Pâques à New York de Blaise Cendrars, la version intégrale. Tu reviens quand, Blaise?

Je lis Pâques à New York de Cendrars (la version intégrale est reproduite au bas de cet article).   Puis je lis Frère Alfus de Nelligan (un conte fantastico-religieux en vers).   Je trouve dans les deux poèmes la présence d’une sensibilité parente, une sorte « d’aura » médiévale.

Le poème de Cendrars est une prière soutenue, profondément touchante, simple, d’une grande beauté. Le poème de Nelligan est un conte très doux, tendre, naïf, attachant, où le déplacement dans le temps, la réalité de mondes parallèles ou d’autres plans de réalité sont explicites. Des deux poèmes se dégage cette « saveur médiévale » toute particulière, difficile à décrire.

Né en 1887, en Suisse, à Chaux-de-fonds - décédé à Paris en 1961. Son nom, à la naissance, était Frédéric-Louis Sauser. Les Pâques à New York datent de 1912. Adolescent, je connaissais le poème par coeur. C'est l'un des plus beaux poèmes qu'il m'ait été donné de rencontrer en cette existence, avec une vingtaine ou une trentaine d'autres. Salut, Blaise... Tu vas revenir?

Né en 1887, en Suisse, à Chaux-de-fonds – décédé à Paris en 1961. Son nom, à la naissance, était Frédéric-Louis Sauser. Les Pâques à New York datent de 1912. Adolescent, je connaissais le poème par coeur. C’est l’un des plus beaux poèmes qu’il m’ait été donné de rencontrer en cette existence, avec une vingtaine ou une trentaine d’autres. Salut, Blaise… Tu vas revenir?

Pâques à New York nous fait pénétrer loin, très loin dans la mémoire. Par la sensibilité. Par cette sorte de capacité qu’on a de percevoir par mouvement, par déplacement concentré de substance, de conscience perceptuelle. Sans cette capacité, vous aurez beau vous déplacer sur des milliers de kilomètres, en réalité vous ne bougerez pas. Dieu merci, tout le monde a cette capacité. Chez certains c’est peu ou pas développé, c’est tout. Ça se développe. Fréquenter la poésie aide à la développer. Il y a une manière de. Mais je poursuis.  Cendrars est un très grand voyageur, non seulement dans l’espace mais aussi dans le temps. Pas seulement dans le « passé ». Dans la Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France, il voyage dans le futur en invoquant le « grand Christ rouge de la révolution russe » (« Je pressentais la venue du grand Christ rouge de la révolution russe… Et le soleil était une mauvaise plaie qui s’ouvrait comme un brasier. ») : Cendrars publie la Prose en 1913, la Révolution russe a lieu quatre ans plus tard, en 1917 … Cendrars est un grand voyageur, un attachant, fascinant voyageur sur la terre, un voyageur de la sensibilité, de l’imagination, de la mémoire, du temps.

Cendrars est un grand voyageur du temps si l’on compare Pâques à New York à cet autre chef-d’oeuvre de Blaise qu’on vient d’évoquer, la Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France (on oublie tout le temps Jehanne quand on mentionne le poème, vous avez remarqué? le titre pourtant est clair: «et»; en d’autres termes, le titre pourrait tout aussi bien se lire « La Prose de la petite Jehanne de France et du transsibérien »). Celui qui écrit Pâques à New York et qui publie ce poème en 1912 est le même qui écrit La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France qui est publié en 1913. Cendrars traverse ici des siècles de sensibilité, des siècles de conscience, voire de cataclysmes de conscience, en moins d’un an. Cendrars traverse la mémoire et le temps tout autant qu’il traverse l’espace à pied, par train, par voiture, à cheval, par bateau. L’espace et le temps, pour moi, ne sont pas séparés chez Cendrars : Blaise vit pleinement dans l’espace-temps. Pas dans l’un ou l’autre. Il n’est pas le seul. Beaucoup d’êtres humains débouchent un jour dans cette conscience plus complète et plus large. Et c’est loin d’être la fin du voyage. Ce voyage qui est, en fait, une évolution – consciente ou pas.

Cendrars n’est pas « mort ». Il est toujours vivant. Tout comme Claude Gauvreau, Arthur Rimbaud (Je est un autre), et d’autres, connus, inconnus, méconnus, des proches, des      lointains … Leur sensibilité persiste, le degré de persistance dépendant de la qualité de conscience développée au fil du temps, « quelque chose » persiste, un quelque chose qui n’est pas une « chose ».

Hier Cendrars était ici (mars 2009). En Haute Matawinie. Curieux. Souriant. Amusé. C’est la deuxième fois qu’il surgit, comme ça, dans le champ de conscience. La première fois, c’était au début des années 1990s. J’habitais Ottawa. Et c’était pour le même bouquet réjouissant de raisons ou d’intérêts, ça tournait autour de l’écriture, de l’ordinateur, des codes, de la sorte de « poésie du computeur », les machines à calculer, ce genre de trucs … Cendrars semble très, très intéressé par les ordinateurs. On a « causé » un peu, silencieusement, du « small talk » (je ne sais jamais trop comment décrire ces choses).

Cendrars tente de bien percevoir, bien comprendre « c’est quoi l’truc » (ce truc qui diffuse, cette « machine » qui n’en est pas vraiment une, l’ordinateur – ça l’amuse, ça allume son intérêt, ça le fait sourire, l’écran, « comment tu fais ça … », il regarde l’écran).

On a fait le café. En fait, j’ai fait le café. Je suis un buveur de thé, mais là j’ai fait du café. Lui, il préparait autre chose. Il a voulu me faire goûter à quelquechose qu’il préparait au fond d’un verre en mixant le contenu avec une cuiller à thé. C’était foncé, ça faisait penser à un verre de café noir (ou rouge très, très foncé) marocain rempli au tiers, au fond duquel il avait ajouté je ne sais pas quoi – peut-être du sucre roux, tout simplement, mais j’ai l’impression que c’était autre chose. Il préparait ça pour moi, pour me faire goûter, comme moi je préparais le café « pour les deux ». Mais ça n’a pas marché, j’ai pas pu goûter ou boire sa mixture, je ne sais plus pourquoi. Comme dans la « vie ordinaire » (qui est une illusion, de toutes façons), on sait pas toujours pourquoi quoi. Faudrait que je revienne sur cette « mémoire ». Cendrars, son sourire sortait de partout. Pas pris le verre. En fait, j’ai pas fait assez attention. On se reprendra, Blaise. Pâques partout.

© Copyright 2009 Hamilton-Lucas Sinclair ( Loup Kibiloki, Jacques Renaud, Le Scribe ), cliquer

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Blaise Cendrars

Pâques à New York

à Agnès

Fléchis tes branches, arbre géant, relâche un
peu la tension des viscères,
Et que ta rigueur naturelle s’alentisse,
N’écartèle pas si rudement les membres du Roi
supérieur…

Fortunat

(traduction Remy de Gourmont, Le Latin Mystique.)

[Flecte ramos, arbor alta, tensa laxa viscera
Et rigor lentescat ille quem dedit nativitas
Ut superni membra Regis miti tendas stipite …

Fortunat, Pange lingua.]

Seigneur, c’est aujourd’hui le jour de votre Nom,
J’ai lu dans un vieux livre la geste de votre Passion,

Et votre angoisse et vos efforts et vos bonnes paroles
Qui pleurent dans le livre, doucement monotones.

Un moine d’un vieux temps me parle de votre mort.
Il traçait votre histoire avec des lettres d’or

Dans un missel, posé sur ses genoux.
Il travaillait pieusement en s’inspirant de Vous.

À l’abri de l’autel, assis dans sa robe blanche,
il travaillait lentement du lundi au dimanche.

Les heures s’arrêtaient au seuil de son retrait.
Lui, s’oubliait, penché sur votre portrait.

À vêpres, quand les cloches psalmodiaient dans la tour,
Le bon frère ne savait si c’était son amour

Ou si c’était le Vôtre, Seigneur, ou votre Père
Qui battait à grands coups les portes du monastère.

Je suis comme ce bon moine, ce soir, je suis inquiet.
Dans la chambre à côté, un être triste et muet

Attend derrière la porte, attend que je l’appelle!
C’est Vous, c’est Dieu, c’est moi, — c’est l’Éternel.

Je ne Vous ai pas connu alors, — ni maintenant.
Je n’ai jamais prié quand j’étais un petit enfant.

Ce soir pourtant je pense à Vous avec effroi.
Mon âme est une veuve en deuil au pied de votre Croix;

Mon âme est une veuve en noir, — c’est votre Mère
Sans larme et sans espoir, comme l’a peinte Carrière.

Je connais tous les Christs qui pendent dans les musées;
Mais Vous marchez, Seigneur, ce soir à mes côtés.

Je descends à grands pas vers le bas de la ville,
Le dos voûté, le coeur ridé, l’esprit fébrile.

Votre flanc grand-ouvert est comme un grand soleil
Et vos mains tout autour palpitent d’étincelles.

Les vitres des maisons sont toutes pleines de sang
Et les femmes, derrière, sont comme des fleurs de sang,

D’étranges mauvaises fleurs flétries, des orchidées,
Calices renversés ouverts sous vos trois plaies.

Votre sang recueilli, elles ne l’ont jamais bu.
Elles ont du rouge aux lèvres et des dentelles au cul.

Les fleurs de la Passion sont blanches, comme des cierges,
Ce sont les plus douces fleurs au Jardin de la Bonne Vierge.

C’est à cette heure-ci, c’est vers la neuvième heure,
Que votre Tête, Seigneur, tomba sur votre Coeur.

Je suis assis au bord de l’océan
Et je me remémore un cantique allemand,

Où il est dit, avec des mots très doux, très simples, très purs,
La beauté de votre Face dans la torture.

Dans une église, à Sienne, dans un caveau,
J’ai vu la même Face, au mur, sous un rideau.

Et dans un ermitage, à Bourrié-Wladislasz,
Elle est bossuée d’or dans une châsse.

De troubles cabochons sont à la place des yeux
Et des paysans baisent à genoux Vos yeux.

Sur le mouchoir de Véronique Elle est empreinte
Et c’est pourquoi Sainte Véronique est Votre sainte.

C’est la meilleure relique promenée par les champs,
Elle guérit tous les malades, tous les méchants.

Elle fait encore mille et mille autres miracles,
Mais je n’ai jamais assisté à ce spectacle.

Peut-être que la foi me manque, Seigneur, et la bonté
Pour voir ce rayonnement de votre Beauté.

Pourtant, Seigneur, j’ai fait un périlleux voyage
Pour contempler dans un béryl l’intaille de votre image.

Faites, Seigneur, que mon visage appuyé dans les mains
Y laisse tomber le masque d’angoisse qui m’étreint.

Faites, Seigneur, que mes deux mains appuyées sur ma bouche
N’y lèchent pas l’écume d’un désespoir farouche.

Je suis triste et malade. Peut-être à cause de Vous,
Peut-être à cause d’un autre. Peut-être à cause de Vous.

Seigneur, la foule des pauvres pour qui vous fîtes le Sacrifice
Est ici, parquée, tassée, comme du bétail, dans les hospices.

D’immenses bateaux noirs viennent des horizons
Et les débarquent, pêle-mêle, sur les pontons.

Il y a des Italiens, des Grecs, des Espagnols,
Des Russes, des Bulgares, des Persans, des Mongols.

Ce sont des bêtes de cirque qui sautent les méridiens.
On leur jette un morceau de viande noire, comme à des chiens.

C’est leur bonheur à eux que cette sale pitance.
Seigneur, ayez pitié des peuples en souffrance.

Seigneur dans les ghettos grouille la tourbe des Juifs
Ils viennent de Pologne et sont tous fugitifs.

Je le sais bien, ils t’ont fait ton Procès;
Mais je t’assure, ils ne sont pas tout à fait mauvais.

Ils sont dans des boutiques sous des lampes de cuivre,
Vendent des vieux habits, des armes et des livres.

Rembrandt aimait beaucoup les peindre dans leurs défroques.
Moi, j’ai, ce soir, marchandé un microscope.

Hélas! Seigneur, Vous ne serez plus là, après Pâques!
Seigneur, ayez pitié des Juifs dans les baraques.

Seigneur, les humbles femmes qui vous accompagnèrent à Golgotha,
Se cachent. Au fond des bouges, sur d’immondes sophas,

Elles sont polluées par la misère des hommes.
Des chiens leur ont rongé les os, et dans le rhum

Elles cachent leur vice endurci qui s’écaille.
Seigneur, quand une de ces femmes me parle, je défaille.

Je voudrais être Vous pour aimer les prostituées.
Seigneur, ayez pitié des prostituées.

Seigneur, je suis dans le quartier des bons voleurs,
Des vagabonds, des va-nu-pieds, des recéleurs.

Je pense aux deux larrons qui étaient avec vous à la Potence,
Je sais que vous daignez sourire à leur malchance.

Seigneur, l’un voudrait une corde avec un noeud au bout,
Mais ça n’est pas gratis, la corde, ça coûte vingt sous.

Il raisonnait comme un philosophe, ce vieux bandit.
Je lui ai donné de l’opium pour qu’il aille plus vite en paradis.

Je pense aussi aux musiciens des rues,
Au violoniste aveugle, au manchot qui tourne l’orgue de Barbarie,

À la chanteuse au chapeau de paille avec des roses de papier;
Je sais que ce sont eux qui chantent durant l’éternité.

Seigneur, faites-leur l’aumône, autre que de la lueur des becs de gaz,
Seigneur, faites-leur l’aumône de gros sous ici-bas.

Seigneur, quand vous mourûtes, le rideau se fendit,
Ce que l’on vit derrière, personne ne l’a dit.

La rue est dans la nuit comme une déchirure,
Pleine d’or et de sang, de feu et d’épluchures.

Ceux que vous aviez chassés du temple avec votre fouet,
Flagellent les passants d’une poignée de méfaits.

L’Étoile qui disparut alors du tabernacle,
Brûle sur les murs dans la lumière crue des spectacles.

Seigneur, la Banque illuminée est comme un coffre-fort,
Où s’est coagulé le Sang de votre mort.

Les rues se font désertes et deviennent plus noires.
Je chancelle comme un homme ivre sur les trottoirs.

J’ai peur des grands pans d’ombre que les maisons projettent.
J’ai peur. Quelqu’un me suit. Je n’ose tourner la tête.

Un pas clopin-clopant saute de plus en plus près.
J’ai peur. J’ai le vertige. Et je m’arrête exprès.

Un effroyable drôle m’a jeté un regard
Aigu, puis a passé, mauvais, comme un poignard.

Seigneur, rien n’a changé depuis que vous n’êtes plus Roi.
Le Mal s’est fait une béquille de votre Croix.

Je descends les mauvaises marches d’un café
Et me voici, assis, devant un verre de thé.

Je suis chez des Chinois, qui comme avec le dos
Sourient, se penchent et sont polis comme des magots.

La boutique est petite, badigeonnée de rouge
Et de curieux chromos sont encadrés dans du bambou.

Ho-Kousaï a peint les cent aspects d’une montagne.
Que serait votre Face peinte par un Chinois ? ..

Cette dernière idée, Seigneur, m’a d’abord fait sourire.
Je vous voyais en raccourci dans votre martyre.

Mais le peintre, pourtant, aurait peint votre tourment
Avec plus de cruauté que nos peintres d’Occident.

Des lames contournées auraient scié vos chairs,
Des pinces et des peignes auraient strié vos nerfs,

On vous aurait passé le col dans un carcan,
On vous aurait arraché les ongles et les dents,

D’immenses dragons noirs se seraient jetés sur Vous,
Et vous auraient soufflé des flammes dans le cou,

On vous aurait arraché la langue et les yeux,
On vous aurait empalé sur un pieu.

Ainsi, Seigneur, vous auriez souffert toute l’infamie,
Car il n’y a pas de plus cruelle posture.

Ensuite, on vous aurait forjeté aux pourceaux
Qui vous auraient rongé le ventre et les boyaux.

Je suis seul à présent, les autres sont sortis,
Je me suis étendu sur un banc contre le mur.

J’aurais voulu entrer, Seigneur, dans une église;
Mais il n’y a pas de cloches, Seigneur, dans cette ville.

Je pense aux cloches tues: — où sont les cloches anciennes?
Où sont les litanies et les douces antiennes?

Où sont les longs offices et où les beaux cantiques?
Où sont les liturgies et les musiques?

Où sont tes fiers prélats, Seigneur, où tes nonnains?
Où l’aube blanche, l’amict des Saintes et des Saints?

La joie du Paradis se noie dans la poussière,
Les feux mystiques ne rutilent plus dans les verrières.

L’aube tarde à venir, et dans le bouge étroit
Des ombres crucifiées agonisent aux parois.

C’est comme un Golgotha de nuit dans un miroir
Que l’on voit trembloter en rouge sur du noir.

La fumée, sous la lampe, est comme un linge déteint
Qui tourne, entortillé, tout autour de vos reins.

Par au-dessus, la lampe pâle est suspendue,
Comme votre Tête, triste et morte et exsangue.

Des reflets insolites palpitent sur les vitres…
J’ai peur, — et je suis triste, Seigneur, d’être si triste.

« Dic nobis, Maria, quid vidisti in via? »
– La lumière frissonner, humble dans le matin.

« Dic nobis, Maria, quid vidisti in via? »
– Des blancheurs éperdues palpiter comme des mains.

« Dic nobis, Maria, quid vidisti in via? »
– L’augure du printemps tressaillir dans mon sein.

Seigneur, l’aube a glissé froide comme un suaire
Et a mis tout à nu les gratte-ciel dans les airs.

Déjà un bruit immense retentit sur la ville.
Déjà les trains bondissent, grondent et défilent.

Les métropolitains roulent et tonnent sous terre.
Les ponts sont secoués par les chemins de fer.

La cité tremble. Des cris, du feu et des fumées,
Des sirènes à vapeur rauques comme des huées.

Une foule enfiévrée par les sueurs de l’or
Se bouscule et s’engouffre dans de longs corridors.

Trouble, dans le fouillis empanaché des toits,
Le soleil, c’est votre Face souillée par les crachats.

Seigneur, je rentre fatigué, seul et très morne …
Ma chambre est nue comme un tombeau …

Seigneur, je suis tout seul et j’ai la fièvre …
Mon lit est froid comme un cercueil …

Seigneur, je ferme les yeux et je claque des dents …
Je suis trop seul. J’ai froid. Je vous appelle …

Cent mille toupies tournoient devant mes yeux …
Non, cent mille femmes … Non, cent mille violoncelles …

Je pense, Seigneur, à mes heures malheureuses …
Je pense, Seigneur, à mes heures en allées …

Je ne pense plus à vous. Je ne pense plus à vous.

New York, avril 1912


Blaise Cendrars. Prose du Transsibérien (texte intégral). « En ce temps-là, j’étais en mon adolescence … »

Les Enchantements de Mémoire  – Sentiers d’Étoiles  –  Rasez les Cités  –  Électrodes  –  Vénus et la Mélancolie  –  Le Cycle du Scorpion  –  Le Cycle du Bélier  –  La Nuit des temps  –  La Stupéfiante Mutation de sa Chrysalide

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