Jadis, la liberté d’expression régnait dans ma ruelle

Ou La ruelle invisible


« Jadis, …  ma vie était un festin où s’ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient. » — Arthur Rimbaud, Une Saison en Enfer, 1873.

Ruelle du quartier Rosemont, Petite Patrie, à Montréal, automne 2009, photo Stéphane Batigne.

La voyez-vous?  Ruelle du quartier Rosemont, Petite Patrie, à Montréal, automne 2009, photo Stéphane Batigne.


Jadis, la liberté d’expression régnait dans ma ruelle.

Et il se peut que dans un avenir pas si lointain, il faille trouver ou retrouver des “ruelles” où certaines libertés fondamentales pourront se réfugier et continuer à s’exercer.

Ce serait une société parallèle qui ne serait pas convoitée, parce que les pions du système n’y verraient, justement, que de la ruelle..

Elle serait protégée par la croissance spirituelle de la conscience. Tout simplement.

En fait, ce serait un paradis aux ramifications saines et prodigieuses.

Je pense que c’est une ruelle invisible, aux mille douceurs lumineuses, remplie de capacités bénéfiques, connectée à mille sentiers de neiges, à mille sentiers oranges et chauds, en train de se constituer doucement à la barbe et au nez de l’enfer.

__

J’ai grandi dans un monde où les gens se parlaient librement.  Eh oui. En tout cas dans mon «environnement», comme on dit aujourd’hui.

Et c’était en pleine “période de grande noirceur” québécoise (hein?!?).  C’était même avant que le mot “Québécois” ne se mette à désigner autre chose que les habitants de la ville de Québec.

Oui, dans la ruelle, sur la rue, sur les parvis d’églises, les gens se parlaient. N’étaient pas toujours d’accord. Mais je n’ai jamais vu quelqu’un faire taire quelqu’un. Ça ne fait pas partie de mes souvenirs. De mes souvenirs de la “grande noirceur”.

Je dois dire que plus tard, j’apparaîtrai moins souvent sur les parvis d’églises.  Mais j’ai gardé mémoire.

Ma mère était très pieuse mais ne se confessait jamais et m’avait dit une fois, très calmement : «Ça les regarde pas.»

Mon père ne pratiquait pas de religion mais n’était pas athée :  «Dieu est partout.» Pas complique. Dieu était omniprésent, alors on pouvait parler “d’autre chose”, au fond, c’était   jamais vraiment “autre chose”. Le mystère faisait partie de la vie. Finalement, veut, veut pas, on était toujours dedans, et il était en tout, c’était à nous d’y penser chaque fois qu’on pouvait. Ou tout le temps, pourquoi pas? Et c’était ça qui allumait ce quelque chose de chaud et de velouté au fond de nous. On l’oubliait à nos dépens. En d’autres termes, sans connaître l’expression, mon père, avec sa troisième année du primaire, ses lectures passionnées d’Alexandre Dumas, sa blessure de la Grande Guerre (il était unijambiste), pratiquait, à sa manière, quelquechose qui, aujourd’hui, me fait beaucoup penser au karma yoga. Probablement parce que, tout simplement, c’en était.  Mes frères et moi, sous ce rapport, on faisait ce qu’on voulait.

Les gens n’étaient pas toujours d’accord sur tout. Ce n’est jamais le cas, de toutes façons, sauf quand tout le monde marche au pas, et encore, relâchez les contrôles, secouez la censure du surmoi, vous allez encore mieux le voir.

Les points de vue s’échangeaient.  Entre nous, généralement, on ne faisait pas taire les gens.

Dans la ruelle, dans Rosemont (on avait déménagé du Plateau Mont-Royal), quand j’étais pré-adolescent, on jouait, on s’interpellait.  Quand l’un de nous voulait en faire taire un autre, il suffisait que l’un des flots, dans le groupe, lance d’une voix incontournable, «laisse-lé parler, toé! on est din pays lib, icitte!»  Le wanabee bully ou censeur, plus gros, plus grand, ou plus petit, peu importait, modérait immédiatement ses transports et laissait parler celui qu’il avait voulu faire taire.  C’était pas correct de vouloir faire taire. C’est tout. On le savait tous.

Le “pays” était-il vraiment “libre”?  Ça importait peu:  dans ma ruelle, on y croyait, surtout on le vivait, ça montait de nous spontanément, ça faisait partie intégrante de notre psyché de pré-ados, et dans l’inconscient collectif ça avait probablement des racines très, très anciennes, archaïques.  Et ça, c’était, encore une fois, à l’époque que l’Histoire officielle, au Québec, décrit toujours comme la grande noirceur…  Je pourrais vous en raconter d’autres. Fin des années 1950s.  Je suis né en 1943.  Mais c’était pas la grande noirceur dans la ruelle. En tout cas, pas dans la nôtre.  À croire qu’on était nyctalope ..

J’ai grandi dans un monde où la liberté d’expression existait pour de vrai.  Punto.

C’est ainsi que je l’ai toujours intérieurement vécu.  Sorte de loi naturelle entre p’tits gars.  Sans Chartes.  Sans fausses Chartes, devrais-je dire. J’ai grandi avec ça :  la liberté de dire ce qu’on pense, on l’a, comme on a le coeur, l’imagination, les poumons, faut pas se gêner, faut être libre, et l’être du mieux qu’on peut, autant que possible pas à la con, suivre la conscience et l’intelligence, il faut défendre les libertés légitimes — le contraire est aberrant. Et ne pas se laisser abuser par les “autorités” et les clichés paralysants du surmoi.


© Copyright 2013 Hamilton-Lucas Sinclair (Loup Kibiloki, Jacques Renaud, Le Scribe),   cliquer


 

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C’est Der Fisch qui a détruit Die Mauer, nouvelle.   —   Émile Newspapp, Roi des Masses, novella.   —   Et Paix sur la Terre (And on Earth, Peace), nouvelle.   —   L’histoire du vieux pilote de brousse et de l’aspirant audacieux, nouvelle

Le beau p’tit Paul, le nerd entêté, et les trois adultes qui disent pas la même chose, nouvelle  —  La chambre à louer, le nerd entêté, et les quinze règlements aplatis  —   La mésange, le nerd entêté, et l’érudit persiffleur   —    L’histoire de l’homme qui aimait la bière Molson et qui fut victime de trahison

Loup Kibiloki ( Jacques Renaud ) :  La Petite Magicienne, nouvelle;  Héraclite, la Licorne et le Scribe, nouvelle.


Beaucoup de poèmes de Jacques Renaud ( Loup Kibiloki )


Arrêtez de raser les parterres et de massacrer les plantes sauvages. Plus de 500 espèces de plantes en danger au Québec

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11 Responses to Jadis, la liberté d’expression régnait dans ma ruelle

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  10. musael says:

    Je m’ennuie des prés de mon enfance où l’insouciance était la compagne de mes jeux. Nous jouissions du temps qui passe à l’abri des bruits du monde, ce voleur d’innocence. La Liberté, nous ignorions sont nom comme le poisson ignore l’océan. Quand je pense aux enfants d’aujourd’hui, qui n’aurons connu que les jeux supervisés des garderies… Parler de liberté aujourd’hui, c’est un abus de langage.

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