Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps – René Guénon.

René Guénon.

« … car tout ce qui existe en quelque façon que ce soit, même l’erreur, a nécessairement sa raison d’être, et le désordre lui-même doit finalement trouver sa place parmi les éléments de l’ordre universel. »  —  René Guénon, Avant ProposLe Règne de la quantité et les signes des temps.

Note : René Guénon étant décédé en 1951, son oeuvre est entrée dans le domaine public au Canada en 2001, soit cinquante ans après le décès de l’auteur.

Par ailleurs, l’oeuvre est diffusée ici under fair use.

1

La principale raison qui m’a poussé à diffuser Le Règne de la quantité et les signes des temps de René Guénon sur mon blog est que le texte est devenu difficile à trouver en bibliothèque là où j’habite. Je me dis que c’est peut-être le cas ailleurs — peut-être pas partout, mais qu’importe, comment savoir?

Par ailleurs, je crois noter que depuis la publication du Règne de la Quantité ici (under fair use, toujours) et la publication de cet article, des formats pdf du Règne de la Quantité et d’autres oeuvres de Guénon ont commencé à circuler sur internet. Je ne cherchais peut-être pas bien sur internet : – ) , quoi qu’il en soit, il faut s’en réjouir.

À tout événement, je diffuse toujours l’ouvrage ici :

Le Règne de la quantité et les signes des temps

Avant Propos de René Guénon

Chapitres I  à   X   [1 à 10] – ce qui comprend les chapitres suivants: Chapitre I  [1] – Qualité et quantité; Chapitre II  [2] – «Materia signata quantitate»; Chapitre III [3] – Mesure et manifestation; Chapitre IV  [4] – Quantité spatiale et espace qualifié; Chapitre V  [5]  – Les déterminations qualitatives du temps; Chapitre VI  [6] – Le principe d’individuation; Chapitre VII  [7] – L’uniformité contre l’unité; Chapitre VIII  [8] – Métiers anciens et industrie moderne; Chapitre IX  [9]  – Le double sens de l’anonymat; Chapitre X  [10] – L’illusion des statistiques.

Chapitres XI  à  XX   [11 à 20] – ce qui comprend les chapitres suivants: Chapitre XI   [11] – Unité et «simplicité»; Chapitre XII  [12] – La haine du secret; Chapitre XIII  [13]  –  Les postulats du rationalisme; Chapitre XIV  [14]  –  Mécanisme et matérialisme; Chapitre XV  [15] – L’illusion de la «vie ordinaire»; Chapitre XVI  [16] – La dégénérescence de la monnaie; Chapitre XVII  [17] – Solidification du monde; Chapitre XVIII  [18] – Mythologie scientifique et vulgarisation; Chapitre XIX  [19] – Les limites de l’histoire et de la géographie; Chapitre XX  [20] – De la sphère au cube.

Chapitres XXI à XXX  [21 à 30] –  ce qui comprend les chapitres suivants: Chapitre XXI [21] – Caïn et Abel; Chapitre XXII  [22] – Signification de la métallurgie; Chapitre XXIII  [23] – Le temps changé en espace; Chapitre XXIV  [24] – Vers la dissolution; Chapitre XXV  [25] – Les fissures de la Grande Muraille; Chapitre XXVI  [26] – Chamanisme et sorcellerie; Chapitre XXVII  [27]  – Résidus psychiques; Chapitre XXVIII  [28]  – Les étapes de l’action antitraditionnelle; Chapitre XXIX   [29]  – Déviation et subversion; Chapitre XXX  [30]  –  Le renversement des symboles.

Chapitres XXXI à XL  [31  à  40] – Ce qui comprend les chapitres suivants: Chapitre XXXI [31] – Tradition et traditionnalisme; Chapitre XXXII [32]  –  Le néo-spiritualisme;  Chapitre  XXXIII  [33]  –  L’intuitionnisme contemporain;  Chapitre XXXIV  [34]  –  Les méfaits de la psychanalyse;  Chapitre XXXV [35]  –  La confusion du psychique et du spirituel;  Chapitre XXXVI  [36]  –  La pseudo-initiation;  Chapitre  XXXVII  [37]  – La duperie des prophéties;  Chapitre XXXVIII  [38]  –  De l’antitradition à la contre-tradition; Chapitre XXXIX  [39]  – La grande parodie ou la spiritualité à rebours;  Chapitre XL  [40]  –  La fin d’un monde.

( En passant, sur l’actualité de Guénon, on peut lire ceci, un signe des temps parmi d’autres : une importante municipalité québécoise condamnée à payer 30 000 CA$ pour une prière d’une minute prononcée par les membres du Conseil Municipal … )

2

J’apprécie l’oeuvre de René Guénon – sans nécessairement être, comme on dit, «guénonien». Le Règne de la quantité m’avait profondément impressionné et influencé quand j’avais lu l’oeuvre pour la première fois au début des années soixante-dix. J’étais dans la vingtaine. Et j’y suis revenu plusieurs fois depuis, comme pour «épuiser» l’oeuvre, l’approfondir, la méditer.

Aujourd’hui, les chapitres que je fréquente le plus quand j’ouvre le livre sont les premiers qui portent sur les notions de «qualité», de «quantité», de «matière», etc., mais à l’époque, ce sont les autres chapitres, ceux à caractère plus eschatologiques, qui m’avaient impressionné. L’impression est demeurée féconde.

Parmi les oeuvres qui ont imprimé une marque vivante en moi, il y en a quatre qui me viennent à l’esprit; vers la fin des années 1960s, Fragments d’un enseignement inconnu de Peter D. Ouspensky (si vous lisez les Fragments, il est indispensable de lire les trois tomes de Gnôsis de Boris Mouravieff: les Fragments sont des fragments); L’Aventure de la conscience, de Satprem, jusqu’à maintenant et pour toujours (et tous les Entretiens de La Mère et les écrit d’Aurobindo); Le Règne de la quantité et les signes des temps  qui est l’un des ouvrages les plus éclairants et utile qu’il m’ait été donné de lire et de méditer quoique, un peu à la manière des manuels de survie en forêt, Le Règne de la quantité vous nuirait s’il vous empêchait de continuer à vivre (plus consciemment, plus éveillé, plus curieux), mais par-dessus tout, s’il vous empêchait d’aller, au moins, marcher dans le bois

En quatrième lieu dans le temps, Carlo Suarès, La bible restituée, la qabalah.

René Guénon à sa table de travail en Égypte, au Caire. Né en 1886 à Blois, en France, René est décédé au Caire en 1951.

J’apprécie Le Règne de la quantité comme j’apprécie certaine oeuvre de Friedrich Engels sans être «engelsien» – je pense à L’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’état, une oeuvre négligée aujourd’hui (qui puise abondamment dans les recherches de l’anthropologue américain Lewis Morgan, entre autres), une oeuvre négligée aujourd’hui, ou méconnue, mais dont la lecture peut aussi nous éclairer sur certains phénomènes contemporains de transformations sociales. À la condition d’en méditer le contenu, c’est-à-dire d’être créateur à partir du contenu.

Je pourrais mentionner d’autres oeuvres, au hasard, très différentes, que j’apprécie depuis des années, comme Candide, de Voltaire. Incidemment, on peut lire les chapitres XVII [17],  XVIII [18], XIX [19] de Candide, la fable de l’Eldorado, qui semble surgie d’une mémoire transpersonnelle – au su ou à l’insu de l’auteur, on ne sait – et les lire à la lumière du chapitre XIX du Règne de la Quantité de Guénon (Les limites de l’histoire et de la géographie); voici un extrait de ce chapitre du Règne de la Quantité :

«Non seulement l’homme, parce que ses facultés étaient beaucoup moins étroitement limitées, ne voyait pas le monde avec les mêmes yeux qu’aujourd’hui, et y percevait bien des choses qui lui échappent désormais entièrement; mais, corrélativement, le monde même, en tant qu’ensemble cosmique, était vraiment différent qualitativement, parce que des possibilités d’un autre ordre se reflétaient dans le domaine corporel et le «transfiguraient» en quelque sorte; et c’est ainsi que, quand certaines «légendes» disent par exemple qu’il y eut un temps où les pierres précieuses étaient aussi communes que le sont maintenant les cailloux les plus grossiers, cela ne doit peut-être pas être pris seulement en un sens tout symbolique.»

3

J’ai aussi profondément besoin de poésie : Savitri d’AurobindoCendrarsTzara; qui n’est pas touché par Villon? J’aime beaucoup Nelligan (ici, bilingue) (ici, bilingue). Rimbaud (Rimbaud, le Bateau ivre, et un « lapsus-coquille ». Je est un autre).   Et j’en écris depuis l’âge de 12 ans, mais surtout depuis l’âge de 14 ans (j’en ai 72 (ans)) :    Plusieurs suites poétiques de Loup Kibiloki ( Jacques Renaud )   –  Beaucoup de poèmes de Jacques Renaud ( Loup Kibiloki )  –  Des poèmes à Shiva –   Des histoires, des comptines, des contes.  En prose ou en versets libres.  Parfois bizarres, parfois pas.   –   Toutes les terrasses du monde s’ouvrent sur l’infini. On va prendre un café ensemble.   J’ai aussi écrit des nouvelles, des novellas.  –  Etc.   ( Je le mentionne parce que parfois des gens peuvent se demander, “c’est qui c’type-la ? “.  Pas d’quoi écrire à maison sur, mais ça aide à “situer”, comme on dit. )

Les oeuvres écrites sont des «concentrés de pensée», d’expérience, couvrant parfois de considérables laps de temps et de vastes champs de connaissance et qui peuvent, la plupart du temps, se lire et se relire en quelques heures. Ce seul fait m’a toujours impressionné. Ce n’est pas tant «l’objet-livre» qui m’intéresse, mais le contenu – même si l’objet en soi puisse être porteur «d’influence» et de «mémoire», et donc «d’information» : cette impression, en touchant certains livres, de toucher un mélange de richesse, de mystère, de temps.

4

René Guénon informe, explique, met en garde ( Le Théosophisme, Histoire d’une pseudo-religion (pdf) , L’Erreur Spirite (1923; Edition 1977 – pdf) ). L’être humain ne vit pas que de mises en gardes, on le sait, elles peuvent même nous paralyser (pour notre plus grand bien, parfois, comme pour notre plus grand dam, aussi – question dá rt de vivre et d’équilibre) mais cependant il est parfois sage de prêter une oreille attentive à ces mises en garde quand elles se présentent, et on peut en lire d’autres, comme ici, cet excellent texte de Sri Aurobindo sur la «zone intermédiaire» – The Intermediate Zone qui date de 1933 (on trouve le même texte en français ici – et on trouve un extrait de ce texte un peu plus bas) qui décrit plus amplement, avec beaucoup de précision, certaines des choses contre lesquelles Guénon nous met aussi en garde dans Le théosophisme, histoire d’une pseudo-religion (pdf),  L’erreur spirite (1923; édition 1977 – pdf), et dans certains chapitres du Règne de la quantité  (le texte d’Aurobindo est extrait de Letters on Yoga (lien vers aurobindo.ru où on peut lire Lettres sur le yoga ( Letters on Yoga) dans le texte d’une traduction française en format html) – on trouve Letters on Yoga ici (l’original en anglais).

Blaise Cendrars disait que le simple fait d’exister est un véritable bonheur. Ce moment, ces moments de vérité évoqués par Blaise, quand ils se produisent, ne quittent jamais les zones les plus profondes, les plus durables, voire les zones immortalisées et immortalisantes de nos mémoires, et ces dernières ont leur propre dynamisme de croissance – à la condition de leur réserver en nous un espace propice. Ces zones de mémoire ont des racines dans la dimension divine de notre être.

Extrait de La zone intermédiaire de Sri Aurobindo, dont le contenu recoupe les mises en garde de René Guénon  (les mises en évidence ou en italique sont de moi):

«Car cette zone intermédiaire est une région de demi-vérités, ce qui en soi n’aurait pas d’importance, car aucune vérité n’est complète en dessous du supramental; mais la demi-vérité ici est souvent si partielle ou bien si ambiguë lorsqu’on l’applique qu’elle laisse une grande latitude à la confusion, à l’illusion ou à l’erreur. Le sâdhak croit qu’il n’est plus du tout dans l’ancienne petite conscience, parce qu’il se sent en contact avec quelque chose de plus vaste ou de plus puissant, et pourtant la vieille conscience est toujours là et n’est pas véritablement abolie. Il sent la maîtrise ou l’influence d’un Pouvoir, d’un Être ou d’une Force plus grands que lui, aspire à être son instrument et pense qu’il s’est débarrassé de l’ego; mais cette absence illusoire d’ego dissimule souvent un ego magnifié. Des idées s’emparent de lui et entraînent son mental, idées qui sont vraies seulement en partie et se transforment en mensonges par une erreur d’application née d’un excès de confiance; les mouvements de la conscience en sont viciés et la porte est ouverte à la duperie. Le sâdhak reçoit des suggestions d’un caractère parfois romanesque qui le flattent en lui donnant de l’importance ou sont en accord avec ses désirs, et il les admet sans examen ni contrôle discriminatoire. Même ce qui est vrai est à tel point exalté ou étendu au-delà de sa portée, de ses limites et de sa mesure véritables, que cela engendre l’erreur. C’est une zone que de nombreux sâdhak doivent traverser, dans laquelle beaucoup errent longtemps et d’où un grand nombre ne ressortent jamais. En particulier, si leur sâdhanâ se situe principalement dans le mental et dans le vital, ils y rencontrent inévitablement de nombreuses difficultés et bien des dangers; seuls ceux qui obéissent scrupuleusement à des directives strictes ou ceux dont la nature est dominée par le psychique franchissent avec facilité cette région intermédiaire, comme sur une route sûre et clairement balisée. Une sincérité centrale, une humilité fondamentale préservent aussi de beaucoup de dangers et de désagréments. On peut alors passer rapidement au-delà, dans une Lumière plus claire où, s’il y a encore beaucoup de mélange, d’incertitude et de lutte, l’être s’oriente pourtant vers la Vérité cosmique et non vers un prolongement à demi éclairé de Mâyâ et de l’ignorance.»

Fin de l’extrait de La zone intermédiaire de Sri Aurobindo.

Pour ceux qui se sentent incapables d’obéir «scrupuleusement à des directives strictes», ce qui m’inclus par tendance mais pas toujours; ou dont l’existence, ce qui m’inclus aussi, est influencée souvent mais n’est pas, strictement parlant, entièrement «dominée par le psychique» (le «psychique» selon la terminologie de Sri Aurobindo, on pourrait parler du chaitya purusha ou chaitya guru, l’âme divine en nous – par opposition à «l’âme» tout-court ou à ce qu’on appelle parfois «l’âme humaine»), retenons qu’une «sincérité centrale, une humilité fondamentale préservent aussi de beaucoup de dangers et de désagréments». Ceux qui ne peuvent blairer qu’on les mette en garde contre des dangers peuvent finalement retenir ce mot: «désagréments». C’est un euphémisme qui me fait rire, oui, mais par-dessus tout, les «désagréments» dont il est question dans le texte d’Aurobindo peuvent tenir lieu de «guru» sévère, indiscutable, souvent récurent et finalement incontournable. Et il y a la prière, simple, naturelle, tranquille; et l’humour. En passant, si vous n’avez pas ri de bon coeur, ou même à vous en tordre, depuis des années, il faudrait peut-être y voir …

Incidemment, à propos de la prière, mentionnée plus haut, et pour ceux qui penseraient que Le Règne de la quantité n’est plus actuel : la municipalité de Saguenay, au Québec, a été récemment condamnée à payer 30 000 CA$ d’amende pour une prière d’une minute prononcée par le Conseil avant l’ouverture d’une session. Non, c’est pas une blague. La condamnation a invoqué, entre autres, la liberté d’expression. Non, ça non plus c’est pas une blague. On pense à 1984, le roman de George Orwell. J’ai fait un article là-dessus que je vais vraisemblablement enrichir :  Et si le maire Tremblay, à Saguenay, s’inspirait de la Prière à Dieu de Voltaire?

5

Le Règne de la quantité et les signes des temps de René Guénon est une oeuvre importante du vingtième siècle. Elle le demeure tout autant au vingt-et-unième siècle, sinon plus encore. La perspective de Guénon demeure terriblement d’actualité. Elle est féconde en tout temps à la condition de la méditer avec un esprit créateur.

Wikipedia: «Son œuvre [l’oeuvre de René Guénon – rappelons que les textes de Le Règne de la Quantité… datent des années 1930s et 1940s, peut-être même d’avant, et que le livre fut publié pour la première fois en 1945], qui oppose aux civilisations orientales restées selon lui fidèles à l’«esprit traditionnel[7]», l’ensemble de la civilisation moderne considérée comme déviée, a modifié en profondeur la réception de l’ésotérisme en Occident dans la seconde moitié du XXe siècle[8], et a eu une influence marquante sur des auteurs aussi divers que Mircea Eliade, Raymond Queneau ou encore André Breton

Suis-je «d’accord» avec tout ce qui est dit dans Le Règne de la quantité? À mes yeux, la question est trop simpliste – en fait, elle l’est pour la majeure partie des oeuvres écrites qui peuvent nous passer entre les mains; mais si j’avais à répondre par «oui» ou par «non» à cette question, ma réponse serait «non».  ( Le Vénitien Pococurante dans Candide (chapitre XXV [25]): «Les sots admirent tout dans un auteur estimé…»)  Par exemple, je suis loin d’adhérer à certains passages du chapitre La haine du secret.

Cependant, j’ai lu Le Règne de la quantité plusieurs fois dans ma vie, à partir de 1969, et chaque fois j’ai redécouvert l’oeuvre, chaque fois j’en ai retiré quelque chose de précieux pour l’esprit, de précieux en cette existence, de précieux pour la conscience et j’en suis reconnaissant.

Guénon est l’un de ces rares auteurs – probablement, lui aussi, abondamment «plagié» sans référence (on pense, par exemple, à la littérature «conspirationniste») – qui ait quelquechose de très important à nous dire – certains diront que ce qu’il a à dire est fondamental pour comprendre les courants de forces qui tripotent, manipulent ou torturent depuis longtemps notre monde et nos sociétés, et je serais d’accord. Guénon est aussi l’un de ces êtres qui, pour reprendre l’expression de Juan Matus, le mentor de Carlos Castaneda, a très vraisemblablement suivi, sa vie durant (même à partir du peu que j’en connais), a path with a heart, un sentier avec un coeur, sur le terrain, et pour cette raison, parmi tant d’autres, toute mon estime est acquise à René. Il m’a aidé. À sa manière. C’est un grand frère.

René a terminé ses jours en ce monde au Caire avec son épouse égyptienne, ses enfants, ses chats, ses livres, et un bonheur intérieur dont des photos témoignent.

Il était devenu soufi des années auparavant.

Il est toujours parmi nous.

Bref, je rends l’ouvrage disponible ici pour ceux qui, comme moi, voudraient le (re)lire mais qui sont cassés et n’ont pas le bouquin; ou pour ceux qui voudraient le découvrir – sans se casser. René serait d’accord. Thomas d’Aquin aussi. Engels pareillement. On ne pourrait pas en dire autant de tout le monde, mais chose certaine, on est pas seul. Bonne lecture.

6

De René Guénon, j’avais lu plusieurs ouvrages au début des années soixante-dix, et je recommande particulièrement les suivants: Le Théosophisme, Histoire d’une pseudo-religion (pdf); L’Erreur Spirite (1923; Edition 1977 – pdf);  L’Homme et son devenir selon le vedanta (pdf).

Cette version numérique de Le Théosophisme, Histoire d’une pseudo-religion  daterait du 21 août 2010 (elle est récente) «à partir de l’édition 1921 de la Nouvelle Librairie Nationale.» Je n’ai pas eu le temps de lire le texte du fichier (j’ai cependant lu l’ouvrage il y a des années). Cette version numérique a été réalisée par des bénévoles, je les cite, « … dans le but de mettre à disposition de tous un ouvrage qu’aucune maison d’édition ne daigne plus éditer. »

Il existe une édition dite «augmentée» de Le Théosophisme, histoire d’une pseudo-religion, datant de 1928, celle des Éditions Traditionnelles (c’est l’édition que j’avais lue vers la fin des années soixantes; je ne l’ai plus). À ma connaissance, il n’en existe pas de fichier pdf, ou autre, en circulation libre de droits sur internet. Rappelons encore qu’au Canada, les oeuvres écrites de René Guénon sont dans le domaine public, René étant décédé il y a plus de cinquante ans. Voici la couverture de l’édition dite «augmentée» de 1928:

Le Théosophisme, histoire d’une pseudo-religion. Couverture de l’édition de 1928, augmentée (Éditions Traditionnelles, Paris).

7

L’Homme et son devenir selon le Védanta est difficile, pratiquement impossible à trouver – à moins de payer une petite fortune, souvent près de 200$Ca, soit environ 200$US, ou environ 142 Euros, dans ces chiffres-là, au 7 novembre 2010 alors que le dollar canadien et le dollar américain tango-tanguaient au pair! (Depuis la publication de cet article, on trouve facilement sur internet divers formats pdf de L’Homme et son devenir selon le vedanta; ou alors je ne cherchais pas bien… Merci à qui on le doit.)

8

On peut plonger tout de suite au coeur de la Synthèse des Yogas (on trouve l’original en anglais ici: The Synthesis of Yoga) ou dans The Life Divine de Srî Aurobindo.   Il existe une traduction française de La vie Divine sur le site de l’Ashram Sri Aurobindo.  On trouve un grand nombre d’oeuvres d’Aurobindo et de Mira Alfassa (La Mère) ici et ici.   Les écrits d’Aurobindo, de Mira Alfassa (la Mère), ou de Satprem – essentiellement L’Aventure de la Conscience (article sur le chapitre (im)portant sur le contact avec la Shakti) – sont des oeuvres majeures axées sur l’évolution de la conscience. Les écrits de René Guénon avec lesquels je suis familier se limitent essentiellement à renseigner ou à mettre en garde.  On peut demander et recevoir la protection spirituelle de Mira Alfassa ou de Srî Aurobindo.  Un excellent site en langue anglaise consacré au yoga intégral d’Aurobindo.

Il existe plusieurs sites webs portant sur le vedanta. Essentiellement, on pourrait dire que le vedanta, c’est les 108 upanishads «de base» (les 108 upanishads «majeures» et «mineures»), la Baghavad Guîtâ (ou «Gita» en anglais) – et le Brahma Sutra.  Il existerait plus de 200 upanishads. Une liste des upanishads majeures et mineures.  Une autre liste des upanishads et une traduction anglaise.  Selon mon expérience, les traductions d’une même upanishad peuvent varier beaucoup formellement.

Site consacré à Ramana Maharshi où on trouve plusieurs ouvrages téléchargeables.

9

En région où j’habite, au Québec, on peut emprunter des livres livrés par une bibliothèque régionale (dans mon cas, la bibliothèque de la ville de Trois-Rivières dessert la petite bibliothèque du village où j’habite). Or, il semble que les ouvrages de René Guénon aient disparu de la bibliothèque de Trois-Rivières. C’est ce qu’on me dit ici. On m’informe qu’on les aurait jetés parce que c’était «des vieux livres» … Bon :) En tout cas, Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps était encore disponible en bibliothèque ici, en région, vers 2003 ou 2004 – je l’avais emprunté.

La disparition de livres en bibliothèque est assez courante, mis à part le vol (on jette le livre «trop usé», mais sans le remplacer par un livre neuf).  La censure, l’idéologie, etc., ne sont évidemment pas toujours étrangères au phénomène. Pas toujours.

Le docteur en médecine québécois Ghislaine Lanctôt a vu son livre, La Mafia médicale, dans les années 1990s, disparaître en catimini des étagères des bibliothèques du Québec sous la pression des corps médicaux – et vraisemblablement d’autres instances en position d’autorité.

Dans un ouvrage ultérieur, Le Procès de la Mafia Médicale, Ghislaine Lanctôt publia le document suivant qu’elle avait pu obtenir :

Pour ceux qui croient que la censure et la répression idéologiques n’existent pas au Québec («petit pays pénard»), en voici une expression on ne peut plus officielle.

Au Québec, le phénomène de censure radicale qu’illustre le document ci-dessus n’est pas exceptionnel (je ne veux pas parler ici seulement des bibliothèques); ça peut se manifester de diverses manières, souvent insaisissables, difficilement retraçables, et le phénomène n’est pas toujours aussi soigneusement documenté – ou «documentable» – que dans le cas de Ghislaine Lanctôt et de La Mafia médicale.

On peut lire dans le mémo reproduit ci-haut: «Nous fondons notre décision “provisoire” [les guillements sont de moi] sur le jugement rendu le 16 octobre 1997 par le comité de discipline du Collège des Médecins du Québec.»

Couards! Les gens étant trop stupides pour se faire une idée par eux-mêmes, on décide pour eux, et on tente ainsi de nous maintenir, toujours, dans l’infantilisme psychologique, l’ignorance … Ce qui démontre aussi que les médecins ont quelque chose à cacher et que les «élites» s’empressent toujours de collaborer à l’étouffement de la pensée et de l’information. Parfois en laissant des traces. Comme ici.

10

Dans les années 1990, à Ottawa, la capitale du Canada, j’avais eu de la difficulté à trouver un ouvrage en langue anglaise, un bestseller qui avait fait du bruit au Royaume-Uni et qui portait sur la franc-maçonnerie (je ne me souviens pas du titre: ma bibliothèque a «rétréci» des neuf dixième en 1999 sous la pression de conditions difficiles); certaines chaînes de libraires commerciaux (la chaîne Smith, de mémoire, et une autre) affirmaient que le livre en question sur la franc-maçonnerie n’existait pas, qu’il n’était ni au catalogue imprimé, ni au catalogue électronique. Le livre était néant. N’existait pas, littéralement, et n’avait jamais existé!  Je l’avais finalement obtenu par une autre chaîne, la chaîne Prospero (de mémoire, toujours); j’avais pu le commander chez eux en une minute, il était au catalogue standard imprimé et électronique, il existait bel et bien (évidemment), ordinairement le détaillant de la chaîne l’offrait couramment sur ses étagères et en avait commandé d’autres en plus du mien! En d’autres termes, le livre existait et se vendait même raisonnablement bien! Mais chez les autres chaînes, il n’existait pas, et ce dans les mêmes catalogues standards (ces énormes catalogues) imprimés et électroniques, ce qui ne peut évidemment être fortuit. L’ouvrage en question (sur la franc-maçonnerie) révélait, entre autres, la pénétration bien établie de la franc-maçonnerie dans les corps policiers britanniques et la corruption qu’elle entraînait. Les franc-maçons, chose certaine, n’aimaient pas ce livre!

En fait, il m’est également devenu difficile d’emprunter les oeuvres de Dostoïevsky! Pourtant, le réseau des bibliothèques du Québec est un réseau national. À la bibliothèque de Trois-Rivières, qui dessert ma région, on ne trouve plus que Les Frères Karamazov. Les autres ouvrages de Dostoïevsky ont disparu. C’était des «vieux livres»… (Surtout, n’allez pas mentionner que c’est dans la Partie II, Livre V, Chapitre 5, des Frères Karamazov, qu’on trouve le passage célèbre qu’on appelle communément Le Grand Inquisiteur

On risquerait peut-être de voir un autre «vieux livre» disparaître des tablettes.)


© Copyright 2010 Hamilton-Lucas Sinclair (Loup Kibiloki, Jacques Renaud, Le Scribe), cliquer


René Guénon  :  Le théosophisme, histoire d’une pseudo-religion (pdf)     —    La Crise du monde moderne, René Guénon, 1925 (pdf)    —     Le règne de la quantité et les signes des temps  —  L’erreur spirite (1923; édition 1977 – pdf)  —  L’Homme et son devenir selon le vedanta (pdf)  —  Les principes du calcul infinitésimal (pdf)  —  Symboles de la science sacrée (pdf)  —  Le Roi du Monde (pdf)   —   Orient et occident (1924 – pdf)   —   Les états multiples de l’être (1932 – pdf)   —   Le symbolisme de la croix (pdf)   —  Formes traditionnelles et cycles cosmiques (pdf)   —    La grande triade (pdf)    —   La Langue des Oiseaux (pdf)   —    Aperçus sur l’ésotérisme islamique et le Taoïsme (pdf)     —    Aperçus sur l’initiation    —    Autorité spirituelle et pouvoir temporel (pdf)   —   Études sur la Franc-maçonnerie et le Compagnonnage — Tome 1 et Tome 2 (pdf)   —   Introduction générale a l’étude des doctrines hindoues (pdf)   —   L’Ésotérisme de Dante (pdf)   —   La Métaphysique orientale (pdf)   —   Le Coeur du Monde dans la Kabbale hébraïque (pdf)   —   Le Sacré-Coeur et la légende du Saint-Graal (pdf)   —   Les Hiérarchies spirituelles (pdf)   —

Carlo Suarès :   Description des Lettres-Nombres selon Carlo Suarès (ce document pdf comprend aussi des tableaux simples des alphabets-nombres français, anglais, grec, hébreu), “suivi d’une courte esquisse d’une quaternité à explorer, ou :  J’aime les bardanes, ça parait, et c’est pas pour rien”.

Sri Aurobindo  :   La Zone intermédiaire (1933)   —   The Intermediate Zone (l’original en anglais, 1933)  —   Sri Aurobindo et la réincarnation : La renaissance et les autres mondes; le karma, l’âme et l’immortalité.   —   Sri Aurobindo on reincarnation : Rebirth and Other Worlds; Karma, the Soul and Immortality.   —  The Secret of the Veda (pdf) —  The Future Poetry (with On quantitative meter) (pdf)   —   Letters on Poetry and Art (pdf)

The Life Divine (pdf)  —   The Synthesis of Yoga (pdf)   —   Record of Yoga (pdf)   —   Autobiographical Notes and other writings of historical interest (pdf)  —   Letters on Himself and the Ashram (pdf)  —   The Human Cycle (pdf)  —   Essays on the Gita (pdf)  —   Isha Upanishad (pdf)  —   Kena and other Upanishads (pdf)  —   Essays in Philosophy and Yoga (pdf)  —   Essays Divine and Human (pdf)  —   Karmayogin (pdf)  —   Bande Mataram (pdf)  —   Letters On Yoga I (pdf)   —   The Mother – with Letters on the Mother (pdf)   —    Early Cultural Writings (pdf)     —

Mira Alfassa – La MèreMira Alfassa – La Mère – Entretiens, 1929-1931 (pdf)  —   Mira Alfassa – La Mère – Entretiens, 1950-1951 (pdf)  —   Mira Alfassa – La Mère – Entretiens, 1953 (pdf)  —  Mira Alfassa – La Mère – Entretiens, 1954 (pdf)  —   Mira Alfassa – La Mère – Entretiens, 1955 (pdf)  —   Mira Alfassa – La Mère – Entretiens, 1956 (pdf)   —   Mira Alfassa – La Mère – Entretiens, 1957-1958 (pdf)  —

Peter D. Ouspensky  :  In Search of the Miraculous, Fragments of an unknown teaching (pdf)  –  (First published in 1949; Ouspensky meets with “G.”, George Ivanovich Gurdjieff.) Il existe une traduction française de cet ouvrage par Philippe Lavastine, datant de 1949, Fragments d’un Enseignement Inconnu, publiée chez Stock, en France.  —  P. D. Ouspensky, Tertium_Organum, 1920-1922, pdf  (in English ; source : Awakening blog).


Blogsurfer.usIcerocket

About Jacques Renaud

Écrivain.
This entry was posted in Articles, René Guénon and tagged , , , , , . Bookmark the permalink.

11 Responses to Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps – René Guénon.

  1. Pingback: Satprem, la Shakti. Elle a toujours été là. Point de contact: l’attention, l’occiput, la nuque, la tête… | Électrodes

  2. Pingback: Françoise Hardy et la spiritualité: première partie | Thomassonjeanmicl's Blog

  3. charpentier says:

    Un grand merci à Electrodes pour cet envoi plus que précieux !

    Like

  4. Yaël says:

    Merci pour cet article qui contient beaucoup de liens utiles et nécessaires. La censure et les droits d’auteur existent toujours, mais avec le web, ses notions deviennent plus fluides, faciles à contourner. Cette absence de surmoi est typique du web tel qu’il fonctionne pratiquement, un monde livré à lui-même, sans autorité suprême et qui rend chacun pleinement responsable de ses propos, puisqu’il n’y a plus de filtre éditorial et autres comités de lecture.. Bien sur, certains s’alarment de la prolifération des théories conspirationnistes. Mais s’il n’y avais pas le web, on ne pourrait pas se rendre compte à quel point la vox populi se défie de la parole consacrée, des idéologies et de l’histoire officielles, du prêt à penser économique et politique.

    En ce qui concerne Guénon, j’ai lu un ou deux livres, comme “L’Homme et son devenir selon le védanta”, dont je possédais une édition trouvée chez un bouquiniste. On me l’a volée depuis, alors j’ai perdu un belle somme, semble-t-il ? Je n’avais pas persévéré, car je trouvais l’intelligence de Guénon un peu rigide, froide, métallique, dogmatique au mauvais sens du terme et réactionnaire par dessus de marché. Mais je vais profiter des pdf mis en ligne ici, pour vérifier si mon jugement était valable ou s’il est temps de le corriger. Merci encore. Sinon, parmi les guénoniens qui ont fait une carrière universitaire, je conseil Georges Vallin : “La Perspective métaphysique”, Dervy-Livres (volé aussi !), et “Voie de gnose et voie d’amour”, Editions Présence. Je recommande aussi Henri Corbin, spécialiste de l’Islam iranien et partculièrement de la gnose chiite. Grâce à Corbin, j’ai découvert, Ibn Arabi, Sohrawardi, Haydar Amoli, Molla Sadra Shirazi et tant d’autres, de quoi nuancer sérieusement les jugements hâtifs dont on affuble trop rapidement l’Islam, en ses temps difficiles.

    Like

    • Yaël says:

      Puisque c’est un peu le thème de l’article, je signale Raymond Ruyer, un auteur aussi méconnu que passionnant, chez qui science et gnose font bon ménage, pour tout ceux qui souhaitent nettoyer leur esprit des nuisances idéologiques. A re-découvrir de toute urgence !

      Like

  5. Mona says:

    Un grand merci pour votre blog. J’ai toujours beaucoup de gratitude pour ceux qui ont le courage et l’inspiration de citer Mere et Aurobindo. J’ai commence a lire leurs ouvrages a Marseille lorsque j’avais 17 ans, aujourd’hui je vis en Inde (au Rajasthan) et vais regulierement a Pondicherry…La 1ere fois que je suis allee a “l’ashram” ou ils avaient vecu, sous des pluies torrentielles je n’ai demande mon chemin a personne ! ce sont mes pieds qui ont retrouve leur chemin, a croire bien sur que j’y avais vecu. Il y a a Pondicherry une atmosphere que l’on ne trouve pas ailleurs, celle de Mere et Aurobindo! Avez-vous lu La mère : Une biographie Georges Van Vrekhem? (Il n’a pas ete reimprime en francais a Pondicherry.) HYB, Mona

    Like

  6. Dear Sir,
    you can find on my sire a file :”Etre et Avoir” which is in fact a complete comment of the Reign…
    >
    A bottle to the sea
    You have made a very useful work : thank you so muchou.
    Abdré Charpentier

    Like

  7. Pingback: Les femen : le sado-masochisme et la symbolique nazie et totalitaire | Électrodes

  8. Pingback: René Guénon : La duperie des «prophéties» | Électrodes

Leave a comment