, le journal du héros Ti-Jean, ou un journal tenu par Renaud lui-même. Évidemment, on l’a vu, il n’en est rien : il s’agit, essentiellement, d’une courte revue de presse.
Donc, des textes déjà publiés de Jacques Renaud, pigés dans des revues, certains qui pouvaient se trouver chez l’éditeur comme cela se produit parfois (c’est ce qui s’est produit en 1990 dans le cas de la publication du faux Cassé (#3) par l’éditeur), avaient été introduits sans la permission de l’auteur, faussement présentés comme des inédits, comme le prétend la couverture, ajoutés à la suite des nouvelles qui, dans l’oeuvre originale (#1), succèdent à la novella Le Cassé. La chose s’était faite au mépris du droit moral — et du copyright — sans consultation aucune, l’auteur étant placé devant le fait accompli, convoqué chez l’éditeur et sommé de signer le nouveau contrat étalé sur la table. Sinon quoi? « Sinon, pas de paiements de droits d’auteur … » La question de savoir pourquoi l’éditeur imposait un nouveau contrat, tout en suggérant qu’il n’avait plus les droits, demeure ouverte.
L’éditeur avait ajouté arbitrairement quatre nouvelles (entre autres) ultérieures au Cassé, des nouvelles complètement étrangères à l’oeuvre originale Le Cassé (#1): Le Gonoc (publiée en mars 1966 dans une revue québécoise qui n’existe plus, Le Montréaliste); La Patère (publiée dans la revue parisienne Les Lettres Nouvelles en décembre 1966); Jelly Goune (publiée dans le No 2 de la revue québécoise Quoi, printemps-été 1967); Trois Zemmes (publiée dans la revue Sexus d’août-septembre 1967). Absolument rien d’inédit, pour sûr. Au moins deux de ces nouvelles ont fait, depuis, l’objet d’une ré-écriture complète par l’auteur et sont devenues des novellas encore inédites dans leur nouvelle forme : La Patère, d’une part, et Le Gonoc qui s’intitule maintenant L’Empire.
Si vous trouvez le Cassé faussé (#2) chez un bouquiniste, ce livre ne vaut que par les documents de presse et de critiques que l’éditeur avait ajoutés à la fin du livre. Il pourrait valoir aussi en ce qu’il contient, au milieu des ajouts, les textes de l’oeuvre originale, mais dans certaines ré-impressions (toujours en nombre «incalculable» … ), peut-être dans la première impression, si ma mémoire est bonne sur ce détail, le texte parfois n’est pas fiable, il manque au moins un segment de texte; ce n’est pas toujours le cas dans toutes les réimpressions, mais ça se présente.
Le « Cassé faussé » (#2) est un assemblage hétéroclite qui avait été imposé à l’auteur après le fait.
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Le #3 – Le faux Cassé

« Le Cassé » « Typo » de 1990: 62% plus de mots que l’édition originale; on y trouve un personnage central, Moc, qui n’existe pas dans l’édition originale; etc.
Ici, ça se corse.
Publiée sans permission en 1990, cette «version Typo» contient 62% plus de mots que l’oeuvre originale, compte au moins un personnage central, un personnage féminin, Moc, qui n’existe pas dans l’oeuvre originale.
Le Cassé proprement dit (ou ce qui pouvait en tenir lieu) y compte 41 chapitres (au lieu des douzes de la version originale) … Entre autres.
On peut voir, dans cet article, des illustrations jpg du contenu du livre qui permettent de saisir d’un simple coup d’oeil ce dont je parle.
Il s’agissait d’une oeuvre en gestation et en progrès qui n’est toujours pas terminée; c’était une ré-écriture incomplète commencée informellement dans les années 1970s, qui avait pris de l’ampleur, dont l’éditeur avait sollicité le manuscrit, «par curiosité» avait-il dit, une oeuvre qu’il a «noquée down», «figée» pour longtemps en la publiant contre la volonté de l’auteur et en mettant faussement le titre Le Cassé sur la couverture. Pourtant, il ne pouvait pas se tromper. Voici ce que disait clairement le contrat d’édition que l’éditeur invoquait pour se justifier :

Clause du contrat (qui n’est évidemment pas valide aujourd’hui) invoqué par l’éditeur, à l’époque, pour justifier la publication de la « version Typo » (#3), le « faux Cassé », alors que cette clause décrivait clairement Le Cassé dans son édition originale originale (#1) de 1964, rien d’autre.
On peut lire ci-dessus la clause du contrat (contrat qui n’a aucune valeur aujourd’hui) invoqué par l’éditeur, à l’époque, pour justifier la publication de la «version Typo» (#3), ce qu’on appelle ici le «faux Cassé»; on peut voir que cette clause décrivait clairement Le Cassé dans son édition originale originale (#1) de 1964, rien d’autre. La clause se référait cependant à l’édition de 1977 (#2) — celle de 1964 (#1) pouvant être devenue difficile à trouver. En dépit des ajouts qui faussaient l’original, l’édition de 1977 (#2) contenait aussi, cependant, les composantes de l’original (#1); il fallait les nommer clairement dans la clause pour éviter toute confusion, et l’éditeur disposait évidemment de ces textes soit chez lui, soit dans ses stocks d’éditeur, le texte original pouvait aussi être trouvé en bibliothèque, etc. Il n’y avait évidemment pas de manuscrit à remettre, et l’erreur était impossible.
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Une autre illustration, juste un peu plus bas, de ce dont on parle dans cet article. Encore une fois, tout ce qui est souligé n’existe pas dans l’oeuvre originale de 1964 (#1). Les petits carrés représentent des mots qui figurent dans l’oeuvre originale (#1) mais qui ne figurent pas dans la « version Typo » (#3). Les marquages sous cette formes : «», représentent simplement des réparties ou des dialogues qui figurent dans l’oeuvre originale sans être attribuées à des personnages (une des caractéristiques formelles ou stylistiques de l’oeuvre originale), alors qu’elles sont attribuées à des personnages dans la «version Typo» (#3).

Le faux Cassé (#3) contient 62% plus de mots que la version originale (#1). C’est, comme on dit, un indice …
Observez le numéro de chapitre que nous avons choisi: 38. Dans l’oeuvre originale (#1), la novella «Le Cassé», le premier texte, celui qui donne son titre à l’ensemble de l’oeuvre, ne compte que 12 chapitres; la «version Typo» (#3), elle, en compte 41 ! Près de quatre fois plus.
Évidemment: ce n’est pas la même oeuvre. Observez aussi un nom de personnage qui revient page après page et qui n’existe pas du tout dans la version originale, pas même sous un autre nom : Moc, un personnage féminin. On peut faire d’autres observations. Encore une fois, tout ce qui est souligné en rouge n’existe pas dans la version originale de 1964 (#1).
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Au début des années 1990s, l’avocat de l’éditeur, au mépris de l’évidence criante, avait exigé de l’auteur qu’il démontre que la version Typo (#3) n’était pas la version originale de 1964 (#1) … L’auteur s’adonna donc à l’invraisemblable travail de moine, pour ne pas dire kafkaïen, qui consistait à démontrer, document à l’appui, que la couleur rouge est rouge, qu’un oiseau qui vole vole, que l’eau qui mouille mouille, ou qu’un texte qui, de toute évidence, n’en est pas un autre, n’en est pas un autre.
Après avoir complété le document en mars 1994, Jacques Renaud en fit un résumé qu’il fit circuler. Ce résumé est reproduit ci-dessous ( on peut lire le texte complet en format pdf : Le faux «Cassé». Le « Cassé Typo » et la version originale du Cassé ne sont pas la même oeuvre; document comparatif. (pdf) ) :
[début]
QUELQUES POINTS SAILLANTS DU DOCUMENT COMPARATIF
Un document comparatif détaillé d’une quarantaine de pages a été récemment complété [ mars 1994 ], à la demande de l’autre partie, [document] qui montre que «Le Cassé Typo» (qui était une oeuvre en progrès, inachevée) et Le Cassé (version originale, 1964) ne sont pas la même oeuvre.
Une annexe au document permet de démarquer les passages de la version originale de ceux de la nouvelle oeuvre (les passages de l’une comme de l’autre étaient également non-autorisés [pour publication]). La méthode du calcul des mots est exposée.
Le document souligne les différences de fond et les différences quantitatives, les deux sortes de différences étant inséparables.
Le personnage de Moc, un personnage-clé qui hante plus de la moitié de l’histoire dans le « Cassé Typo » et qui détermine le dénouement de la version en progrès publiée sans permission ( «Le Cassé Typo», toujours), apparaît aux pages 131, 132, 133, 134, 136, 137, 140, 14;1, 142, 144, 145, 146, 147, 148, 149, 150, 151, 152, 153, 154, 157, 160, 161, 162, 163, 164, 165, 166, 167, 168.
Où Moc apparaît-elle dans la version originale? Nulle part.
Peut-on dire de deux oeuvres qu’elles sont la même quand un personnage central, un personnage-clé, est totalement absent de l’une des deux?
La version originale du Cassé (en ne comptant pas ici Dialogues des serveuses et And on earth peace) compte 26 795 mots. «Le Cassé Typo» (en ne comptant pas ici non plus Dialogues des serveuses et And on earth peace), compte 43 394 mots, soit 16 599 mots de plus que la version originale. «Le Cassé Typo» est donc de 61.9% plus volumineux en texte que la version originale du Cassé. Les chapitres suivants du «Cassé Typo», à eux seuls, sont absents de la version originale dans une proportion allant de 45% à 100% des mots: chapitres 8, 10, 13, 14, 22, 25, 30, 34, 36, 37, 41.
Si l’on compare seulement les 12 chapitres de la novella ou du court roman Le Cassé, qui donne son titre au recueil original, à ce qui, dans «Le Cassé Typo», lui correspond pour fins de comparaison, on obtient 31 676 mots dans «Le Cassé Typo» et 21 481 mots dans la version originale.
Le texte comparable du «Cassé Typo» (chapitres 1 à 34) compte ainsi 10 195 mots de plus que les 12 chapitres originaux qui se trouvent ainsi augmentés de près de la moitié dans «Le Cassé Typo», soit de 47.5%! Un calcul tout aussi rigoureux basé sur un paramètre différent donne pour résultat 51.7% plus de mots, soit plus de la moitié, rien que pour cette partie de l’oeuvre.
Le personnage de Bouboule est l’amant de Moc dans «Le Cassé Typo»; cet élément est totalement absent du Cassé original. Bouboule est directement mentionné au moins 18 fois dans «Le Cassé Typo» aux pages 131, 132, 133, 137, 140, 141, 144, 149, 150, 154, 168. Bouboule est totalement absent des textes jugés comparables de la version originale. À la fin de l’oeuvre inachevée [(«Le Cassé Typo»)] publiée sans autorisation par L’Hexagone […] , Bouboule occupe une place dramatique égale en importance à celle de Ti-Jean, tout autant qu’à celle de Moc. Cette dimension dramatique est totalement absente de la version originale. Etc.
Documents de référence: Le Cassé, L’Hexagone, collection Typo, troisième trimestre 1990 [Note: «Le Cassé Typo» contient deux ISBN différents: 2-89295-043-0 et 2-89295-047-3; le cas n’est pas unique]; Le Cassé et autres nouvelles, Parti Pris, 1977; Document comparatif, Ottawa, 1994.
L’auteur a l’intention de mettre bientôt la version originale de Le Cassé à la disposition du public.
[fin]
Les circonstances et les événements n’ont fait mentir que le «bientôt». Ç’a été beaucoup plus tard. Grâce à l’internet, à la blogosphère et à WordPress.
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L’auteur avait immédiatement dénoncé publiquement la publication du faux Cassé, le « Cassé Typo », le 10 novembre 1990. La légende sous la photo dit: «Jacques Renaud à l’époque du Cassé». En réalité, la photo date de 1986 et Le Cassé a été publié en novembre 1964. Cette illustration reproduit l’article au complet qui est également reproduit en format pdf, pas très loin de cette illustration.
En d’autres termes, l’éditeur a publié un ouvrage intitulé «Le Cassé», de l’auteur «Jacques Renaud», en sachant évidemment qu’en réalité une seule de ces deux choses était vraie: l’auteur était bien «Jacques Renaud», c’est un fait, mais l’oeuvre n’était pas Le Cassé et l’auteur s’était formellement, dès le début de cette affaire grotesque, en 1989, opposé à cette publication, avec lettres enregistrées, lettres d’avocat, tout l’bataclan. Et le proverbial article publié dans le quotidien montréalais Le Devoir immédiatement après la publication: Le Faux Cassé, Jacques Renaud, Le Devoir, 10 novembre 1990, l’article complet, document pdf.
L’éditeur a passé outre. La créativité de l’auteur fige. Ou presque. Litige: 15 ans. Procès en 2005: 5 jours. Présents dans la salle: le tribunal, les avocats, les deux parties; à part ça, personne.
Issue: l’éditeur est blâmé par le juge et condamné. Mais pas sur la base de la Loi sur le droit d’auteur ou du droit moral — uniquement sur la base du code civil du Québec (les éléments contractuels). L’éditeur s’était mal conduit envers l’auteur, disait le juge. C’était le moins qu’on pouvait dire.
Malheureusement, mon procureur avait basé toute sa démarche (il avait assumé la cause pro bono et c’était évidemment une cause gagnante) sur la Loi sur le droit d’auteur (que le juge ignora complètement dans son jugement), et sur la violation du droit moral qui relève de la Loi sur le droit d’auteur. Mon procureur avait logiquement raison de le faire mais il avait tort de s’en tenir exclusivement à cette loi et de négliger la dimension contractuelle.
Mais bref. Le résultat est qu’il existe maintenant un élément de jurisprudence au Québec et au Canada où ..
.. une violation du droit moral d’un auteur peut être complètement ignorée par un juge, même si la violation du droit moral est évidente et même si le procureur du demandant base toute sa plaidoirie essentiellement sur la Loi sur le droit d’auteur …
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La représentation de ce théâtre de l’absurde, celui des trois oeuvres différentes avec même titre, même nom d’auteur, et chez le même éditeur, se déroule toujours à l’heure actuelle puisqu’on trouve ces trois oeuvres chez les bouquinistes (surtout, malheureusement, #2 et #3) – même si l’oeuvre n’est plus sur le marché officiel du livre depuis 2005, soit depuis qu’on a rétrocédé à l’auteur l’intégrale de son copyright sur toutes ses oeuvres, dont Le Cassé.
Depuis, l’auteur n’a jamais signé de contrat d’édition pour la publication de Le Cassé sous forme de livre imprimé ou autrement, en fait depuis 1986, et il a refusé de signer un contrat en 2005, après la fin du procès. Comme dirait l’autre, un m’ment donné, trop, c’est trop. Ou: chat échaudé craint l’eau froide … et l’eau chaude aussi, parce qu’il sait qu’elle existe. C’est comme ça.
Le Cassé original n’est donc plus sur le marché du livre — sauf parfois un exemplaire carré sur le marché du livre usagé, comme on a vu. Autrement, on ne trouve l’oeuvre originale que sur ce blog ou, possiblement, en bibliothèque, dans le format carré décrit plus haut.
Les droits et le copyright appartiennent maintenant indiscutablement en entier à l’auteur (le copyright s’applique évidemment aux trois textes: #1, #2, #3). L’oeuvre n’est évidemment pas dans le domaine public (ni #1, ni #2, ni #3). Mais Le Cassé #1 est disponible sur ce blog, gratis. L’auteur en interdit cependant, entre autres, toute forme d’exploitation commerciale, y compris sous forme électronique, et ne cède en rien son copyright, ce qui constitue une mesure de protection de l’oeuvre et, entre autres, du droit moral sur l’oeuvre.
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Au cours des années qui suivent la publication du faux Cassé (#3), surtout à partir de 1989 et jusqu’au milieu des années 1990s, l’auteur a envoyé des avis aux bibliothèques, aux institutions d’enseignement, aux députés, ministres et tutti quanti, un peu partout, pour mettre les gens au fait de l’invraisemblable chaos existant (exemples de communiqués envoyés, un document pdf: Communiqués explicatifs sur le faux Cassé 1992, 1994, et un résumé du document comparatif entre l’original et la «version Typo» ).
Peine perdue – mais bon apprentissage de la réalité des choses.
L’auteur n’a jamais reçu de réponse (sauf un accusé de réception d’une sénatrice canadienne et d’un sénateur canadien … ) et a pu constater qu’on continuait à enseigner le Cassé faussé (#2) et le faux Cassé (#3), la version Typo, comme si de rien n’était (les rapports de photocopie en ont témoigné année après année, il suffit de jeter un coup d’oeil aux codes ISBNs) – à croire que maint professeur (pas tous, certainement), et maint étudiant, ne s’était pas donné la peine d’ouvrir le livre et de lire le texte et de comparer avec la version originale …
On vit dans un monde d’une absurdité à faire mourir.
Idéalement, de rire.
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Notes :
Au début, dans les années 1960s, les éditions Parti Pris semblent être une simple marque enregistrée. Très rapidement, les éditions Parti Pris se transforment en coopérative d’édition. La coopérative d’édition publiera quantité d’ouvrages jusqu’en 1976, environ. Autour de cette date, une nouvelle entité commerciale semble avoir été créée parallèlement à la coopérative d’édition, et qui porte le même nom: Parti Pris. Mais à ma connaissance, la coopérative d’éditions Parti Pris n’a jamais été dissoute par les membres de la coopérative. La manière dont le “Parti Pris Inc.” est devenu propriétaire des droits d’auteurs d’une coopérative Parti Pris non-dissoute demeure à ce jour une énigme dont personne ne semble vouloir parler. Le contrat du Cassé faussé (#2), imposé à l’auteur en 1976 (en dépit de l’existence d’un contrat signé dans les années 1960s .. ), est très vraisemblablement un indice de départ pour commencer à résoudre l’énigme. Je ne suis certainement pas le seul auteur à qui c’est arrivé. Mais, encore une fois, tout le monde s’en fout. Alors on s’arrête ici. Le thème est un véritable pensum. Over. Pour l’instant, en tout cas.
© Copyright 2011-2013 Hamilton-Lucas Sinclair (Loup Kibiloki, Jacques Renaud, Le Scribe), cliquer
Le Cassé, la novella, avec les nouvelles; la vraie version originale et intégrale, la seule autorisée par l’auteur. — Le Crayon-feutre de ma tante a mis le feu, nouvelle. — L’Agonie d’un Chasseur, ou Les Métamorphoses du Ouatever, novella. — La Naissance d’un Sorcier, nouvelle. — C’est Der Fisch qui a détruit Die Mauer, nouvelle. — Émile Newspapp, Roi des Masses, novella. — Et Paix sur la Terre (And on Earth, Peace), nouvelle. — L’histoire du vieux pilote de brousse et de l’aspirant audacieux, conte — Le beau p’tit Paul, le nerd entêté, et les trois adultes qui disent pas la même chose, nouvelle — La chambre à louer, le nerd entêté, et les quinze règlements aplatis — La mésange, le nerd entêté, et l’érudit persiffleur — Jack le Canuck, chanson naïve pour Jack Kerouac, poème — L’histoire de l’homme qui aimait la bière Molson et qui fut victime de trahison, conte
Loup Kibiloki ( Jacques Renaud ) : La Petite Magicienne, nouvelle; Héraclite, la Licorne et le Scribe, nouvelle.
Jadis, la liberté d’expression régnait dans ma ruelle, ou La ruelle invisible
Le Cassé de Jacques Renaud : le vrai, le faussé, le faux (A-t-on voulu détruire la carrière de l’auteur ?)
And on Earth Peace, Le Cassé, le joual, Jacques Renaud (Sur Jacques Renaud, l’époque du Cassé, le “joual”.)
Loup Kibiloki ( Jacques Renaud ) : Plusieurs suites poétiques de Loup Kibiloki ( Jacques Renaud ) – Beaucoup de poèmes de Jacques Renaud ( Loup Kibiloki ) – Des poèmes à Shiva – Des histoires, des comptines, des contes. En prose ou en versets libres. Parfois bizarres, parfois pas. – Toutes les terrasses du monde s’ouvrent sur l’infini. On va prendre un café ensemble. Poème. « Toujours, tu rencontreras Rimbaud dans les rues vermillonnes et safranées de Marrakech … »
Suites poétiques, Loup Kibiloki ( Jacques Renaud ) : Les Enchantements de Mémoire – Sentiers d’Étoiles – Rasez les Cités – Électrodes – Vénus et la Mélancolie – Le Cycle du Scorpion – Le Cycle du Bélier – La Nuit des temps – La Stupéfiante Mutation de sa Chrysalide
Du commencement à la fin ou L’Oupanishad de l’ Ignorance — From Beginning to End or The Ignorance Upanishad
Arrêtez de raser les parterres et de massacrer les plantes sauvages. Plus de 500 espèces de plantes en danger au Québec. – Terrorisme domestique et destruction de potagers par les municipalités : Aux profits de quel lobby ?
La censure massemédiatique et Radio-Canada : vous ne saurez jamais .. — Le mythe de l’égalité homme-femme : le féminisme et la calculette — Donc, les croyants athées seraient plus intelligents que les croyants pas athées ..
Canada, Québec, Ontario, et pouvoir dérogatoire: un proto-totalitarisme souterrain persistant. – Canada : Pouvoir dérogatoire canadien et pouvoir dérogatoire hitlérien sont identiques. – Milgram, la torture, l’abîme de l’obéissance. Les candidats sont légion. – Le danger d’être canadien, le danger d’être québécois
Documents de référence – La d’Habilitation nazie mars 1933, pouvoir dérogatoire québécois (1975), canadien de 1982. Essentiellement, les extraits pertinents de la Charte québécoise, de la Charte canadienne, et la Loi d’Habilitation allemande de mars 1933 au complet.
Déclaration universelle des droits de l’Homme – Nations-Unies. Texte complet et intégral: Depuis 1982, le Parlement canadien – tout comme chacune des législatures du pays – ont le pouvoir constitutionnel de violer, sans aucun recours légal possible, au moins 18 des 30 articles de la Déclaration universelle des droits de l’Homme des Nations-Unies, soit les articles suivants : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 17, 18, 19, 20, 26, 29.
Ce pouvoir dérogatoire canadien, c’est l’article 33 de la Charte des droits et libertés canadienne de 1982, qui fait partie de la Constitution canadienne : Charte des droits et libertés du Canada (1982; lire l’article 33 en allant à la page 48) ; English : Canadian Constitution Act, 1867-1982 (1982; go to page 47, read article 33)
Québec: la clause dérogatoire et la loi 204 – Collusion : Karl Péladeau à Hydro-Québec et la Loi Labeaume-Maltais (loi 204)
Avons-nous jamais vécu en démocratie? Pétitionne, trace ton x, cause toujours. – Le Petit x du vote: Acte de liberté – ou Pacte de soumission? – Nos démocraties: Liberté ou Soumission volontaire?
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