« La cause de la mortalité des abeilles enfin résolue! » Faux contenu, Titre vraisemblable. Ou : Comment désinformer.

Petite autopsie d’une fausse nouvelle

ou d’une blague

ou d’une fausse blague dont l’intention réelle serait de désinformer en embrumant

À vous de juger.

Abeilles_Bees_Collecting_Pollen_

©Photo pdphoto.org


La “nouvelle” dont le texte est reproduit en entier ci-dessous est fausse.  J’en commente le texte en entier plus bas :

[ début ]

« L’Agroscope apporte la preuve que le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles constaté depuis 1998 n’est pas dû aux pesticides.

« Contrairement à ce que soupçonnait la majorité des apiculteurs, les produits phytosanitaires ne sont pas en cause. C’est un acte volontaire d’une  firme américaine spécialisée dans les biotechnologies agricoles implantée à Morges depuis janvier 2004.

« L’enquête qui a débuté au printemps 2002, suite à une plainte d’associations d’apiculteurs livre ses conclusions qui sont sans appel. Monsanto a organisé délibérément l’enlèvement puis l’extermination de l’Apis mellifera en Europe.

« Les documents internes dérobés à la firme ainsi que des vidéos prises par la publication scientifique démontrent la stratégie machiavélique de la société. Une grande partie de ses 19’000 employés répartis dans plus de 60 pays infiltrait méthodiquement toutes les associations d’apiculteurs afin de poser des ruches piégées. La manoeuvre visait la mise en vente sur le marché dès 2015 d’un agent pollinisateur industriel nommé le Popo-265.

« Monsanto, contactée par la rédaction, s’est refusée pour le moment à tout commentaire. »

[fin de l’article de 24 matin;  source : La cause de la mortalité des abeilles enfin résolue!  4 avril 2014 ]


La rédaction et la diffusion de l’article reproduit ci-dessus pourrait vraisemblablement provenir d’un désinformateur-qui-joue-les-pince-sans-rire.

J’ai trouvé le phénomène intéressant à analyser.

Autre chose :  le désinformateur n’est pas exclusivement celui ou celle qui a rédigé l’article.  Même pas nécessairement (quoique..).  L’article semble surtout acquérir ses qualités désinformantes par changement de contexte — ou de site.  Les qualités désinformantes existent déjà potentiellement mais sont “catalysées”, ou augmentées,  par changement de contexte.  La nouvelle a été reprise à plusieurs endroits sur internet, facebook, etc., il y a un peu plus de deux mois.

Chose certaine, le phénomène est intéressant à commenter et à observer.

Les faits cités dans l’article en question sont introuvables sur L’Agroscope (en tout cas je ne les ai pas trouvés) quand on se rend sur ce site cité comme source par l’article de 24 Matin, (24 matin affirme citer L’Agroscope, en Suisse).  L’Agroscope n’a visiblement rien à voir avec tout ça.

Ça rend la soit-disant blague (ou “blague”) dommageable à l’endroit de la réputation de L’Agroscope car ce n’est pas tout le monde qui se donne la peine d’aller voir si l’information de 24 Matin, diffusée le 4 avril 2014, est réelle ou non, ou recèle quelque fondement.

La vérité est que les pesticides affectent les abeilles et les tuent, contrairement à ce que dit la nouvelle invérifiable de 24 matin qui affirme que

« contrairement à ce que soupçonnait la majorité des apiculteurs, les produits phytosanitaires ne sont pas en cause

Parmi une douzaine de facteurs de la mort prématurée des abeilles, on sait que les pesticides tiennent une place importante comme on peut le lire dans cet autre article, cette fois du Devoir, qui se réfère à un document des Nations-Unies :

« En 2011, le programme des Nations unies pour l’environnement avait dénombré douze facteurs pouvant expliquer la mortalité des abeilles, surtout dans l’hémisphère nord industrialisé : outre les pesticides, il pointait surtout du doigt la pollution de l’air, la réduction du nombre de plantes à fleurs … D’autres spécialistes blâment l’extension de la monoculture, qui amenuise la diversité de la flore nécessaire aux abeilles, et du même coup leur résistance immunitaire. »  —  Arrêtez de raser les parterres et de massacrer les plantes sauvages  et  Agence France-Presse, Le Devoir, 10 mai 2013.


Quand on va sur le site de 24 matin, que je ne connaissais pas, et qu’on accède à la liste des articles reproduits sous le nom de «Tima» et qu’on en lit quelques-uns, l’invraisemblance du traitement des sujets, disons, n’y “hurle” pas (je n’ai lu que deux ou trois articles).  Le traitement, le style, sont plutôt moderato cantabile, plutôt matter of fact, le ton est “factuel”, “mine de rien”, le ton ne fait pas dans la gonflette, la métaphore outrancière, l’agitation des baguettes.  Du “pince-sans-rire”, disons.  Mais du “pince-sans-rire” poussé très loin, souvent à peine perceptible.  Ce qui fait que dans un autre contexte que celui de 24 matin, certains de ces articles peuvent être pris au sérieux par beaucoup de gens.  Pendant un temps.  Ce qui n’empêche évidemment pas l’effet “mémoriel-subliminal” de se prolonger au-delà de l’effet immédiat.

Qui a eu l’idée, le premier, de reprendre et de diffuser l’article reproduit sur 24 matin, sur les abeilles et sur Monsanto, c’est-à-dire dans un contexte autre que celui de 24 matin, mais sans souligner que c’était de la fiction?  Ou sans le réaliser sur le coup?  Je ne sais pas.

Ceci dit, dans un contexte autre que celui de 24 matin (et même dans ce contexte-là, à la limite), le contenu de l’article peut faire du chemin.  La preuve, il en a fait.  L’article a été repris par un premier site, puis par quelques autres, etc.  Chose certaine, le rédacteur sait manipuler le ton, le vocabulaire, etc.  La composition de l’article convenait parfaitement à des fins de désinformation ou de brume informationnelle, mais surtout, et peut-être essentiellement, en étant repris ailleurs.

Et..  Et pourtant.  Et si c’était vrai, comme le dit l’article de 24 matin, que « Monsanto a organisé délibérément […]  l’extermination de l’Apis mellifera en Europe.»?  Et ailleurs ?  Ça vous étonnerait?  Moi, pas..

Bien sûr, le rédacteur écrit que « Monsanto a organisé délibérément l’enlèvement puis l’extermination de l’Apis mellifera en Europe. »  Le mot «enlèvement» peut sonner ridicule — et c’est l’intention de l’article : introduire un élément ridiculisant (l’enlèvement) en l’apposant à l’évocation d’une réalité, elle, vraisemblable (le processus d’extermination) et qui n’a rien de ridicule.  Encore une fois, on peut le constater simplement en faisant sauter «enlèvement»;  lisez  : « Monsanto a organisé délibérément […] l’extermination de l’Apis mellifera en Europe. »  Un mot de moins, et le ridicule s’envole, le vraisemblable s’impose. Un mot de plus, et le vraisemblable est affecté, le ridicule reprend le dessus.


Je reproduis de nouveau ci-dessous l’article diffusé sur le site de 24 matin en l’entrecoupant de commentaires [ entre crochets ].  Les italiques, les gras, sont de nous :

[début de l’article]

« L’Agroscope apporte la preuve que le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles constaté depuis 1998 n’est pas dû aux pesticides [ faux, comme on l’a vu plus haut].

« Contrairement à ce que soupçonnait la majorité des apiculteurs, les produits phytosanitaires ne sont pas en cause  [re-faux, comme on l’a vu plus haut].   C’est un acte volontaire d’une firme américaine spécialisée dans les biotechnologies agricoles implantée à Morges depuis janvier 2004 [je n’ai pas vérifié l’existence d’une telle firme; vraisemblablement faux].

[ En fait, à peu près tous les éléments du scénario décrit dans cet article de 24 Matin sont très, très vraisemblablement dénués de fondement.  Quoique.  J’y reviens plus bas. ]

« L’enquête qui a débuté au printemps 2002, suite à une plainte d’associations d’apiculteurs, livre ses conclusions qui sont sans appel.  Monsanto a organisé délibérément l’enlèvement puis l’extermination de l’Apis mellifera en Europe.

[ Voir plus haut, dans mon article, à propos de « enlèvement », etc. ]

 « Les documents internes dérobés à la firme ainsi que des vidéos prises par la publication scientifique démontrent la stratégie machiavélique de la société. Une grande partie de ses 19 000 employés

[ Commentaire :  l’expression «..une grande partie» n’est pas un élément d’invraisemblance, comme on pourrait le croire après coup, un piège dans lequel seuls des naïfs pourraient tomber.  Par exemple, le mot «plusieurs» s’applique à partir du nombre 2 — même si, subliminalement, ce n’est pas à «deux» qu’on pense quand on lit «plusieurs», c’est à plus que ça — mais le nombre est indéfini.  C’est semblable avec l’expression «une grande partie».  Qui peut dire combien d’individus composent «une grande partie»?  Cent, deux cents..?  «Une grande partie», c’est pas un nombre.  Qui va fixer ce nombre dans les esprits?  L’auteur de l’article..  La majeure partie des gens ne retient que l’impression que produit subliminalement le nombre qui vient après «une grande partie de» :  soit le nombre «19 000».  L’expression «une grande partie de» est éliminée et devient subliminalement et exclusivement «19 000» pour un grand nombre de lecteurs, vraisemblablement pour une majorité des lecteurs. Et alors, après coup, on dira «mais c’était évident que c’était faux, voyons!, 19 000 !  Seuls des naïfs ont pu croire ça, etc.»  Pas si sûr. ]

« … répartis dans plus de 60 pays

[ Commentaire :  On s’exclamera, après coup, que « c’est évident, voyons!, c’est faux, cet article, ça ne tient pas debout, «dans plus de 60 pays»! C’est ridicule! Qui a pu croire ça?»  Rien d’invraisemblable ici, surtout à notre époque mondialisante :  60 pays, c’est moins du tiers des 197 États reconnus par l’Onu.. ]

« … infiltrait méthodiquement toutes les associations d’apiculteurs…

[ Commentaire  :  À mon oreille, impression immédiate, le mot «toutes» soulève le début d’un doute.  Mais ça, ça dépend des gens.  Les infiltrations d’associations, j’ai vu ça dans ma vie — vous aussi vraisemblablement, c’est courant.  L’invraisemblance n’est peut-être pas inaudible, ici, mais elle est très loin de “hurler”.  ]

« … afin de poser des ruches piégées.

[ Commentaire  :  Impression immédiate, subliminale : un doute.  Chez plusieurs, un gros doute.  Chez moi : un gros, gros doute, puis un silencieux phoqiou, et là, je vais vérifier sur le site de L’Agroscope.  En tout cas, le bout de phrase peut subliminalement soulever le doute (ce qui ne signifie pas, quand ça se produit, que le doute soit nécessairement fondé).  Le bout de phrase peut soulever le doute mais pas chez tous.  Pourtant, il est difficile d’imaginer les agents en question installant secrètement des ruches.  Une ruche, c’est semblable à une grosse boîte.  Mais on peut passer par-dessus le bout de phrase en se disant que cette formule grosse exprime un fait ou une activité concrète plus complexe, etc., on peut se dire que c’est une formule métaphorique.  On se met des coussins perceptuels..  On sait jamais..  Par ailleurs, des expressions comme «afin de piéger les ruches», ou «afin d’ensemencer les ruches», ou «afin d’ensemencer génétiquement les ruches», dans le contexte de l’article, auraient été plus vraisemblable que «poser des ruches piégées».  Avec l’expression «poser des ruches piégées», l’arnaqueur signale qu’il est en train de vous arnaquer.  Car l’arnaqueur le signale toujours.  Consciemment ou pas.  Et on le perçoit toujours.  Mais la plupart du temps, on en tient pas compte.  On le réalise après.. ]

« La manoeuvre visait la mise en vente sur le marché dès 2015 d’un agent pollinisateur industriel nommé le Popo-265.

[ Commentaire :  Les “produits” biogénétiques et la recherche dans le domaine se multiplient, progressent.  L’appellation «Popo-265» peut sonner ridicule aux oreilles de certains, mais elle n’est pas d’une invraisemblance telle que la crédulité ne puisse la surmonter :  je vous laisse chercher vous-mêmes des noms de produits ou des acronymes ridicules ou sans queue ni tête, ça ne manque certainement pas.  De plus, «popo» semble signifier «excrément» en Europe francophone.  Mais pas partout dans le monde.  J’ai dû vérifier le sens, j’ignorais l’existence du mot.  Maintenant j’en ris :0  Il reste que le mot «popo» (marrant après coup) a plusieurs sens différents dans diverses langues, je l’ai découvert en cherchant sur internet. De plus, dans mon coin du monde, je ne l’avais jamais entendu ou lu .. ]

« Monsanto, contactée par la rédaction, s’est refusée pour le moment à tout commentaire. »

[ Commentaire : Vraisemblable pendant un certain temps. ]

[ Commentaire  :  La facture de l’article de 24 matin est fort semblable, par mimétisme formel, à celle de centaines ou de milliers d’autres articles diffusés par des agences de presse ou des sites où les contenus peuvent être véridiques, ou en bonne partie véridiques, ou être faux, mais pas nécessairement sciemment faux. ]

[fin de l’article de 24 matin; url : La cause de la mortalité des abeilles enfin résolue! ]


PS

Des notes en dents de scie.

Plus je le relis, plus l’article me semble avoir été écrit sciemment dans un but de désinformation pour embrumer la “problématique” de la diminution dramatique des colonies d’abeilles dans le monde.  Cui bonoÀ qui profite la brume? À qui profite la blague embrumante?  À quels naufrageurs ?


Relisons l’extrait suivant du quotidien Le Devoir (Montréal, Québec), déjà cité, portant sur la tragédie des abeilles (une tragédie qui est ou sera aussi la nôtre) :

Près d’un tiers des colonies d’abeilles ont été décimées l’hiver dernier aux États-Unis  (Le Devoir, Montréal, 8 mai 2013) :  « En 2011, le programme des Nations unies pour l’environnement avait dénombré douze facteurs pouvant expliquer la mortalité des abeilles, surtout dans l’hémisphère nord industrialisé: outre les pesticides, il pointait surtout du doigt la pollution de l’air, la réduction du nombre de plantes à fleurs et un parasite mortel (le varroa). D’autres spécialistes blâment l’extension de la monoculture, qui amenuise la diversité de la flore nécessaire aux abeilles, et du même coup leur résistance immunitaire.» 

Rien que sur le site du Devoir, voici ce qu’on trouve en cherchant «abeilles» (cliquer) et sur  Google en cherchant «abeilles pesticides» (cliquer).

Encore une fois j’ai cherché la fausse nouvelle («La cause de la mortalité des abeilles enfin résolue») sur internet et on ne trouve pas cette nouvelle, ou les éléments qu’il contient, sur L’Agroscope, cité comme source ( vous pouvez chercher : http://www.agroscope.admin.ch/aktuell/index.html?lang=fr ).  Si vous trouvez, dites-le moi.


La fausse nouvelle citée plus haut a probablement été plantée sur internet pour faire passer les gens qui dénoncent Monsanto, —  et qui citeront (ou ont cité) l’article,  —  pour des gobeurs, des menteurs, n’importe quoi, et détourner ainsi l’attention de la nocivité réelle des pesticides et des produits Monsanto, réellement responsables, pour une large part, de la mort des abeilles.

Le truc est plus efficace qu’on pense : on parvient ainsi à faire en sorte qu’on ne croira plus, pendant parfois longtemps, très longtemps, même, quelqu’un qui sera tombé dans le piège de croire l’article et de le diffuser  —  mais qui, autrement, pour le reste, continuera pourtant à dire des vérités importantes.  L’efficacité du procédé réside, en partie seulement, dans l’effet immédiat;  mais bien plus encore, l’efficacité du procédé réside dans la durée subliminale de l’effet embrouillant après coup.  On pourrait parler de “sédimentation subliminale”.  Dans le mot «sédimentation», j’entends toujours, dans la première syllabe, le mot anglais «seed», semence.  Ce genre d’article tient de «l’ensemencement»…


«.. on ne reconnaît l’or qu’à l’application de la pierre de touche» — Walter Scott, Ivanhoe

« Le malheur est la pierre de touche de l’amitié.» Proverbe.

Le truc du désinformateur-qui-joue-les-blagueurs est de semer le chaos en dosant vraisemblance, invraisemblance, fausseté factuelle, et éventuellement de provoquer le persifflage contre ceux qui se seront laissés piéger par le procédé.

Le désinformateur-qui-joue-les-blagueurs est une petite ordure qui brouille tout ce qu’il touche.

Par exemple, c’est celui qui s’amuse à dire à votre voisinage que vous êtes un ancien récidiviste — ou encore que vous travaillez pour la police (il choisit le mensonge qui peut vous nuire le plus, il “ensemence” l’entourage), et qui, pendant des années, va saboter votre existence à votre insu..   Il y a des gens qui font ça avec moi depuis des années.  Ce sont souvent des agents provocateurs.  Dans la hiérarchie de ce genre de services, ils se situent au niveau de la pissotière.  Ces gens sont aussi une sorte de pierre de touche en ce que ces petites ordures nous poussent à vérifier les faits, à varloper notre naïveté, à raffiner notre perception, à explorer mieux les arcanes et ces mouvements de la psyché dont nous ne sommes pas, ou mal, conscients.

Des corporations utilisent souvent des idiots utiles et bénévoles ou des experts payés pour se livrer ainsi à des “blagues” (qui ne sont pas diffusées “juste pour rire”) et à la désinformation sur internet (Yahoo, notamment, le fait, d’une autre manière, de manière intermittente, pour certains articles sur mon blog .. )

Sur internet, on les appelle souvent des trolls.


Je me suis laissé prendre un moment par l’article de 24 matin.  Pas trop longtemps.  Mais quelques heures, tout de même.  J’admets.  Faut dire que j’étais tombé sur l’article “par hasard” et que je l’avais lu distraitement, ce n’était pas à ce moment-là l’objet de ma recherche.  Après coup, le commutateur de l’instinct, discret, pas harcelant, mais d’une persistante présence, s’est mis à clignoter doucement.

La faille qui a fait que j’ai adhéré pendant quelques heures au contenu de l’article de 24 matin est qu’en un sens, les pesticides qui tuent les abeilles, c’est Monsanto qui, non seulement LES FABRIQUE, mais LES IMPOSE.  Or l’article dit que ce ne sont pas les pesticides qui sont responsables, mais que c’est quand même Monsanto qui est responsable..  Un habile mixage fausseté-vraisemblance.  Aussi parce que le sujet des ogm est devenu un sujet connu, qui ne surprend plus.  L’aura de fantastique a disparu.  Il n’y a pas si longtemps, quelques années, les ogm, ça tenait encore de la science-fiction.  C’est maintenant une technologie appliquée dont la sinistre barbarie se raffine.  Tout ce qu’on peut en dire aujourd’hui semble donc possible.

C’est là que la désinformation peut se faufiler.

La désinformation est un art très ancien qui joue sur des nuances et des subtilités et des ressorts psychologiques et sait les manipuler.

Voltaire, de son côté, disait à peu près : «Mentez, mentez, il en restera toujours quelquechose..»

C’est ça, l’idée du désinformateur : qu’il en reste quelquechose.


Aparte :

Il existe aussi parfois une autre dimension à ce genre d’article, une dimension qui, très souvent, la plupart du temps, en fait presque toujours, échappe à la fois à l’auteur lui-même comme à la majorité des lecteurs, même les plus analytiquement intelligents.

Je ne dis pas que c’est nécessairement le cas pour l’article de 24 matin dont il est question ici, mais ce n’est pas non plus à exclure complètement.  J’évoque cette autre dimension, en passant, en mentionnant ceci : Morgen Robertson a écrit et publié en 1898 son fameux roman, Futility, or The Wreck of the Titan, qui décrit dans le détail le naufrage du Titanic lequel se produisit 14 ans plus tard en 1912.  L’acte d’écrire est plein de surprises (Gurdjieff, Ouspensky, Jung : On comprend vraiment ce qu’on écrit?)  et on capte parfois à notre insu des “choses” bien réelles du passé, ou du présent, ou du futur (le temps n’est pas de l’espace, il n’a, en réalité, pas d’au-dessus, de derrière (!), de devant), et on peut même le faire en pensant qu’on est en train de faire une bonne blague — ou, à la limite, en pensant qu’on “désinforme” ou, plus simplement, qu’on “s’amuse”.

En fait, la blague, c’est parfois la réalité elle-même, dans sa dynamique complexité, qui est en train de nous la jouer à notre insu (ce n’est pas sans quelque analogie avec la dynamique du lapsus), ne serait-ce que pour nous enseigner, entre autres choses, que «Je est un autre».  Souvent.  Ou que le vrai moi n’est pas mental ..  Mais c’est une autre histoire.


Dernière pensée pour finir.  Si jamais j’ai un de ces désinformateurs-qui-jouent-les-blagueurs en face de moi, je lui sers, avec un grand sourire désinformant, un grand verre de pesticide bien frais abondamment sucré à l’aspartame.

Et au bout d’un moment, quand il aura tout avalé et qu’il commencera à se sentir tout drôle, je lui dirai : « C’était rien qu’une blague. »

( En fait, rassurez-vous, je ferais jamais ça, c’est rien qu’une blague. )


© Copyright 2009 Hamilton-Lucas Sinclair (Loup Kibiloki, Jacques Renaud, Le Scribe),  cliquer


Document Flaherty : Le Canada entend autoriser les banques à saisir l’argent des clients pour se renflouer (bail-in)


Arrêtez de raser les parterres et de massacrer les plantes sauvages. Plus de 500 espèces de plantes en danger au Québec.     –    Terrorisme domestique et destruction de potagers par les municipalités : Aux profits de quel lobby ?   –    Invasions de domiciles : Tout se passe comme si on voulait abolir la légitime défense.

Formule 1 et chaises roulantes : Non à la pollution sonore et sciante


Loup Kibiloki ( Jacques Renaud )  :    Plusieurs suites poétiques de Loup Kibiloki ( Jacques Renaud )   –  Beaucoup de poèmes de Jacques Renaud ( Loup Kibiloki )  –  Des poèmes à Shiva –   Des histoires, des comptines, des contes.  En prose ou en versets libres.  Parfois bizarres, parfois pas.   –   Toutes les terrasses du monde s’ouvrent sur l’infini. On va prendre un café ensemble. Poème. « Toujours, tu rencontreras Rimbaud dans les rues vermillonnes et safranées de Marrakech … »


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21 Responses to « La cause de la mortalité des abeilles enfin résolue! » Faux contenu, Titre vraisemblable. Ou : Comment désinformer.

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  4. musael says:

    Ta citation mise en exergue est… absolument… absolument…. absolue… les mots sont impuissants. Disons qu’elle ouvre un gouffre pour dire le moins, un beau gouffre sur l’ignorance que nous avons de la vie. Mais gouffre n’est peut-être pas le bon mot.

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    • Je ne sais trop quoi en dire moi aussi. Ou alors ce serait trop long .. ) Elle contient beaucoup.

      À bientôt.

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      • musael says:

        Effectivement, il serait long et laborieux d’élaborer sur cette métaphore (*méta-amphore), c’est-à-dire, une amphore qui contient du méta-sens. Évidemment, chacun y trouve son compte (et son sens) pour peu qu’elle aborde sa propre sémiotique. Et quand cela se produit, l’endocrinien se met en mode euphorique. Or l’euphorie, c’est ce qui m’importe. Malgré ou peut-être à cause que le pétale est au fait de son destin.

        * que je traduis en français par Dive Bouteille. Honneur à Rabelais!

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  5. musael says:

    Soit dit en passant, le poète est mort ; il n’a pas survécu à l’insanité du monde. D’ailleurs, je suis peut-être mort moi-même. Ça arrive parfois que les gens meurent et continuent d’exister un certain temps.

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  6. musael says:

    Tu prêches à un converti! Prêches, avec ou sans accent?

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  7. musael says:

    Soit dit en passant, ne crois-tu pas que Gaïa – si elle est un être conscient – n’aurait pas déjà éliminé l’espèce humaine si elle était une menace à sa survie?

    Je sais, je nage en plein délire mystico-chamanique.

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    • Je vais te répondre (repondre — Gaïa repondrait, je penses, sans accent aigu, cool) indirectement :

      Comment l’être humain est-il né des plantes ?

      L’homme mange le boeuf qui mange les plantes. Pas de plantes, pas de boeuf. Pas d’boeuf, pas d’être humain. Pour les végétariens, c’est encore plus clair.

      La vie animale sur terre n’aurait pu apparaître sans les plantes et les insectes.

      Question : Comment les plantes et les insectes (qui produisent le topsoil) sont-elles nées du roc — et sans topsoil (ou si peu) ?

      Chose certaine, Gaïa a une histoire longue, mouvementée, fort mystérieuse (et Darwin peut aller se rhabiller et rentrer avec son singe).

      Par ailleurs, je te mentionne (ce qui te comblera de bonheur, et c’est pour ça que je le mentionne) que les abeilles et les guêpes et les papillons — surtout les abeilles — butinent dans une clairière pleine de plantes sauvages (verges d’or, épilobes aux fleurs mauves, maïanthèmes à grappes, brosses à dents, chicorée sauvage, fleurs de cerisiers, mélillot blanc, etc.) Je les vois chaque fois que j’y vais. Ça buzze.

      Quant à la disparition ou à la survie de l’humanité, Gaïa ne s’en inquiète pas. Les êtres humains peuvent très bien parvenir à l’un ou à l’autre par eux-mêmes.

      Sans avoir jamais résolu les mystères des sauts qualitatifs et des apparitions évoqués plus haut. Ce qui serait bête, évidemment.

      Mais si Gaïa l’a déjà fait (passer des plantes à la vie animale), quelquechose d’autre jaillira d’elle. Par immanence. Parce que quelquechose descend en elle et la féconde au moment même où j’écris ça. C’est, je pense, en train de se faire, mais c’est tellement discret — et nous aimons tellement le bruit .. Il suffit pourtant de rester tranquille certains moments pour sentir “la chose” nous envelopper comme un velours. Nous pouvons choisir l’inverse — mais la nouvelle conscience est là. Elle ne fait pas tarattatam boum boum beu!, n’a pas d’isme, ne fait pas les manchettes, elle est simple simple, simple, simple et nous enveloppe quand on est attentif. Peu importe à quoi.

      Je salue le poète. Ciao.

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      • Pierre Martin says:

        Ton jeu de mots tombe à plat, et si tu cherches à me reprendre sur mon français, je te le concède volontier.

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        • ?? “repondre”, c’est pondre de nouveau. Tout simplement. Si l’humanité disparait, on peut penser que si Gaïa en a déjà pondue une une fois, elle repondra. Évidemment, c’est purement hypothétique — mais vraisemblable.

          (Quant au français, soyons modeste : ce n’est ni ton français ni le mien, c’est le français.)

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  8. musael says:

    Une autre possibilité, celle-là soutenue par le Tao :
    À chaque instant, par tes choix, tu te trouves à changer de “time line” (il me semble que c’est David Wilcock qui parle de ces fameuses “time lines” dans une perspestive de neo-science). Mais, voilà le paradoxe, ces lignes temporelles (spacio-temporelles) même si tu ne les choisis pas – et par conséquent, ne les connais pas – d’autres Toi les vivrais. Par exemple, je suis persuadé qu’il existe dans une autre réalité spacio-temporelle un Toronto francophone, voire une Amérique au grand complet. À travers ces Univers parallèles la conscience ferait l’expérimentation de tout les possibles. N’est-ce pas la nature de Dieu d’être infini? Alors pourquoi se limiterait-il à un seul Univers avec un seul scénario? Mais le fait qu’il puisse exister des milliards de scénarios n’exclut pas qu’ils soient déjà écrit de toute éternité. Ce ne serait que ta conscience qui voyage à travers celui qu’elle s’est choisi.

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  9. musael says:

    Cesse tes larmes mon frère ; tout est écrit!

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    • Cesse tes poses, mon frère. Tout s’écrit à chaque instant. T’as jamais remarqué ? Si tout était écrit, le Divin ne serait pas le Divin, mais un minable petit robot analphabète sous la tutelle pré-programmante de Bill Gates ou d’un âne errant dans un désert de feuillets rédigés sous la dictée rigoriste d’une bande de mûles censurantes ou mektoubantes ..

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      • musael says:

        Et si le Divin avai bien voulu, dès le début, laissé “s’écrire” l’histoire? Par je ne sais quelle nécessité. En la matière, chacun a pour soi le bénifice du doute d’où l’inutilité des insultes. Dans l’Islam, il est dit que dès le début du monde, Dieu savait les noms de chacun de ceux qui entreront en Paradis. Dans ce grand paradoxe divin, qui sait si la liberté n’est pas qu’une marque de yogourt!
        En tout cas un sentiment comme un autre. Or les entiments sont déjà des programmations. Et comme je disais déjà sur mon blog : le sentiment que j’ai de ma liberté n’est en rien garant de celle-ci ; se sentir libre ne signifie pas qu’on le soit. C’est un peu iconoclaste, j’en conviens, mais n’est-il pas utile de remettre en question toute certitude?

        Salutations1

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