
Tunnel routier californien transformé en glotte. (Source : La Times, “A tunnel collapse ..” , cliquer sur l’illustration.)
Un autre poème bizarre (car il y en d’autres) (et il y en aura d’autres).
Certains de ces poèmes ( ahem ! ) sont écrits depuis des mois, certains depuis des années. Certains sont récents (comme celui-ci). Ils semblent parfois surgir comme des bouts de fils dans le sillage des milliards d’aiguilles qui glissent et coulent dans la trame de cet immense univers dont ils témoignent du mystère à chaque instant.
Fiou! – avec une phrase comme la dernière qui précède, j’ai qu’à en faire un discours et je suis mûr pour me présenter triomphalement, enfin, à la mairie de Sainte-Cutulle-Catin-de-la-Totoche-Tournante. Comme concierge. Ils seront forcés de me la montrer, la porte!).
Je les recueille (les poèmes absurdes qui me surviennent) tels qu’ils se présentent. Ils me suivent gentiment comme une sorte de petit troupeau de mutants. J’ai fini par les trouver attachants. Je leur fait faire un petit tour de blogosphère.
Ils ne mordent pas. Je veux dire, ils ne mordent pas souvent – de toutes façons, on peut mettre des gants – y en a qui.
Bonne lecture :)!
La route crie dans mes oeilles
( Témoignage essoufflé de quelqu’un.
Indiscutablement, le témoignage porte sur quelquechose. )
La route crie dans mes oreilles monsieur l’juge!
Le fruit est tombé trop vite.
Le vieux s’est penché pour le ramasser.
J’avais une béquille à la place des yeux.
Il a quitté l’endroit en coup de vent …
… À l’ordre !
… La route crie.
Je n’ai plus d’oreilles.
Le fruit n’est jamais tombé.
Le vieux ne s’est jamais penché.
Je n’avais plus de béquille à la place des yeux.
Il n’a pas quitté l’endroit en coup de vent …
Faites évacuer la salle ! Faites-moi évacuer cette salle !!!
… Mes oreilles crient encore dans la déroute.
La tombe n’a jamais porté fruit.
On a ramassé le vieux sans se pencher …
Taisez-vous !! Mais taisez-vous !!
… Je ne peux pas, j’ai la béquille à l’oeil.
L’endroit nous a quitté, emporté par le vent.
Le fruit crie sur la route.
Il coule dans mes oreilles …
… Mais faites quelquechose … Gardes ! …
… Oui, je vous le dis, j’avais à l’oeil la béquille du vieux,
il a quitté l’endroit sans se pencher
et quand j’ai voulu raconter
ce qui ne s’était pas passé
le vent avait tout emporté …
Bon, d’accord, laissez-le finir …
… C’était pas mon jour,
c’était pas le vôtre,
c’était pas le sien,
oui monsieur le juge
on a cherché
le propriétaire
mais quand on l’a trouvé,
c’était pas lui,
j’ai gardé la béquille …
Oui oui, et la route …
… Oui, la route crie dans mes oreilles, monsieur le juge.
Oui, c’est ça, elle crie …
Je le jure.
C’est pas lui.
C’est pas elle non plus.
C’est le vent.
C’est la cadence de la décadence.
Faut que je vous parle du tirebouchon, monsieur l’juge …
… Ah non …
… Vous voulez pas que je parle du tirebouchon ?
Eh …
… La route crie dans mes oreilles, monsieur le juge!
Le fruit n’est pas tombé trop vite.
Le vieux s’est penché sans bouger.
J’avais pas de béquille à la paupière.
Tout ce qui s’est passé n’est jamais survenu.
Mais d’un coup, je sais pas comment, c’est arrivé,
le tirebouchon s’est enragé,
il s’est planté en crissant à côté d’la béquille,
il a tourné de l’oeil en s’enfonçant,
parlez plus fort monsieur l’juge!
la route crie dans mes oreilles, monsieur le juge! …
… Acquittez-moi ça tout de suite ! Acquitté ! Acquitté !! Acquitté j’ai dit !!! Foutez tous le camp !!! Fermez la Cour !!! FERMEZ-LA !!! Ça crie dans mes oreilles !!!! La maudite route elle crie dans mes oreilles !!!!! Ça crie !!! Ça crie !!!! C’est la décadence !!!! Au secours !!!!!! Faites-le sortir ! Mon coeur fait ploupe peloupe peloupe ploupe ploupe .. Appelez Urgence Santé !!!
© Copyright 2009 Hamilton-Lucas Sinclair (Loup Kibiloki, Jacques Renaud, Le Scribe), cliquer
Beaucoup de poèmes de Jacques Renaud ( Loup Kibiloki )
Loup Kibiloki ( Jacques Renaud ) : Plusieurs suites poétiques de Loup Kibiloki ( Jacques Renaud ) – Des poèmes à Shiva – Des histoires, des comptines, des contes. En prose ou en versets libres. Parfois bizarres, parfois pas.
Suites poétiques, Loup Kibiloki ( Jacques Renaud ) : Les Enchantements de Mémoire – Sentiers d’Étoiles – Rasez les Cités – Électrodes – Vénus et la Mélancolie – Le Cycle du Scorpion – Le Cycle du Bélier – La Nuit des temps – La Stupéfiante Mutation de sa Chrysalide
Des comptine, des excessifs, des normaux (ouais, mais là..) :
Un chic chat dans l’coma – Un ballon dans un cochon — Elle a trop bu de jus d’ tortue
Le miracle de l’écrivain dans l’donjon – Petit Matou (paroles pour chanson de plage et d’été, tendre, kétaine et rythmée) – La pluie, de ses dents rondes et bleues – Filez, filez, ô mon navire – (poème qui se chante) (et bateau d’avril)
Un coup bavant du Grand Avide, ou Kafka aurait pu l’dire
Crassus le Gigueur ou Comment ouvrir le sol sous les armées – Le Cliquetis de la croquignole — La logique est une muette qui ne cesse de nous faire signe – La soeur d’Absalon, ou le ciel et l’enfer interdits aux comiques
Oeuvres de fiction de Jacques Renaud ( Loup Kibiloki ) qu’on trouve sur ce blog :
Le Cassé, la novella, avec les nouvelles; la vraie version originale et intégrale, la seule autorisée par l’auteur. — Le Crayon-feutre de ma tante a mis le feu, nouvelle.
L’Agonie d’un Chasseur, ou Les Métamorphoses du Ouatever, novella. – La Naissance d’un Sorcier, nouvelle.
C’est Der Fisch qui a détruit Die Mauer, nouvelle. — Émile Newspapp, Roi des Masses, novella.
Et Paix sur la Terre (And on Earth, Peace), nouvelle. — L’histoire du vieux pilote de brousse et de l’aspirant audacieux, nouvelle
Le beau p’tit Paul, le nerd entêté, et les trois adultes qui disent pas la même chose, nouvelle — La chambre à louer, le nerd entêté, et les quinze règlements aplatis — La mésange, le nerd entêté, et l’érudit persiffleur
Jack le Canuck, chanson naïve pour Jack Kerouac, poème — L’histoire de l’homme qui aimait la bière Molson et qui fut victime de trahison
Loup Kibiloki ( Jacques Renaud ) : La Petite Magicienne, nouvelle; La Licorne et le Scribe, nouvelle.
Beaucoup de poèmes de Jacques Renaud ( Loup Kibiloki )
Sur Le Cassé de Jacques Renaud, des extraits de critiques
Jadis, la liberté d’expression régnait dans ma ruelle, ou La ruelle invisible
Le Cassé de Jacques Renaud : le vrai, le faussé, le faux (A-t-on voulu détruire la carrière de l’auteur ?)
And on Earth Peace, Le Cassé, le joual, Jacques Renaud (Sur Jacques Renaud, l’époque du Cassé, le “joual”.)