Le Cycle du Scorpion

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Illustration de Gilles Langlois - Some rights reserved.

Encre de Gilles Langlois


Loup Kibiloki  ( Jacques Renaud )

Le Cycle du Scorpion

poésie

texte revu, remanié, réécrit, corrigé par l’auteur

Les encres sont de Gilles Langlois

Montréal 1979 – Saint-Zénon 2009


Autres suites poétiques :  Sentiers d’Étoiles  –  Rasez les Cités  –  Électrodes  –  Vénus et la Mélancolie  –  Les Enchantements de Mémoire  –  Le Cycle du Bélier  –  La Nuit des temps  –  La Stupéfiante Mutation de sa Chrysalide


© Copyright  1979, 2009 Hamilton-Lucas Sinclair ( Loup Kibiloki, Jacques Renaud, Le Scribe) – cliquer pour lire les conditions d’utilisation. Entre autres: toute exploitation commerciale interdite.


à Diane Bellemarre


Dans la profusion pétallimorphe des sens,
l’émotion tonne, antique.

Sous le coup d’une larme,
d’une poussière de sable,
d’un souffle léger,
la joue tendue du lac heurté s’égaille.

File, ô fille, par les sifflements d’ailes du taon
qui file du feu, du feu,
qui file des filles et du feu.

Ses bourdonnements d’ailes
soudain se taisent,
s’aèrent.

Il n’est plus rien de sa gaze fragile,
il n’est plus rien de sa perpétuelle extase,
plus rien,
sinon cette saisie de feu-silence où tonne l’Antique,
science.

L’abîme est le vrai nom de cet amour.

Elle s’ornait sans fin de colliers inconnus,
celle dont l’eau ruisselle en douces pailles de soleil.

Je la reçus par moments d’un coeur pur
et sa tendresse fut d’azur,
un azur plein d’une eau très fine.

Je voyageais en des contrées
plus ou moins fines.
Il y avait des bruines,
des tournoiements d’oiseaux,
des nuits peuplées.

Parfois, près des mousses,
où le chien prend le frais dans sa pelisse de corbeau,
le silence ouvrait l’ombrage de son aile.

J’étais hissé en toute absence de recours.
J’étais plongé rien qu’en la mort, rien qu’en l’amour.
Point de recours au sacrifice: rien que la mort, rien que le fils.

Le poème constellait un champ prémonitoire.
L’écriture guidait des forces dans le noir.
J’avançais vers la mort en tressant le cordeau,
guidé dans l’arche-barque où devisaient de grands corbeaux.

J’avançais dans le noir,
porteur du filament des temps,
firmament tresseur des eaux troubles.

L’ambiguïté montait
et frappait de stupeur,
la roue
qu’immobilisait l’heure.

J’avançais plus nu qu’avant dans l’immobilité du mage.
Le coeur ourdissait un présage en le portant dans son néant d’or démembré.
Le coeur plus nu que la falaise et les rochers.
Le coeur plus nu que la liqueur nue des glaciers.
(Un coeur d’argent dans les érables).
Le coeur heurtant des bris d’ozone, des glaciers.
La mort ourdie dans l’immobile.
Le sang gelé dans les cristallisations rances.
Un goût mortel venu des langes qui rappellent.
Le cri d’en bas lançant son heurtoir et ses ailes.
Le sifflement des merles noirs dans la chambre.
La cendre bourrée d’orties.
Les larves lancées contre le lit.
Les preneurs de sang.
Les haines profondes.
Le monde soudain livré aux hurlements froids de la mort.
Profonde, profonde est la mort et sa démembrante compulsion.
Profondément plongeantes sont les racines des nyctalopes entremetteuses.
Insondables. Dit-on.
Elles tiraient sans fin l’amour
vers le spectacle impitoyable des fonds secrets
qui nous murmurent et qui nous hantent.

J’en remontais mûrir dans les blessures.
L’amour grandissait dans les mers.

Elle. Qui était-elle. Qui descendait avec moi dans la lie,
tel un incommensurable heurtoir de soie
qui ravageait sur son passage
l’étendue des terreurs.

Polarisation feu-flot.
Polarisation Bélier-Scorpion.
Éros-amour, ventre-coeur – éros-amour, sexe.

Le premier est de feu.
Persistance de soie.
Aération élargissante.
Persistance de soie.
Éther indiciblement doux.
Étendue.

Le second est d’apreté. Mais est-ce de l’apreté?
Dans sa profondeur, en un degré secret,
il est d’une eau qui noie sans tuer.
Il se prolonge en diffuses vibrations,
comme une sorte de feu d’eau, frais. Dissolution.
Une mollesse irrésistible où l’on fond,
où toutes les nuances des pulsions érotiques
s’intensifient dans les couleurs, le carne doux, le carminé.
Une tension qui se décharge, qui transforme et qui crée
comme une nourriture.

Zones infra-douces d’où vient la chair.
Zones infra-douces de la non-chair se faisant chair.
Zones infra-douces de ce qui sera chair.
Zones infra-douces.

Royaumes doux de couleur,
parcourus de nuées d’abeilles d’or.

Des princes de tristesse,
patients comme des vautours,
s’y désintègrent dans leurs propres bras.
Ils sont souvent vêtus de noir.
Ils gardent le seuil des Eaux.

Rien. Rire.

L’or des abeilles les troue.

Passer outre.


 

 


 

L’illusion passe par la porte,
une fumée d’encens s’élève,
un taon traverse mon été,
le passé coule vers ce moment,
au loin, au loin, un oiseau porte le printemps,
plus rien n’habite le moment,
le monde est clair comme un cristal,
le cristal clair comme un néant,
la brise est morte sur le môle …
C’est le silence du repos.
Quand l’intellect quitte le port,
on le nomme “aquilon des forts”.

C’est l’intime anse du foyer,
l’île des morts,
la fraîcheur douce d’un mystère,
l’eau vive des tranquillités.

Tout est immobile.

L’aquilon naît dans les charmilles.

*

Je transcris :

« Que serait cet Amour
sans les profonds tourments
d’un inaccomplissement durable?
Ne suis-je pas le père des nuits qui hurlent?
Moi, le père armorié de peau?
Moi, le cri cru du corbeau?
Ma nuque est pleine de ravages,
mon coeur bruissant de maloiseau.

Il faut multiplier l’extase
et tu tordras tes filles en moi
dans les abîmes de l’aveugle … »

*

Je ne veux pas de ce mystère.
Je veux connaître ce mystère.

*

Je veux me reposer longtemps
dans la vision des douces terres de soleil.
Je reviendrai.
Pour savoir,
pour connaître
qui a parlé.

Amour croissant dans le soleil.
La nuit hurle
et ses chemins de douleurs traversent jusqu’à nous.

Les montagnes
déchargent vers les préhauts
l’énigne de l’ortie.

Dans les sols acide,
l’oseille, la tendre oseille,
offre sa candeur citronnée.

Un cri d’ombre ruisselle dans les dalles.
C’est une nuit trop froide
où le coeur se resserre
comme une flamme-rossignol.

*

Des voix sombres mordaient. Partout.
Elles venaient des profondeurs aveugles,
prolongeant l’obstacle,
lancées contre le dieu qui ne les reconnaissait pas.

Le fruit, par les dents pointues des démones, se dévorait sans savoir.
Les portes de l’enfer prévalaient.
Des voix sombres partout mordaient.
Elles crépitaient de révolte.
Elles comptaient leur temps.
Elles craquaient de partout.
C’était la guerre et le néant de toutes issues.

*
Je transcris :

«  Elle ravage dans le mépris du sang.
Tu n’y toucheras pas sans guerre.
L’immortalité prépare un bain de sang.
Je roule en elle éperdument. »

*

A des institutions qui ont fait leur temps mais qui,
par refus ou par ignorance, refusent d’assumer
leur propre mort et leur propre renaissance,
naissent, en purulence, des filles et des fils, surgis de cette mort
profonde que ces institutions se refusent à assumer.

Ces filles et ces fils de mort font pourrir du dedans
la matrice qui ne les a pas laissés sortir. Forces
aveugles, à l’image même de l’aveuglement qui
leur confère l’anti-vie.

Ils pullulent et désintègrent les structures
qui les étouffent, et les portaient, jusqu’à ce que le
corps ancien s’écroule et ils s’écroulent eux aussi,
ou se sclérosent en le nouveau corps qui prend
forme, appelant à leur tour, en ce conglomérat
figé, l’apparition de rejetons aveugles qui les tueront.

L’histoire roule ainsi sans fin ses flots de bave
et de rocaille.

La prise de conscience du dynamisme
de mort-naissance tel qu’il se manifeste
dans l’existence individuelle, est la clé d’une
vie collective plus vraie qui, actuellement, est encore ailleurs,
quoique moins qu’avant.

Par le surgissement dans la conscience humaine
de ce quelque chose de nouveau
et d’indéfinissable qui enveloppe la planète,
des yeux divins s’ouvrent discrètement dans la vie qui,
du fond de leur pouvoir, rayonnent de vie vraie future
dans l’infernal roulement de douleur.

La vie est mort-naissance.

*

Ce n’est pas tout de naître. Il faut croître.
Ce n’est pas tout de naître. Il faut mourir.
Ce n’est pas tout de naître. Il faut renaître.
Ce n’est pas tout.

*
Cent mille tiges de ruisseaux, du coeur du monde,
lèvent un soleil floral, lotus ardent au coeur de l’onde,
la nourriture abonde, cube craquant de grappes blondes.

Maison-Dieu, la Tour croule,
fauchée par l’éclair-feu.
Dans la montée des foules,
les peuples meurent en Dieu.

Énorme est ce monceau de pitoyable écorce,
cette tente de mort ployant sous l’oripeau,
dernier vestige orné que déserte la foule.

L’océan des houles sans fin les a roulés.

Les chiens parcouraient l’étendue du chaos,
hurlant de vive peine, d’inconsolable esseulement.

Immobiles et fixés sont les sabots des dieux,
vendangeurs des saints-lieux,
noirs démons de la guerre.

L’amour est un gouffre où s’abîme un mystère.
L’amour est un gouffre où s’abîme la Mère.
L’amour est un gouffre dont l’axe est le Père.
L’amour est un gouffre où se tisse la chair.
L’amour est un gouffre de silence et d’or clair.
L’amour est un gouffre où renait un mystère
Dans la mémoire tissée par la soie de la paix
Et les longs fils ferreux des volcans qui renaissent, des dévouements tenaces, des guerres sans pitié.

Les voix se faisaient profondes.
Les voix se faisaient tirantes.

( La splendeur masse sa victoire en un caillou omnipotent. )

Ce vers et nul autre troue en son temps son juste lieu.

( On enverra glapir l’histoire et ses trouvères.
On enverra glapir l’histoire et ses mégères.
Renaîtront dans les charniers, là où s’apprennent
la fidélité des femmes, la candeur des enfants, le courage des guerriers
et tous les grands dévouements canins. )

*

Des ramures hautaines ornementaient son corps. Des rimes.
Des points d’azur scintillant dans l’abîme.

L’ordre prenait saveur en sa montante ondée de brises.
L’autel était dressé sur la montagne de l’ami.
L’enfant naissait la nuit sous une étoile parfumée.

Belle amande qui marche, étoile du matin, vache aimée de la mer.

Rimes: essors minimes (eau respirante).
Corps vénusien de la cachée.
Corps des profondes respirantes,
celles par qui nous renaîtrons.

Il pleut des corps tremblants, des déserts.
Il pleut sans fin (débris de mer).

Hier hisse à mon coeur des nausées, des couleurs.
Chaque fois, l’émotion tonne, antique.

Vide pur, pleur chargé du vierge vide.

L’antique émotion brise le flanc de la barque.

Arche-corps, tu portes le pur et l’impur
vers des déchargements qui brûlent.
Ô mon corps, mon arche, astre vibrant d’oiseaux!

Hier, noir futur des bateleurs de mort.

Sacrifice des bêtes.
Vos fumées montent épaisses.
Vastes nuées de sang.

Je porte en moi la mort et sa foulée parfaite.
Je porte en moi le sang des sacrifices offerts.
Je porte en moi l’amant des noirceurs premières.
(Où vais-je?) Il est tombé de moi comme une larve de mer.

Tristesse antique de la mort. Saccagée.

Arche-corps, tu portes le pur et l’impur
vers des déchargements qui brûlent.
Astre vibrant d’oiseaux.

Grottes. Grottes profondes d’où lèvent, profus, les morts.
Planeurs d’âcres plaines,
vous me bercez dans la frayeur.
Martyrs brûlants de la peine,
montez vers les soleils qui brûlent.

Monceaux puants.

Je vous porte en mes flancs, noires envolées d’automne.
Vous me portez le message des bornes du soleil.
Je redescends.
Vous battez à mes flancs et me tirez vers l’onde, astres noirâtres et scintillants.
Vous fascinez en moi le buveur d’eau mortelle.
Le burineur de nuit.

Grandes eaux mordantes, multipliantes.
Ondoyants poissons burinés de têtes félines.
Pierres piquantes et molles des barques mouillées sur l’eau.
Les ondoiements bavent à la peau.

Tout est sans fond.
Indéfini.
Tout univers est explosif.

Tête levée sur l’eau,
elle fait sombrer le rituel dans la tuerie.

Elle devint mortelle par pure habileté,
par pure habileté sans borne,
et mépris faste d’éborgnée.

Je transcris :

«  Hé vague, m’expliqueras-tu l’océan?
– Persistes, et je te roulerai sans fin, ménade! »

Nocte rouleuse et rêche houle.
Fleuve noir remontant en nasses vers le dôme
où tout est noir. Mort sous le heaume.

*
Tu crépites, ménade.
Seras-tu d’or? Tous méplats roses?
Briseras-tu les anneaux verts?
Les masses mortes?
L’épaisseur?

Un sens inné de la parure.
De la puissance dans l’éclat.
La phrase-rive où l’on accoste
avec du vin, dans les palmiers.
Je te laisserai jouer jusqu’aux confins de la saturation.
Tu connais l’art des démesures.
Effarants murmures.
Azurs filants.
Tu brilles au bout des serres des grands oiseaux magiques.
Tu éclates, écarlate. Et noire, tu passes.

Fable. Sourire de bec.
Qui donc en ton corps gîte
comme un enfant blessé?
Est-ce la masse vive
de tes amours agglomérés?
Qui distilles le nectar de ta peine?
Et quelle sera sa saveur?

Ces morts qui dévalent au carré de la hyène,
mêlés de chants nouveaux.
Voici de l’aube dans vos affres.
Cornes ensanglantées des grands taureaux de mer.
Voici des vaches qui s’assemblent.
Voici du chant pur dans les branches
et du printemps chargé de fruits mûrs.

Morts bénis près des flots,
vermeille tendresse de l’eau,
crépusculaire mégatombe.

Tu remontais du fond des mers.
Tu remontais dans la puissance.
Tu portais les os
et tout ces débris réfugiés dans les méandres et dans les anses.
Tu portais l’orbe de l’antique pleur, celui qui tonne, qui se prosterne,
celui qui meurt sans fin en esclavage,
de siècle en siècle,
de cité en cité,
chargé de chaînes invisibles et sonores,
sous hypnose dans son enclos de briques et de pierres,
drogué d’épuisement
dans son paradis de ciment froid, de fleurs de plastique et de béton armé.

Tout est ce seuil, ce ciel sans nuit.

Le monde qui geint bat aux battants du rien
avec des cris de loup-marin
dans la charmeuse des frontières.

La mer sans bruit s’efface.

Tu vois que le soleil oscille.
Ne crains rien, mon enfant.
C’est la fin du monde qui gigue doucement.
La montée dans l’habile et la belle
nous portera vers l’or des principautés nues.

Verrez-vous dans l’aride miroir
qu’un vent rageur traverse pour vous voir,
surgir mes troupeaux de torrides soleils,
et les cieux que j’épouse s’empourprer de vermeil?

Je suis venue vous donner des yeux.

Renaître est ce rire d’enfant roux
qui galope sans peur dans le béant des mers.

Ton radeau glisse en l’antre et mouille.
Ton radeau délicat, gluant d’algues qui souillent
et qui chatouillent.
Ton radeau-jardin.

Te voici fraîche en la caverne d’eau filtrée.
Les gouttelettes en mille échos martèlent.
Te voici dans le puits plein de soleil.
Te voici dans l’eau, les merveilles.

Te voici penchée sur la mer.

Aucun être au monde
ne rivalise de charme et de puissance avec toi
quand tu te penches sur la mer
et qu’elle retient ses lames et son souffle
en absorbant tes traits.

La source porte à ton arceau ses miroitantes perles bleues.
L’eau est chargée de cieux.
Charme antique.

Charme intime de l’étang.

La lumière descend dans les sèves du singe.
Mon coeur s’y porte.
( Douceur fine et filante, étreinte au coeur, au cou, de feu. )

Je descends dans des fastes de pourpre.
Dans des vides laineux.

Dans la neige trop bleue s’ouvre un portail de nues.
J’ai des chandails
tout doux de laine
où les oiseaux
viennent suspendre
des graines d’huile
et des cris de becs.

Je descends (j’avance) porté par la montée du feu.
Je suis parfois,
soudainement,
ce fond hideux aux lampes de douceur
qui s’allument et s’éteignent
dans le roc noir,
dans de l’argile,
dans des billes mates qui glissent,
dans des échos d’accords qui crissent,
dans du fer dur et des lames d’or mou
qui s’étendent et se tordent dans la flamme des lampes
tels des serpents de paille tressée ou de réglisse.

Le silence des mers dans la douceur joue.
Les mers étendent en nous leurs lames de géantes.

Tout petit, criaillant dans les granules et l’or des sables,
cadavériques et fleuris, pâles et brillants de mille lunes,
les ascendants du coeur meurtri,
le coeur béni,
le coeur immense de la fosse.

D’où est ce feu, ce son, cet âtre?
Ces nuits de tendresses vermeilles?
Cette nuit,
je portais une robe safran.
Tu m’as pris par le bras
et nous avons volé dans l’orangé.

Des singes crient dans le vermeil.
L’arbre y est vert, éminemment.

Le coeur est doux dans la nappée des vins de sages.

Je ne sais plus.
Tout est douceur au fond des cages.
Tout est prière au fond du doux.

Tu parleras sans fin dans la brise des bêtes.

Jardin mûr et soumis aux grandes orgues en fête.

Je descendais dans le champ des étoiles,
sans rien aimer, sans rien haïr,
sans rien comprendre et sans frémir,
porté par de puissantes voiles.

Tu m’as pris par le bras.

Le bois qui brûle
sent le bonbon;
et sous la bride
de tes yeux,
je vois le bleu qui bouge
rempli de flammes rouges.

Un premier feu,
un feu sans fin,
qui ne serait qu’absence pure.

*
La nuit, je veillais sur le mont du davaar.

*

Je transcris :

« Tu verras monter le serpent des espaces.
Il rugira devant l’opprobe de l’amour.
Ce plat trop pur le hantera jusqu’à sa mort. »

Je transcris :

« Elle a soif de douleurs
et son cauchemar jaillit en masses sur le monde.
Le dieu des cendres
mettra le feu dans l’hécatombe.
Fut-il sevré d’extases,
ce dieu qui erre par les monts
et que tu tires dans tes entrailles et tes vallons,
dans tes parfums, tes pâmoisons,
tes orties bouillantes, tes roses?

« Si délectable.

« Que bonté le harponne et le retourne
vers ce ciel
qui brille en sa parèdre, doucement.

« Que bonté ose éminemment
cette caresse qu’elle appelle. »

Je transcris :

« Adorez-la sans crainte car l’amour seul fut son berceau.
Adorez d’un coeur pur qui la hisse et l’épure,
un coeur sans ride, un coeur sans peur et sans désir,
qu’un grand repos s’étende et veille sur le monde. »

*

Être, rien qu’être,
la mulâtre y vient paître.

Et mûre est la nuitée d’oiseaux.

 

Montréal 1979 – Saint-Zénon 2009


 

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© Copyright  1979, 2009 Hamilton-Lucas Sinclair ( Loup Kibiloki, Jacques Renaud, Le Scribe)  – cliquer pour lire les conditions d’utilisation. Entre autres: toute exploitation commerciale interdite.


 

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