La métaphore du chalet au bord du lac (5). Comme la farine dans le pain. La lyre et l’arc ne peuvent exister l’une sans l’autre. Où est Dieu?

2020-2030.   L’immanence semble vouloir accoucher d’un volcan. L’explosion est à fleur de conscience. Ça sent l’horreur, la folie, la guerre.

Alors, cette méditation … (suite de   La métaphore du chalet au bord du lac (4))

 

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« Où est Dieu ?  Dieu est partout. » — Le Petit Catéchisme Catholique de mon enfance (années cinquantes).

Bref, Dieu, métaphoriquement, c’est comme la farine dans l’pain.

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Que disions-nous au début, dans la première partie de cette méditation ?

Ah oui…   On évoquait un chalet au bord d’un lac, la grande tranquillité de ses boiseries. On évoquait la “paix”, on évoquait la transe du repos.

Et on évoquait en même temps l’incroyable quantité de violence, effarante, qui entre dans la constitution de ce chalet serein, paisible.

Le contraste nous semblait frappant. Saisissant. Et on laissait entendre que cette violence  “passée” s’était “lovée” dans le silence tranquille du chalet. Elle y dormait. En attendant son réveil.  Comme une panthère somnolente.  Question de temps.

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Car il faut parfois défendre le chalet et nous-mêmes contre les invasions, ou contre la destruction. Chose certaine, rien n’interdit d’essayer…

Si on ne fait pas la guerre pour défendre le chalet quand il est attaqué, le chalet sera sali, saccagé, voire détruit.  Et nous aussi probablement.  Ou encore, tout sera transformé en quelquechose que nous détesterons.  Et nous finirons par nous faire croire que l’on aime ça  —  pour mieux endurer l’Enfer.  Nous serons devenus une incarnation du Mensonge.

Mais si on fait la guerre pour défendre le chalet, il ne sera peut-être pas détruit et il y a de fortes chances que nous soyions encore là, à la fin, vivants, nous-mêmes, oui, mais en mieux.  En moins mièvres.  En tout cas en moins dormants ou en moins naïfs.  Nous pourrons de nouveau, éventuellement, nous étendre, parmi les boiseries éprouvées qu’on aura réparées,  —  des boiseries qui nous seront encore plus chères qu’avant,  —  dans la sérénité du mystère de la constante évolution spiraloïde des choses.

En fredonnant peut-être parfois, distraitement, Lili Marleen, inexplicablement ému.  Ou:  Ce n’est qu’un Au Revoir.

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Tout ça pour dire qu’une tribu exclusivement pacifiste, une nation sans armes et qui n’en veut pas, une nation qui ne se défend pas avec force, intelligence, détermination, une nation qui croit n’importe quelle sottise, qui gobe stupidement n’importe quel mensonge, une nation qui ne se prépare pas au réveil du fauve qui ne dormira jamais éternellement, une nation qui ne voit pas venir, qui ne sent pas ce qui vient, une nation qui ne se souvient pas d’elle-même, une telle nation, une telle tribu, trahit les profondeurs complexes de la psyché dans ses dimensions personnelles, collectives, et universelles et, pour punition de ce crime, elle peut être condamnée par les dieux du Temps à être éjectée pour longtemps, voire pour toujours, du Temps lui-même.

L’arc et la lyre ne peuvent exister l’un sans l’autre.  Relisez  La métaphore du chalet au bord du lac (1).   La violence virtuelle au coeur du doux. Le doux virtuel au coeur de la violence.

 

À suivre

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[ Les notes qui précèdent, profondément révisées, ont été d’abord écrites dans les années 1990s quand j’habitais Ottawa.

On trouve parfois une copie de ces notes originales, divisées en trois parties, sur certains sites web, sous le pseudonyme de Jocelyn Waller.

Un long extrait des notes originales a été publié en 1999 dans le No 83 de la revue littéraire montréalaise Moebius, toujours sous le pseudonyme de Jocelyn Waller.]

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Écrivain.
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