La mémoire perçoit tout autour du corps, comme une sphère qui voit. La mémoire est sphériquement témoin de nos corps.
La conscience-témoin et la mémoire se joignent pour fixer l’image globale de moments importants de notre existence. De nos existences.
Les sphères de mémoires viennent parfois de très loin. De mémoires dont on n’avait plus mémoire. De mémoires dont on pensait qu’il était impossible qu’on puisse en avoir mémoire.
La mémoire nous «photographie», parfois comme en contre-plongée, d’un point-de-vue hors du corps physique. Elle capte tout l’environnement, y compris la personne physique.
La mémoire a quelque chose de «sphérique», avec une sorte de propulsion fine et vivante, quelque chose de conscient, souvent comme une émotion sans vagues, discrète et puissante en même temps, qui monte comme si c’était pour éclairer l’existence et signifier qu’elle, l’existence, la nôtre, n’a jamais cessé d’avoir du sens et d’être soutenue de loin, d’autour, par autre chose que nous.
De sphère de mémoire en sphère de mémoire, la conscience-mémoire nous récapitule à nous-mêmes. Les «sphères» de mémoire qui surgissent sont des moments de vérité qui n’ont rien à voir avec le prestige des choses. Il n’existe rien dans ces moments de vérité que l’on puisse identifier à ce que l’on considère ordinairement comme «important», ou «pas important». Mais ça doit l’être. Du moins pour l’individu.
Ces sphères de vérité sont singulières, uniques. Elles sont uniques dans l’histoire de l’univers. Mais elles ne sont pas isolées. Ou alors ce sont des îles que les eaux lient, comme la mémoire recueille et lie tout ce qui vole, tout ce qui vit, médite, pense, nage.
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