« le pas noir et profond des racines qui marchent »
« Les plantes à rhizomes cachent dans leurs racines, ou parfois sur leurs parties aériennes, des organes de réserves qui leur permettent de survivre et de se multiplier. Ces organes sont nommés ‘rhizomes’… Il existe plusieurs types et formes de rhizomes. »
Source : Les plantes à rhizomes
Mathieu Bock-Côté, deuxième de gauche à droite.
( Mathieu Bock-Côté, recherche sur YouTube. )
( Mathieu Bock-Côté, recherche sur YouTube. )
Bock-Côté est radical. Au sens où il évoque les racines de l’inconscient collectif. Qu’il le sache ou non, qu’il en soit conscient ou pas. Ses antennes sont toujours activées. L’un des sens du mot «radical» : « Qui vise à agir sur la cause profonde des effets qu’on veut modifier. » ( Il existe, bien sûr, d’autres sens au mot «radical». )
Bock-Côté évoque les racines de l’inconscient collectif, c’est pour ça qu’il parle fort. Il exprime quelquechose de collectif, toujours vivant mais absent. Ou apparemment “absent”. Le sait-il? Je ne sais pas.
Il parle fort parce qu’il parle pour les absents (ça fait beaucoup de voix dans un seul homme), les absents qui cheminent comme des racines-rhizomes sous terre (ou dans l’extra-monde). Avant de reproduire une nouvelle plante.
Cycles.
Les lois des cycles sont extrêmement profondes et complexes.
Elles sont évocables, sondables, productrices de métaphores fortes, fécondes et inspiratrices, de voix qui retentissent dans les déserts, les cafés, les forêts, la poésie, parfois sur un coin d’rue, — mais les lois des cycles sont irréductiblement inarraisonnables.
Chez Bock-Côté, ce flux verbal qui le possède s’exprime à travers un langage IC ( intellectuellement correct ). Mais l’énergie qui porte le verbe et qui l’anime est bien plus profonde que la surface qu’elle gonfle et qui nous sert le flot — au point où on a parfois l’impression que la coque de rectitude qui filtre ce flux grammaticalement et intellectuellement impeccable va craquer. Être tribun est un destin.
Les lois des cycles sont plus profondes que les discours, bienséants ou pas, et ces lois tracent les destins, individuels et collectifs. Quand la courbe se présente, on la prend ou c’est le décor qui nous prend.
Les lois des cycles sont maîtresses du jeu et, comme toutes maîtresses, elles peuvent vous exciter, vous inspirer, vous charmer, vous mentir, vous piller, vous jouer dans les ch’veux, — ou vous donner, aussi, un enfant, chose inattendue, chassant l’ancienne épouse, etc. Indépendance, liberté, tragodia, tragédie grecque. Il n’est pas interdit, aussi, en passant, de jeter un coup d’oeil à ceci, voire même de le lire au complet ( qu’on soit thée, athée, ou ouatever) et d’en tirer profit. C’est jamais perdu.
La vie est un sport dangereux (ce cliché est toujours valide). Oubliez les pantouffles.
C’est d’même.
J’avance ici ad libitum ( ad lib ) ( Vous l’aviez probablement remarqué. )
Bien des radicaux décèdent dans leur lit, on ne peut pas le leur reprocher, on ne choisit pas toujours, mais tout radical rêve, ouvertement ou secrètement, de décéder les bottes aux pieds. Ça donne de l’allant pour la prochaine vie.
Un radical bouge beaucoup parce que les racines ne cessent de vivre et de progresser — et parce que, pendant ce temps, rien ne bouge à la surface du sol. Et en plus on ne cesse de lisser les surfaces et de tout tondre autour. Le radical fait office de compensateur collectif.
Un radical comme Bock-côté (un Bock-Côté, c’est un à-prendre-ou-à-laisser), c’est un peu comme un yogui qui sait que l’univers est infini (c’est-à-dire qu’il n’a pas de forme) et, en même temps, il sait qu’il est fini (qu’il est constitué d’une myriade de formes) — les deux choses, le pas-de-formes et le myriade-de-formes, étant simultanées, — et que, de plus, il n’existe pas de formes sans mouvement.
Bref, tout ça se meut immensément, mais ça ne bouge pas, et ce, tout aussi immensément, ce qui est insensé. De quoi parler fort quand on est pratiquement seul à vivre dans son esprit et dans sa chair, ce paradoxe incessant.
« Diable ! personne pige que l’univers va disparaître si on ne sent pas les racines qui marchent ?!? Elles marchent !! Préparez l’sol ! »
Mais les tondeux d’gazon n’entendent pas. Alors le radical parle fort. Sa voix n’est pas un terrain de golf ou un parterre tondu, sa voix est un champ de bataille dont l’étendue l’étonne sans répit. La nuit, dans son sommeil, il croise Krishna et Arjuna en pleine Bataille de Kouroukshetra, et il trouve son repos, typiquement védantique.
Où en étais-je ? Ah oui .. On pourrait appeller ce genre de racine que la voix radicale évoque toujours : “rhizome.” Mettons.
Généralement, les rares personnes qui ne tondent pas leur parterre régulièrement comme des zombies ont plus de chances que les autres de pouvoir percevoir et apprécier le phénomène, en devenir conscient, et l’obverver.
Cycles.
Mère Nature est une patiente mais redoutable enfant d’chienne. C’est une Loi de Murphy: « Mother Nature is a bitch. » Si tu en fais ta compagne, attends-toi à gôler longtemps avant de la mater. Si tu y parviens jamais. Si tu y parviens, ce seront des noces cosmiques.
On pourrait ausi avoir des surprises.
Par exemple: La fédération canadienne qui se séparerait du Québec avant que le Québec ne se sépare d’elle. Peut-être en faisant croire au Québec que c’est ce dernier qui a décidé. Le Canada anglais, notamment l’Ontario, a déjà bouffé pas mal de gros morceaux du Québec jusqu’à maintenant. Ils partiraient rassasiés. En emportant “un peu” d’territoire supplémentaire en bonus, methinks.
Ainsi, l’Angleterre a laissé tomber l’Inde quand cette dernière ne représentait plus qu’un % minime du pib mondial ( autour de 2% si ma mémoire est bonne ). Selon certains historiens (je ne me souviens plus lesquels ou, plus vraisemblablement, lequel), l’Inde représentait autour de 18% du pib mondial au moment de sa conquête par les Britanniques. Plus grand-chose à piller en 1947 (année de l’indépendance de l’Inde). Vous connaissez des vampires qui convoitent les corps exangues? Vas-y, mon Gandhi, tu seras assassiné (en janvier 1948) seulement après l’Indépendance (15 août 1947), mais pas avant, c’est sûr, promis, on va y veiller, on va quand même pas se tirer dans le pied, tu fais du bon boulot, Mahatma ..
Les empires, généralement, pillent et appauvrissent mais, tout aussi généralement, n’aiment ni les pillés ni les pauvres. Même si pillés et pauvres souvent se croient riches, ou se croient américains, ou se croient romains, et rigolent quand les pillards se moquent d’eux : ils prennent ça, parfois, pour des compliments et sont parfois naïfs à vous en inonder les pupilles.
Il ne faut pas désespérer. Ni espérer, d’ailleurs. C’est une perte de temps.
Il faut devenir plus conscient, moins tête-heureuse, savoir, comprendre, connaître: les miracles aiment ce genre de terreau. Et savoir saisir le destin au vol, sans attendre, quand il passe, ce qu’on n’a pas fait en novembre 1976, — et le Québec ne cesse, depuis, de payer le prix de sa lubie, et le Parti Québécois de se payer notre tête. Et/ou la sienne propre ( je préfère ici ne pas mentionner Québec Solidaire — mais vous pouvez vous le mentionner en cliquant sur ce lien )
Sans compter la mise au ban de l’Indépendance, la mise au ban de l’expression «Québec Libre», la mise au ban de Pierre Bourgault par René Lévesque.
Sans compter le détournement, l’étouffement, l’enterrement, toujours par René Lévesque et l’intelligentsia péquiste, de la pétition d’initiative populaire de 1980-81, destinée au parlement de Londres, contre le rapatriement unilatéral de la constitution par Pierre E. Trudeau. Pétition comprenant des centaines de milliers de signatures, remise en main-propre à René Lévesque le 12 février 1981, au Salon Rouge, à Québec (j’étais là), et que René Lévesque a enterré dans les caves du Parlement québécois.
J’étais là. J’avais contribué à faire circuler la pétition et à recueillir des signatures comme des centaines, voire des milliers d’autres Canadiens-français (un “Québécois de souche” est un Canadien-français, point à la ligne, voire un Canadien, rigoureusement parlant).
Pétition enfouie sous les voûtes de l’édifice de l’Assemblée Nationale à Québec. Sous les ordres de René Lévesque. Centaines de milliers de signatures étouffées. Une trahison radicale de la population, quoi. On mentionne parfois 715 000 signatures (Ligne du temps, 12 février 1981). Au moment où la pétition était remise, on mentionnait un décompte apparemment en cours qui atteignait ou dépassait déjà 300 000 signatures.
Signatures masquées, étouffées, soufflées, par l’élite souverainiste officiellement opposée au rapatriement unilatéral de la Constitution canadienne par Pierre E. Trudeau, mais officieusement en faveur, de toute évidence — et ce, dans un mépris cynique, inouï, de sa propre population.
Mentionnons que la pétition était une initiative d’un groupe qui, à l’époque, s’appelait, tenez-vous bien : « Groupe Solidarité-Québec » (Ligne du temps, aller à 12 février 1981) — mais dont je ne faisais pas partie. ( Le parti politique contemporain Québec Solidaire a été fondé en 2006, fusion de deux groupes respectivement créés en 2002 et en 2004. )
Avez-vous remarqué que René Lévesque, qui avait banni Bourgault, n’a, par ailleurs, jamais fait grand-chose contre son ministre Claude Morin qui, lui, contre rémunération, espionnait le Parti Québécois pour la Gendarmerie Royale du Canada (donc pour la CIA)?
Peut-être parce que René Lévesque avait lui-même travaillé sous l’égide de l’OSS durant la Deuxième Guerre Mondiale — l’OSS qu’on devait appeler ensuite “CIA” après la guerre. Et on ne “quitte” pas la CIA “comme ça” — je veux dire qu’on n’en sort pas comme on peut sortir d’un cinéma au milieu d’un film.
Et surtout, les habitants du Québec, notamment les Canadiens-français, ont-ils tiré la ou les leçons de tout ça ?
Je pense que non.
À refaire. Cycles spiraloïdes. Tiens, à propos de cycles et de spirales, un peu-beaucoup de poésie (libre à vous) : La Stupéfiante Mutation de sa Chrysalide
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rhizome :
« Le rhizome a une fonction de réserve d’énergie et souvent joue le rôle de source de propagules.
« Le rhizome peut, dans certains cas, s’enfoncer profondément dans le sol et se ramifier considérablement et permettre ainsi la multiplication végétative de la plante, qui peut devenir proliférante ou traçante; c’est le cas par exemple du chiendent ou de l’iris.
« Il contribue au décolmatage des sols et sédiments superficiels, et donc à leur aération.
« Certaines plantes rhizomateuses creuses et à croissance rapide telles que des bambous ou certaines espèces de renouées (Renouée du Japon, Renouée de Sakkaline, renouée à épis nombreux) sont ainsi très favorisées et peuvent devenir invasives.
« Dans ces derniers cas, le transport de terre contenant des morceaux de rhizome, ou le transport et l’abandon dans la nature de morceaux de rhizomes sont sources de noyaux de nouvelles colonisations en taches parfois denses. » — https://fr.wikipedia.org/wiki/Rhizome
Relisez :
« .. le transport de terre contenant des morceaux de rhizome, ou le transport et l’abandon dans la nature de morceaux de rhizomes sont sources de noyaux de nouvelles colonisations en taches parfois denses.»
Image de la diaspora canadienne-française, essentielle à un “réseautage” vital du clan ou de la nation ou de la tribu. René Lévesque les a envoyés promener. Pas étonnant qu’il y ait surabondance d’errance dans les racines. Et Bock-Côté parle fort parce que cette errance est réduite au mutisme. Et parce que c’est un prophète. Les prophètes, souvent, parlent fort. On aime ou on n’aime pas. La question n’est pas là. Mais Bock-Côté entend-il toujours bien? Radical et politiquement correct ne font pas bon ménage. Ça fait balonner.
Question : l’Irlande aurait-elle accédé à l’Indépendance sans l’appui, l’aide, la solidarité vitale de sa diaspora, notamment américaine?
L’Agonie d’un chasseur, ou Les Métamorphoses du Ouatever (novella)
Rien n’est plus doux qu’un grand écueil où la folie enfin repose (poème)
Du commencement à la fin ou L’Oupanishad de l’ Ignorance
La Colombe et la Brisure Éternité — La Toupie, la Ballerine et le Miel. — La Licorne, poème venu d’une blancheur médiévale — Toutes les terrasses du monde s’ouvrent sur l’infini. On va prendre un café ensemble. — Monologue de l’âme-soeur — Lettre d’eau ou J’ai assez vécu pour savoir combien j’ai voulu être ici
Un jour, la prison de verre et de fer volera d’elle-même en éclats
Beaucoup de poèmes de Jacques Renaud ( Loup Kibiloki )
Suites poétiques, Loup Kibiloki ( Jacques Renaud ) : Les Enchantements de Mémoire – Sentiers d’Étoiles – Rasez les Cités – Électrodes – Vénus et la Mélancolie – Le Cycle du Scorpion – Le Cycle du Bélier – La Nuit des temps – La Stupéfiante Mutation de sa Chrysalide
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