La métaphore du chalet au bord du lac (6). Heureux les pacifiques. Malheur à l’entêtement pacifiste. Honneur aux guerriers. Malheur à l’entêtement belliciste.

 

2020-2030.   L’immanence semble vouloir accoucher d’un volcan. L’explosion est à fleur de conscience. Ça sent l’horreur, la folie, la psychose, la guerre.

Alors, cette méditation … (suite de  La métaphore du chalet au bord du lac (5).)

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« De l’aut’ côté ! on s’est trompé ! »  —  Le maître câleur de la Danse Carrée.

« Il grimpait, dans les astres, une grosse araigée noire. »  —   Danielle Messia, Avant Guerre.

Un temps pour la lyre et le confort du chalet. Un temps pour l’arc et pour la dévastation du champ de bataille.

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Bien des pacifistes (parfois enragés, mais pas toujours) ne militent pas tant, en fait, contre la guerre, mais bien, plus ou moins inconsciemment, contre leur propre crainte (et ce n’est pas un reproche),  —   agacés par leur propre tremblement (et ce n’est pas un reproche) (et ça n’épuise pas le thème).

Ces pacifistes militent en tentant de fortifier leurs défenses contre un phénomène cataclysmique temporairement dormant mais qui nous accompagne en silence jusqu’à ce qu’il se remette un jour à murmurer, à parler, à chanter, à hurler de nouveau, et dont la dynamique habite nos psychés depuis la nuit des temps. 

Heureux les pacifiques. Qu’ils approfondissent leur paix car, ce faisant, ils approfondissent aussi la nôtre.

Mais le pacifisme, c’est autre chose:souvent, c’est la défense et le maintien forcenés et sans fin de la lyre, exclusivement, dont la transformation en arc se prépare quand même, toujours, inexorablement, portée par le mouvement spiraloïde de l’Espace-Temps qui nous fait alterner de la lyre à l’arc et de l’arc à la lyre.

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Ce qualificatif de «spiraloïde» convient mieux que le qualificatif de «cyclique».

En fait, à mon entendement, «cyclique» ne s’applique pas ici.  «Cyclique» se réfère à l’idée d’un cercle qui, de par sa nature, est intégralement répétitif et absurdement refermé sur lui-même. L’éternel retour. Une sorte de névrose cosmique.

Mais la spirale de l’Espace-Temps, elle, ne repasse jamais au même exact “endroit (!) du temps” : la spirale repasse toujours dans les «environs» du “passé” mais aspire toujours, de par sa forme et sa nature, à des «environs» futurs et nouveaux.  Des aubes nouvelles. Des aurores inconnues.

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Guerre : phénomène également porté par le mouvement spiraloïde de l’Espace-Temps. Phénomène tournant.  Comme la paix.  La guerre : entraînée comme semence et sans cesse ré-accouchée par la spirale de l’Espace-Temps qui, elle, nous obligera encore à poursuivre notre route avec elle, la Guerre, dans sa dormance comme dans son surgissement, et ce, pendant longtemps, qu’on le veuille ou non, entre deux “moments-chalets” tranquilles, hédonistes, raffineurs, sereins, confortables, — moments que nous chérissons tous, moments tout autant issus de l’immanence, comme la guerre.

Moments de paix et de plaisir, moments de méditation profonde, mais dans lesquels nous finissons par nous endormir dans une sorte d’insignifiance ou de pourrissement, comme par un décret inhérent au mouvement des choses.  Jusqu’à ce que la lyre se transforme en arc par l’action de la Mahashakti, par l’action de l’Énergie omniprésente et divine qui anime la spirale de l’Espace-Temps.

Apparemment, la Nature ne cherche ni à nous transformer pour toujours en hédonistes gluants, prétentieux, finis, et éternels — et encore moins en robots omnipucés — ni, en permanence, en bellicistes hurlants, destructeurs, tuant sans fin. Sinon, il n’y aurait aucune alternance.

Il n’y en aurait jamais.

L’alternance, en nous trempant alternativement dans les eaux de la lyre, puis dans les torrents de l’arc, dans l’un, puis dans l’autre, et en mettant toujours fin à l’un, puis à l’autre, en mettant toujours fin à la paix, comme à la guerre, cette alternance de la Mère Nature cherche à nous faire saisir, en conscience, quelque chose, et à faire en sorte que cette chose se maintienne dans la conscience.  Mais quoi?

La Mère Nature cherche certainement, à tout le moins, à nous faire saisir que nous ne sommes destinés ni à la lyre, exclusivement, ni à l’arc, exclusivement, et qu’Elle n’a pas, non plus, l’intention d’abandonner l’une ou l’autre.

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Je médite en écoûtant, cencentré, les accents raffinés de la lyre.  Je me meus dans l’air de l’époque en voyant se tendre la corde sans compromis des arcs.

À suivre

-30-

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[ Les notes qui précèdent, profondément révisées, ont été d’abord écrites dans les années 1990s quand j’habitais Ottawa.

On trouve parfois une copie de ces notes originales, divisées en trois parties, sur certains sites web, sous le pseudonyme de Jocelyn Waller.

Un long extrait des notes originales a été publié en 1999 dans le No 83 de la revue littéraire montréalaise Moebius, toujours sous le pseudonyme de Jocelyn Waller.]

 

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